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Kenya, camp de Dadaab : La situation humanitaire continue de se détériorer

Les hospitalisations d'enfants souffrant de malnutrition sévère ont fortement augmenté à Dagahaley, l'un des trois camps de réfugiés du complexe de Dadaab, au Kenya, alors que les conditions humanitaires se dégradent dans les camps surpeuplés

camp de réfugiés vu d'hélicoptère
Le complexe de réfugiés de Dadaab - Hagadera, Dagahaley et Ifo - compte parmi les plus anciens camps de réfugiés du monde actuel. Depuis sa création en 1991 et au fil des ans, Dadaab a accueilli plusieurs vagues de réfugiés somaliens fuyant la violence, l'insécurité généralisée, juillet 2019,  ©Arjun Claire

En 2022, MSF a traité 12 007 patients - dont un nombre considérable d'enfants - au sein de son unité pédiatrique et du centre nutritionnel thérapeutique hospitalier de Dagahaley. Ce chiffre correspond à une augmentation de 33% par rapport à l'année précédente. Parallèlement à cette croissance, les données de MSF datant de décembre 2022 montrent une tendance à l'augmentation progressive du taux de malnutrition aiguë globale, qui a atteint 8% lors du dépistage de la mesure du périmètre brachial (par un bracelet MUAC). C’est presque un enfant sur 10 qui est atteint de malnutrition aiguë, soit une augmentation de 45% par rapport au dépistage précédent, effectué en juillet 2022.

Plusieurs facteurs complexes aggravent la situation humanitaire à Dagahaley et mettent à rude épreuve les capacités du camp en matière de soins de santé. 

Une épidémie de choléra, déclarée fin octobre 2022, a frappé les camps de réfugiés ainsi que les communautés des comtés de Garissa et de Wajir. Une sécheresse accablante, et un conflit prolongé continuent de déplacer les populations de la Corne de l'Afrique à la recherche de nourriture et d'eau. L'insuffisance de la réponse humanitaire, due à la rareté des fonds, ajoute une pression supplémentaire. Cela accentue les lacunes à grande échelle dans des secteurs tels que l'eau, l'assainissement et l'hygiène, la nutrition, la santé et la sécurité.  

Cette année, les perspectives pour les réfugiés sont bien sombres. Le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA, déc. 2022) prévoit, pour la sixième saison consécutive, des pluies limitées ou absentes, de mars à mai 2023. Cela exacerbera l'ampleur et la gravité de l'urgence humanitaire dans la Corne de l'Afrique. Les acteurs humanitaires s'inquiètent des diminutions de financements qui obligeraient les camps de réfugiés à réduire davantage leurs activités à un moment où les besoins augmentent rapidement.   

MSF appelle les donateurs à offrir rapidement un soutien financier.

Ceci est crucial pour répondre aux besoins croissants d'assistance et de protection pour sauver des vies.

MSF, en coordination avec la communauté locale et les acteurs humanitaires, a intensifié son soutien d'urgence au-delà des soins de santé complets dans le camp de Dagahaley. Nos équipes ont ouvert deux postes médicaux avancés, construit 50 latrines, mis en place deux réservoirs d'eau et distribué des bâches en plastique et des matelas à quelque 800 familles nouvellement arrivées résidant à la périphérie du camp. Malgré les efforts de l’organisation pour cibler les réfugiés les plus vulnérables vivant aux alentours de Dagahaley, la crise humanitaire actuelle à Dadaab nécessite une réponse à grande échelle de toute urgence pour éviter une nouvelle détérioration de la situation.  

Nous appellons les bailleurs de fonds à débloquer rapidement une aide financière, indispensable pour répondre aux besoins croissants d'assistance et de protection. Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés a lancé des appels aux donateurs afin de mobiliser des ressources pour la réouverture du site IFO 2, initialement fermé en 2018. L’objectif est d'accueillir jusqu'à 80 000 réfugiés d‘autres camps encombrés. Et ce, en prévision de la saison sèche qui approche, et de l’arrivées de davantage personnes à Dadaab. A moins que des fonds ne soient levés et qu'une action concrète ne suive, l'afflux de nouveaux réfugiés peut faire basculer la crise au-delà des capacités de réponse des organisations humanitaires, avec les ressources actuellement disponibles.  

Les réfugiés de Dadaab sont piégés dans une crise qui dure depuis 30 ans. Même si la priorité immédiate est de répondre aux besoins croissants dans les camps, il est tout aussi essentiel de mettre en œuvre des solutions durables pour les réfugiés. Ces solutions sont inscrites dans le cadre juridique kenyan, notamment la loi sur les réfugiés de 2022, mais dont l’application à Dadaab a pris du retard.