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Retour du choléra dans 30 pays : une épidémie qui peut être évitée

En 2022, trente pays ont signalé des cas de choléra contre vingt signalements au cours des cinq dernières années. Les épidémies de choléra prennent de l'ampleur, s'étendent sur un plus grand nombre de pays et durent plus longtemps. La mortalité plus élevée est liée aux retards dans la prise en charge appropriée des cas, car la prise en charge clinique du choléra est relativement simple et peu coûteuse et peut être facilement étendue. Actuellement, Médecins Sans Frontières intervient dans plus de dix pays où la situation est préoccupante, nécessitant un volume opérationnel MSF considérable. Afin de comprendre les tenants et les aboutissants de cette propagation du choléra, nos équipes répondent à 4 questions.

Zawadi est prise en charge dans un centre MSF
La mère de Zawadi l'a amenée au centre de santé soutenu par MSF à Kanyaruchinya car la petite fille souffrait de diarrhée et de vomissements depuis deux jours. L'enfant a été placée sous perfusion dans l'unité de traitement du choléra. Comme elle a consulté rapidement, son état devrait s'améliorer dans les 48 heures, ©Michel Lunanga, décembre 2022

Qu'est-ce que le choléra ?

Le choléra est une maladie causée par une bactérie qui infecte les intestins après l'ingestion d'eau (ou d'aliments) contaminée. La bactérie provoque une diarrhée très grave et parfois des vomissements. La diarrhée est si grave qu'une personne malade se déshydrate rapidement, ce qui peut entraîner la mort en quelques heures.

La diarrhée des malades du choléra contient beaucoup de bactéries du choléra. Si les eaux usées contenant la bactérie du choléra contaminent d'une manière ou d'une autre l'eau potable, ce qui peut arriver étonnamment facilement, les épidémies de choléra peuvent se propager extrêmement rapidement.

 

 

Pourquoi les épidémies de choléra sont-elles si nombreuses aujourd'hui ?

En 2022, au moins 30 pays ont connu des épidémies de choléra ou de maladies apparentées au choléra. Mais il ne s'agit pas d'une seule grande épidémie. Pour la plupart des pays, la flambée actuelle de choléra est due à des conditions spécifiques et locales. Les facteurs de risque des épidémies de choléra sont bien connus et toujours liés à l'accès à l'eau potable et à l'évacuation correcte des eaux usées.

Crises politiques et/ou militaires prolongées 

Ce type de crises peut entraîner un manque d'entretien des infrastructures d'eau potable et/ou d'assainissement. C'est le cas aujourd'hui dans des pays comme Haïti, la Somalie ou la Syrie.

Les catastrophes naturelles

La chaleur et la sécheresse peuvent réduire la quantité d'eau potable, obligeant les populations à utiliser des sources non sûres. Les inondations, quant à elles, peuvent faciliter la propagation de la bactérie vers des sources d'eau auparavant sûres. En 2022, des pays comme la Somalie, le Kenya et l'Éthiopie ont souffert de graves sécheresses. D'autres, comme le Soudan du Sud et le Nigeria, ont été confrontés à des inondations.

Des personnes en mouvement

Les réfugiés doivent souvent rester dans des endroits où l'accès à l'eau potable est insuffisant, et les autorités n'investissent souvent pas dans des infrastructures adéquates pour l'eau et les déchets dans les camps de réfugiés. Cette année, des épidémies de choléra ont éclaté dans des camps de réfugiés au Liban, en Somalie et au Nigeria.

Quels sont les défis à relever aujourd'hui ?

Le choléra est facile à traiter, avec une réhydratation orale pour la plupart des patients, et une réhydratation intraveineuse pour les cas plus graves. S'ils sont traités à temps, plus de 99 % des patients survivront à la maladie. En fournissant de l'eau potable et en traitant correctement les eaux usées, on évite que les gens ne soient infectés en premier lieu. Il existe également un bon vaccin contre le choléra.

Mais le traitement et la prévention du choléra s'accompagnent de défis logistiques considérables. La mise en place de centres de traitement du choléra nécessite beaucoup de matériel, tout comme les projets d'approvisionnement en eau et d'assainissement. Dans les endroits peu sûrs ou difficiles d'accès, cela représente une contrainte énorme. Et le nombre d'épidémies de cette année rend la situation très difficile. Il y a déjà une pénurie de vaccins contre le choléra et l'approvisionnement d'autres matériaux essentiels, comme le liquide pour la réhydratation intraveineuse, est également sous pression.

En outre, il arrive que les gouvernements ne veuillent pas déclarer officiellement les épidémies de choléra, souvent pour des raisons politiques. Il est donc très difficile d'informer correctement la population sur la façon dont elle peut se protéger, et impossible de procéder à la vaccination contre le choléra.

Que fait MSF aujourd'hui ?

MSF mène aujourd'hui des programmes contre le choléra dans 10 pays (Kenya, Ethiopie, Somalie, Cameroun, Nigeria, Haïti, Liban, Syrie, Malawi). Nos équipes sont impliquées dans la prévention du choléra : elles font de la promotion de la santé, des travaux d'eau et d'assainissement, et de la vaccination contre le choléra. Nous gérons également des unités de traitement du choléra pour soigner les patients dans les établissements médicaux, et nous avons mis en place des centres de choléra plus grands et séparés où des centaines de patients atteints du choléra peuvent être admis simultanément.