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Coronavirus en Belgique : « de l’action humanitaire en bas de chez moi »

Country
Belgique
Theme
Épidémies

Voici le témoignage de Stéphanie Goublomme, coordinatrice MSF du projet de soutien aux maisons de repos bruxelloises. Elle a déjà effectué une dizaine de missions de terrain MSF, principalement dans le cadre d’urgences, comme des épidémies (Ebola en Guinée ou cholera au Nigeria), des catastrophes naturelles (l’ouragan Matthew en Haïti) ou des conflits armés (comme celui en République Centrafricaine).  Jusqu’il y a quelques semaines, elle n’aurait jamais imaginé pouvoir transposer son expérience acquise loin d’ici dans sa propre ville : Bruxelles.

Stéphanie supervise actuellement les équipes mobiles de MSF qui ont jusqu’à présent visité et soutenu une vingtaine de maisons de repos en région bruxelloise. Ces équipes mobiles soutiennent et forment le personnel des maisons de repos sur la meilleure manière de prodiguer les soins, en se protégeant et en protégeant les résidents. Elles leurs apportent également leurs conseils sur la manière de désinfecter les zones potentiellement contaminées et sur la façon d'utiliser le plus efficacement les équipements de protection comme les masques et tabliers, dont les maisons disposent parfois en quantité très limitée.

Un soutien apporté sous une approche pragmatique

« On ne va pas dans les maisons de repos pour faire de grands discours. On essaie - avec notre expérience acquise loin d’ici dans des contextes épidémiques - de partager des conseils pratiques, des infos claires directement applicables, tout en ayant peu de matériel disponible, mais qui auront un impact direct sur la santé des patients et du personnel. Notre approche repose sur les besoins et les demandes des maisons de repos. On s’adapte à chaque situation en fonction des besoins qu’elles expriment et de leurs capacités humaines et matérielles », explique Stéphanie.

Un certain sentiment d’abandon

Pour Stéphanie, le personnel des maisons de repos se considère comme les oubliés de cette crise. « Notre équipe se retrouve souvent face à des situations très difficiles, avec du personnel soignant se sentant abandonné alors que, tout comme le personnel hospitalier, il est en première ligne, à devoir faire face à des situations inédites, auxquelles il n’était pas préparé et pas bien équipé. Intervenir dans ce contexte demande donc beaucoup d’écoute et d’empathie. Notre équipe et moi sentons bien que notre soutien est apprécié et que nos conseils ont un véritable impact », poursuit Stéphanie.

Pour le personnel des maisons de repos, les gestes quotidiens, jadis anodins, comme celui de brosser les dents d’une patiente, ou de débarrasser un plateau repas sans avoir l’équipement permettant de se protéger, sont devenus des activités à hauts risques. « Une soignante d’une maison de repos a confié à notre équipe qu’elle avait l’impression de partir à la guerre sans être armée », explique Stéphanie.

jette maisons de repos coronavirus
L'équipe mobile MSF forme et informe  le personnel de la Résidence Magnolia sur les mesures de protection à suivre pour éviter toute contamination au Covid-19. © Olivier Papegnies, avril 2020.

Un impact psychologique préoccupant

Pour tout soignant, perdre un patient est un traumatisme. La particularité en maison de repos est que le personnel connait les patients souvent depuis des années voire parfois depuis 5, 10 ou 15 ans ; ce qui n’arrive pas dans un hôpital. Les équipes des maisons de repos doivent aussi gérer les nombreux deuils de patients qu’ils considèrent pour certains comme des membres de leur propre famille.

Alors que la perte d’un proche est déjà un traumatisme, la situation actuelle empêche également aux familles et aux soignants de venir voir leurs proches et parfois même d’assister à leurs funérailles. « J’avais assisté à cela en Guinée lors de l’épidémie d’Ebola, mais je n’aurais jamais imaginé voir cela à Bruxelles », termine Stéphanie.

Les interventions de MSF de lutte contre le COVID-19 en Belgique, se font d’une triple manière :

  • Nous soutenons différents hôpitaux d’Anvers, de Mons, de Charleroi et de la province du Limbourg ;
  • Nous apportons notre soutien à une trentaine de maisons de repos à Bruxelles, et allons commencer à en soutenir en Flandre et en Wallonie ;
  • Afin de venir en aide aux personnes sans-domicile et aux migrants infectés par le Covid-19, nous avons ouvert à Bruxelles un centre de soins médicaux de 50 lits pouvant être étendu à 150 lits si besoin.