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Malnutrition

Médecins Sans Frontières répond à la crise alimentaire croissante dans le monde entier

Au cours des deux dernières années, nos équipes ont observé une augmentation inquiétante du nombre de patients souffrant de malnutrition, aussi bien dans nos centres nutrionnels thérapeutiques que dans nos cliniques mobiles.

Cette constatation touche particulièrement les pays du Sahel comme le Mali, le Burkina Faso, le Nigeria, le Tchad, le Sud-Soudan, la Somalie et l'Éthiopie. La situation alimentaire de ces populations s'est fortement détériorée. Des pays comme Madagascar, le Yémen ou l'Afghanistan sont également confrontés à de graves pénuries alimentaires. De plus en plus de peuples traversent une véritable crise alimentaire, conduisant nos équipes à intervenir dans le monde entier.

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Sheku, 2 ans, dans notre centre nutrionnel thérapeutique à Kenema, en Sierra Leone.
Sheku, 2 ans, dans notre centre nutrionnel thérapeutique à Kenema, en Sierra Leone. Sheku est traité pour la malnutrition, le paludisme et la pneumonie. Dans le cadre du traitement de la malnutrition, les enfants reçoivent de l’alimentation thérapeutique prête à l'emploi toutes les trois heures. ©Peter Bräunig, septembre 2020

Malnutrition : des chiffres inquiétants dans le monde

La malnutrition a toujours fait l'objet d'une attention particulière de notre part et ce, à travers le monde. Malheureusement, le nombre d'enfants souffrant de malnutrition ne cesse d’augmenter chaque jour.

  • Selon l'Organisation mondiale de la santé, environ 828 millions de personnes dans le monde souffrent d'une forme de malnutrition. En 2018, avant l'épidémie de COVID-19, ce chiffre était d'environ 600 millions.
  • Au Sahel, la croissance est particulièrement effrayante. Alors qu'en 2019, 12 millions de personnes souffraient de malnutrition, elles sont plus de 38 millions aujourd’hui, en 2022. Autrement dit, dans cette région, la malnutrition a triplé en trois ans.

Qu'est-ce que la malnutrition exactement ? Et quand parle-t-on de famine ?

La malnutrition (ou une alimentation trop peu diversifiée) est particulièrement dangereuse pour les jeunes enfants. Elle affecte le système immunitaire, rendant le patient plus vulnérable à toutes sortes de maladies. Combinée avec la rougeole, le paludisme ou la diarrhée sévère, la malnutrition peut s’avérer mortelle. Nos équipes sur le terrain traitent à la fois les enfants souffrant de malnutrition modérée et sévère. Les patients dans un état critique sont admis dans nos centres nutritionnels pédiatriques ou dans nos unités de soins intensifs.

La famine est un terme contrôlé (sociopolitiquement) que nous ne prenons pas à la légère, en tant qu'organisation humanitaire médicale. Il existe en effet une norme internationale pour mesurer la malnutrition : l'IPC (Integrated Food Security Phase Classification). On ne peut parler de famine que lorsque la dernière et cinquième phase a été atteinte. La phase 5 signifie qu’il y a un manque total d'accès à la nourriture et aux autres besoins de base. En cas de famine, au moins 2 personnes sur 10 000 meurent de faim ou de maladie. Plus d'un tiers de la population souffre de malnutrition aiguë tandis que les aides manquent terriblement.

L'année dernière, une grande partie du Sud-Soudan a subit les pires inondations du pays depuis des décennies.
L'année dernière, une grande partie du Sud-Soudan a subit les pires inondations du pays depuis des décennies. Des récoltes entières ont été détruites, des sources d'eau potable ont été inondées et des centaines de milliers de personnes ont soudainement perdu leurs moyens de subsistance. Aujourd'hui, plus de 835 000 personnes sont privées de nourriture ou d'eau potable. Les taux de malnutrition au Sud-Soudan sont depuis devenus parmi les plus élevés au monde. ©Peter Caton, 2 mai 2022

Pénuries alimentaires majeures : comment en est-on arrivé là ?

Les causes de la crise alimentaire actuelle sont nombreuses et varient d'un pays à l’autre. Néanmoins, nous pouvons distinguer plusieurs facteurs importants :

  • les conflits
  • le COVID-19
  • le climat

Ces éléments constituent les fameux trois C. Si les conflits et le COVID-19 ont principalement eu un impact sur l'insécurité, l'incertitude économique et le pouvoir d'achat de la population, le changement climatique a indubitablement provoqué, entre autres, de mauvaises récoltes. La hausse des prix des denrées alimentaires et la diminution de l'aide alimentaire internationale viennent compléter ce triste tableau. De nombreuses personnes ne peuvent tout simplement plus acheter assez de nourriture ni même la produire elles-mêmes.

