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5 ans après l’accord UE-Turquie : la honte de l’Europe continue

Cinq ans après l'accord entre l'UE et la Turquie, des milliers d'hommes, de femmes et d'enfants sont toujours bloqués dans les camps surpeuplés des îles grecques. Les réfugiés et les demandeurs d'asile qui ont entrepris un dangereux voyage au cours des cinq dernières années - fuyant la guerre, la violence ou la pauvreté et cherchant la sécurité - sont maintenant obligés de survivre dans des conditions inhumaines dans les camps. Aux frontières de l'Europe, les idéaux européens ne semblent tout simplement pas exister. La honte de l'Europe continue, encore et encore.

Abu Jaber, 36, came to the Greek island of Samos with his 31-year-old wife Madiha and their young children. They were fleeing Syria's Aleppo after their house was destroyed. "We were lucky because we weren't home when a Russian air raid flattened our home three months ago," Abu Jaber told MSF. "I thought we would find mercy in Europe, but it's even harder for us than it was in Syria. That's because when your expectations are high and you then face disillusionment, it's harder than when you had nothing at all to hope for."
Photo prise dans le camp de Vathy, sur l'île de Samos, datant de mars 2016.

Abu Jaber est arrivé avec sa famille sur l'île grecque de Samos. Ils avaient fui Aleppe en Syrie après que leur maison ait été détruite par la guerre. Abu dit : "Je pensais que nous trouverions la paix et la sécurité en Europe, mais c'est encore plus difficile pour nous ici que ça l'était en Syrie. Nous sommes venus ici avec des attentes, avec de l'espoir. Et maintenant, voilà ce qui nous arrive. C'est terrible. J'aurais préféré ne pas avoir d'espoir. © Mohammad Ghannam

QUEL EST EXACTEMENT CEt ACCORD ENTRE L'UE ET LA TURQUIE ?

En mars 2016, les dirigeants turcs et européens ont convenu que les personnes arrivant par bateau sur les îles grecques devraient être "traitées" sur les îles grecques et renvoyées en Turquie. En échange de chaque personne renvoyée en Turquie, un réfugié syrien peut être transféré légalement de la Turquie vers l'Europe. Cet accord, que nous avons toujours fermement condamné pour ses conséquences humanitaires, n'a jamais été réellement mis en œuvre de la manière dont il avait été conçu.

Des conditions inhumaines et une attente sans fin

Ce qui était vendu comme un mécanisme efficace pour "exporter" rapidement les demandeurs d'asile vers la Turquie a conduit à un effondrement quasi-complet du système d'accueil grec et européen. Le résultat ? Des milliers et des milliers de personnes - originaires de pays en conflit comme l'Afghanistan, la RD Congo ou l'Irak - sont détenues depuis des années, dans l'attente d'une procédure d'asile interminable, dans des conditions insalubres et dangereuses, qui ont un impact énorme sur la santé physique et mentale de ces personnes vulnérables. Vous pouvez lire ici à quel point les conditions étaient mauvaises dans le camp surpeuplé de Moria, en septembre 2019.

DÉSESPOIR ABSOLU, NOUVEAUX TRAUMATISMES, TENTATIVES DE SUICIDE CHEZ LES ENFANTS

La situation dans les camps grecs est intolérable depuis des années. Certains enfants dans les camps tentent même de se suicider. Des milliers de familles, d'hommes, d'enfants et de femmes désespérés sont à nouveau traumatisés à cause de leurs conditions de vie dangereuses en Europe !. Depuis 5 ans, nos équipes médicales et psychologiques font ce qu'elles peuvent, mais notre travail et celui de nombreuses autres organisations ne seront jamais suffisants face à cette situation.

UN ACCUEIL SÛR ET DIGNE EST NÉCESSAIRE DE TOUTE URGENCE

Après l'incendie du camp de Moria sur l'île grecque de Lesbos, quelque 400 mineurs ont été transférés vers des hébergements sûrs sur le continent grec. Enfin ! Cependant, ce sont des milliers de familles sont encore prises au piège. Des femmes seules, des mineurs non accompagnés, des survivants de la torture et/ou de violences sexuelles. Et de nouvelles personnes arrivent chaque jour. Toutes sont détenues sur des îles comme Samos, Chios ou Lesbos. Et pour ce qui est du nouveau camp construit après l'incendie de Moria à Lesbos, il n'est en rien mieux que Moria. 

Les plus vulnérables doivent pouvoir bénéficier de toute urgence d'un abri sûr, sur le continent grec ou ailleurs. Le modèle politique européen délibéré de négligence et d'enfermement dans des camps insalubres et dangereux est intenable depuis des années. Il est indigne de l'Europe et doit cesser maintenant.