Le 15 août 2021, les talibans ont pris le pouvoir en Afghanistan. D'un seul coup, de nombreux travailleurs humanitaires internationaux se sont retirés du pays. Bien qu'aujourd'hui le système de santé afghan se soit progressivement rétabli, l'année dernière, il s'est effondré et les hôpitaux ont dû fermer leurs portes. Dans la majorité du pays, les soins sont devenus rares pour la population.
En tant qu'organisation médicale internationale indépendante, Médecins Sans Frontières a immédiatement décidé de rester en Afghanistan. Nous avons refusé d'abandonner la population dans le besoin. Nos projets (tous financés par des donateurs privés) étaient les seules structures médicales où les patients pouvaient encore se rendre. Aujourd'hui, ces projets tournent toujours à plein régime.
Où en sommes-nous un an plus tard? Voici un aperçu des soins que nous dispensons en Afghanistan à la fin du mois de juin 2022, près d'un an après la prise de pouvoir.
La malnutrition est en hausse en Afghanistan
Tout comme en Éthiopie, en Somalie, à Madagascar, au Yémen ou au Mali, nous constatons également une augmentation inquiétante des patients souffrant de malnutrition en Afghanistan. La malnutrition est particulièrement dangereuse pour les enfants de moins de cinq ans. La malnutrition est de toute façon endémique en Afghanistan, avec des pics pendant les mois d'hiver et d'été. Cependant, la crise économique et les sécheresses inhabituelles provoquent des pics de malnutrition que nous avons rarement vus.
Lashkar Gah : tous les services restent occupés à l'hôpital Boost
Dans la ville de Lashkar Gah, dans la province de Helmand, nous soutenons l'hôpital Boost. Tous les départements de l'hôpital restent extrêmement occupés.
Le service le plus fréquenté est le centre de nutrition, avec un taux d'occupation de 180 %. Nos équipes ont dû admettre 588 enfants souffrant de malnutrition sévère.
Le mois de mai a également été le mois le plus chargé pour le service des urgences de Boost, avec pas moins de 26 000 consultations d'urgence, soit les chiffres les plus élevés de toute l'année.
862 patients ont été admis dans le service de pédiatrie générale. En juin, nous avons fait passer l'unité de soins intensifs de 18 à 30 lits.
Les pics de rougeole semblent diminuer régulièrement. En mai, nous avons traité 500 enfants, soit un tiers de moins qu'en mars.
À Boost, nos équipes ont réalisé 2 000 accouchements en toute sécurité et 800 opérations chirurgicales.
Une attention particulière est accordée aux services pédiatriques d'Herat.
Dans la ville de Herat (capitale de la province du même nom), nous avons également constaté une augmentation de la malnutrition chez nos patients. Dans l'hôpital régional de Herat, nos équipes gèrent un centre de nutrition spécial. En mai, 374 enfants y ont été admis, soit plus du double du mois d'avril. Nous traitons les enfants malnutris avec des complications mais a plupart d'entre eux souffrent également de diarrhée aqueuse aiguë.
Dans ce même hôpital, nous soutenons également le service pédiatrique, le service des urgences et l'unité de soins intensifs. Nous avons dû admettre 393 petits patients dans l'unité de soins intensifs pédiatriques. Comme à Boost, le nombre de patients atteints de rougeole à Herat diminue régulièrement. En mai, nous avons admis 292 enfants, soit deux fois moins qu'en avril.
Deux nouveaux centres d'alimentation thérapeutique à Kaboul
Dans la capitale Kaboul, nous nous efforçons également de lutter contre la malnutrition. Dans le Maiwand Teaching, MSF a rénové le service pédiatrique de l'hôpital, où nous gérons désormais un centre d'alimentation thérapeutique. Nous travaillons à la mise en place rapide d'un deuxième centre de 34 lits. En avril, nous avons également ouvert une unité de lutte contre la rougeole dans le même hôpital. En mai, nous y avons admis 126 patients atteints de rougeole dans un état grave.
Kandahar : nos soins contre la tuberculose se poursuivent, les enfants des zones rurales font l'objet d'un dépistage de la malnutrition
Dans la ville de Kandahar, dans la province du même nom, nous poursuivons notre projet pour les patients atteints de tuberculose multirésistante. Nous y traitons des patients et pouvons admettre des patients critiques.
Ici, comme dans nos autres projets, nous mettons l'accent sur les activités de nutrition, avec une attention particulière pour les enfants des quartiers ruraux. Nous dépistons la malnutrition aiguë sévère chez les enfants âgés de six mois à cinq ans à l'hôpital régional de Mirwais. Plus de 4 300 enfants ont été examinés au cours du seul mois de mai. Les cas graves de malnutrition aiguë sont ensuite admis dans notre centre de nutrition thérapeutique ambulatoire. A la fin du mois de mai, 871 enfants étaient inscrits au programme.
Assistance aux femmes enceintes souffrant de complications à la maternité de Khost
Notre maternité à Khost, une ville de montagne à la frontière avec le Pakistan, fonctionne à plein régime. Nous fournissons des soins aux femmes enceintes présentant des complications et des soins néonatals.
Nous dépistons la malnutrition chez les femmes enceintes. Près d'une femme sur cinq que nous avons admise en mai présentait une malnutrition modérée. Ils reçoivent des compléments alimentaires pendant leur admission, et après leur sortie de notre maternité, ils sont suivis dans le cadre d'un programme de nutrition.
Kunduz : un centre de traumatologie pour tout type de victimes
Médecins Sans Frontières gère un centre de traumatologie dans la ville de Kunduz. Ici, nous pouvons admettre des patients au service des urgences, dans une unité de soins intensifs, dans un service d'hospitalisation et de consultations externes, et dans deux salles d'opération. La plupart des patients traumatisés que nous traitons sont des victimes d'accidents de la route, mais nous accueillons également des victimes d'explosions ou d'autres formes de violence. En mai, 1 710 patients ont été admis au service des urgences, 220 patients ont dû subir une intervention chirurgicale.