Changement climatique et malnutrition

Le changement climatique a de nombreux visages et ses effets semblent affecter principalement les pays du Sud, pour l'instant. Les périodes de sécheresse plus longues, les précipitations imprévisibles et les inondations ont toutes des effets dévastateurs sur la production agricole. Année après année, des récoltes complètes sont inexploitables. Les agriculteurs perdent leurs revenus ou leur approvisionnement en nourriture, les prix des aliments augmentent et les réserves alimentaires s'épuisent progressivement. Des sécheresses extrêmes ont été enregistrées ces dernières années en Afghanistan, à Madagascar et dans la Corne de l'Afrique, tandis que le Sud-Soudan et le Pakistan ont été touchés par des inondations sans précédent. Il est certain que le changement climatique (et la façon dont nous réagirons à celui-ci) sera un facteur déterminant de l'insécurité alimentaire à long terme.

Des agriculteurs cultivent leurs terres près du village de Riko, dans l'État de Katsina, au Nigeria.
Des agriculteurs cultivent leurs terres près du village de Riko, dans l'État de Katsina, au Nigeria. Les pays du Sahel, de l’ouest du Nigeria à l’est de la Somalie, souffrent de sécheresses plus extrêmes d'année en année. Le Sahara avance de plus en plus vers le Sud. Les récoltes fructueuses, comme l'eau, se font de plus en plus rares. © George Osodi, 30 juin 2022

La réponse de Médecins Sans Frontières : quelle aide apporter et où ?

Dans les pays où la malnutrition est répandue, nos équipes ont intégré les soins nutritionnels en plus des soins (pédiatriques) que nous fournissions déjà. Nous procurons cette assistance dans des pays tels que la République centrafricaine, la Sierra Leone, le Yémen, le Mali, l'Irak, le Tchad, la Syrie et l'Éthiopie.

  • Nous dépistons les signes de malnutrition chez les enfants grâce aux cliniques mobiles.
  • Nous distribuons des aliments thérapeutiques pour aider les enfants à reprendre des forces.
  • Nous admettons les enfants souffrant de malnutrition sévère dans nos centres nutritionnels thérapeutiques ou dans nos unités de soins intensifs.
  • Dans les unités spéciales, nous pouvons isoler les enfants souffrant de malnutrition et de paludisme, de diarrhée ou de rougeole si nécessaire et traiter leurs maladies multiples.
  • Les enfants (et leurs familles) qui sortent de l'hôpital sont suivis dans le cadre de programmes d'alimentation.
Somalie - Sadiya Abdikadir, 3 ans, est admise dans notre unité spéciale pour la rougeole à Baidoa.
Somalie - Sadiya Abdikadir, 3 ans, est admise dans notre unité spéciale pour la rougeole à Baidoa. Nous y traitons les enfants souffrant de la rougeole et de malnutrition. © Dahir Abdullahi, 11 mai 2022

Réagir aux pics de malnutrition

Dans certains pays, ceux où nous observons des pics (récurrents) de malnutrition, nous devons régulièrement prolonger ou ajuster notre aide afin de soutenir le plus grand nombre de patients possible.

Somalie : la sécheresse massive va-t-elle conduire à une famine ?

Selon les Nations Unies, la Somalie est au bord de la famine. Bien que cela n'ait pas encore été annoncé officiellement, plus tard dans l’année, “des signes de famine devraient apparaitre dans le sud du pays, où des dizaines de milliers de personnes meurent à la suite de l'une des pires sécheresses depuis des décennies”.

Notre rôle n’est pas de nous prononcer sur une éventuelle famine. Cependant, nos équipes interviennent sur le terrain pour fournir la meilleure assistance possible aux populations touchées.

Dans et autour de Baidoa, l'une des régions les plus touchées, nos équipes travaillent dans 20 cliniques mobiles qui traitent jusqu'à 1 000 enfants  chaque semaine ! Un tiers de ces enfants souffrent de malnutrition aiguë.

"Certaines personnes nous disent qu'elles sont confrontées au choix impossible de laisser mourir un enfant pour en sauver un autre", explique Djoen Besselink, coordinateur national, à propos de cette situation dramatique.

Nigeria

Dans le nord-ouest du Nigeria, une nouvelle crise alimentaire menace des dizaines de milliers d'enfants.

  • Entre janvier et juillet 2022, nous avons traité 50 000 enfants souffrant de malnutrition aiguë.
  • Nous avons admis 7 000 enfants à l'hôpital.
Afghanistan - Notre service d'isolement pour les enfants souffrant de malnutrition sévère et aiguë et de diarrhée aqueuse aiguë, dans une tente de l'hôpital régional de Herat. © Tasal Khogyani, 2 juin 2022
Afghanistan - Notre service d'isolement pour les enfants souffrant de malnutrition sévère et aiguë et de diarrhée aqueuse aiguë, dans une tente de l'hôpital régional de Herat. © Tasal Khogyani, 2 juin 2022

Afghanistan

Un an après la prise du pouvoir dans le pays, nos équipes sont de plus en plus sollicitées pour venir en aide aux patients souffrant de malnutrition.

  • À l'hôpital Boost de Lashkar Gah, notre unité de nutrition est le service le plus occupé. Nous travaillons à 180% de notre capacité pour admettre tous les enfants souffrant de malnutrition.
  • À Herat également, nous nous concentrons sur les enfants souffrant de malnutrition. On y constate surtout une augmentation inquiétante du nombre d'enfants de moins de 6 mois.
  • Dans la capitale Kaboul, nous avons mis en place deux nouvelles unités de nutrition.

Sud-Soudan

L’année dernière, une grande partie du Sud-Soudan a été touchée par les plus grandes inondations depuis des décennies. Maintenant que l'eau commence à se retirer, environ 835 000 personnes se retrouvent sans nourriture ni eau potable !

En particulier dans le camp de déplacés de Bentiu, où nous avons dû étendre notre aide à plusieurs reprises.

  • Nous avons presque doublé le nombre d'admissions dans nos centres de nutrition.
  • Nous avons ouvert un troisième centre nutritionnel thérapeutique .
  • Nous nous déplaçons avec des cliniques mobiles pour traiter les gens contre le paludisme, la malnutrition et les diarrhées graves.
Éthiopie - Iftu a été admis pour malnutrition aiguë et son état s'améliore lentement après avoir été traité dans notre centre nutritionnel thérapeutique à l'hôpital Dupti, dans la région d'Afar. © Njiiri Karago, 1er juin 2022
Éthiopie - Iftu a été admis pour malnutrition aiguë et son état s'améliore lentement après avoir été traité dans notre centre nutritionnel thérapeutique à l'hôpital Dupti, dans la région d'Afar. © Njiiri Karago, 1er juin 2022

Éthiopie

La crise alimentaire à Afar, dans le nord-est de l'Éthiopie, s'aggrave. Les conflits, la sécheresse persistante et la hausse des prix alimentaires en sont les principales causes. Nos équipes en Éthiopie étendent leur aide à l'hôpital Dupti, le seul de la région :

  • Nous avons agrandi l'unité de nutrition, le service pédiatrique et la salle d'urgence pour accueillir davantage de patients.
  • 5 nouveaux projets d'alimentation devraient service à contrôler la région au sens large.
  • Nous avons transformé une bibliothèque en unité de nutrition. Une fois pleine elle-aussi, nous l'avons agrandie avec des tentes.

Comment nos équipes soignent-elles les patients souffrant de malnutrition ?

Les patients souffrant de malnutrition modérée sont relativement faciles à traiter. Par le biais de cliniques mobiles, par exemple, nous distribuons du Plumpy Nut, une pâte nutritive à base de cacahuètes, développée en interne. L’idée est de renforcer les enfants afin de diminuer le risque qu’ils contractent des maladies. Beaucoup de nos patients et leurs familles suivent ces programmes d'alimentation. De cette façon, nous évitons de revoir les mêmes patients quelques mois après leur admission. D'ici 2021, nos équipes auront soigné plus de 203 000 enfants souffrant de malnutrition et ce, en dehors des murs d'un hôpital.

Le traitement des patients souffrant de malnutrition sévère est plus complexe. Souvent, ils ont également contracté le paludisme ou la rougeole. Le traitement court ne suffit pas, nous emmenons donc les enfants souffrant de malnutrition sévère dans nos centres nutritionnels thérapeutiques ou dans nos unités de soins intensifs pour une longue période. Ce n'est que lorsque les symptômes de leur(s) autre(s) maladie(s) ont été traités qu'ils peuvent sortir de l'hôpital. Ensuite, nous continuons de les suivre dans le cadre de nos programmes de nutrition. Au total, en 2021, nos équipes ont soigné 82 000 enfants souffrant de malnutrition sévère, que ce soit dans nos centres nutritionnels thérapeutiques ou dans nos unités de soins intensifs.

Ces dernières années, Médecins Sans Frontières s'est davantage concentré sur une approche pédiatrique globale et holistique. Cela signifie que les enfants qui arrivent dans notre service de pédiatrie sont systématiquement soumis à des tests de dépistage de la malnutrition. Les unités spéciales de malnutrition font donc souvent partie de nos services pédiatriques. Dans nos centres nutritionnels thérapeutiques, nous disposons aussi d'unités d'isolement pour les patients atteints de rougeole ou de diarrhée aiguë.