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Sentiment de désespoir chez les déplacés d'Idlib

En décembre dernier, le gouvernement syrien et ses alliés ont intensifié leur offensive militaire sur le sud de la province d'Idlib. Cette offensive continue d’entraîner un exode massif de civils, qui fuient les bombardements aériens, les tirs d’artillerie et les attaques au sol.

Du fait de l’offensive, les lignes de front, avec leur cortège de violences, bougent vers le nord d’Idlib. Résultat : les personnes déplacées se retrouvent dans un espace qui se réduit en permanence, étant donné que la précédente offensive menée par l’armée syrienne et ses alliés avait déjà provoqué des déplacements massifs de populations. La situation des déplacés est particulièrement difficile en cette période : les camps sont surpeuplés et les températures sont glaciales.

Les équipes MSF distribuent des fournitures de secours dans un camp de la zone de Jebel Harem.
Les équipes MSF distribuent des fournitures de secours dans un camp de la zone de Jebel Harem. Construit en 2019, il abrite environ 400 familles déplacées. ©MSF

En plein hiver, le soleil est redouté

« Malgré les températures hivernales, les gens nous disent qu'ils redoutent le soleil », explique l'un des responsables logistiques de MSF. « Ils le considèrent comme un mauvais signe. Ils disent que les avions bombardent lorsque le ciel est dégagé. Ils préfèrent donc les jours froids, nuageux et pluvieux. Les prévisions météorologiques pour les prochains jours annoncent du soleil. (…) L'inflation des prix pour les produits alimentaires est telle que les gens, qui ont peu de possibilités de gagner de l’argent, s'endettent et deviennent au fil du temps totalement tributaires de l'aide. Il y a beaucoup de tristesse et de désespoir dans ces camps », poursuit le responsable logistique de MSF. « J'ai parlé à un homme qui attendait son tour pour une distribution, et je lui ai demandé ce qu’il espérait, ce qu’il pensait faire. Sa voix s’est brisée quand il m’a dit que son plus grand souhait était que ce soit la dernière fois que lui et sa famille fuient ».

Des hôpitaux fermés et des besoins en soins de santé grandissants

Plusieurs hôpitaux ont été bombardés et ont cessé leurs activités, notamment l'hôpital Maarat al Numan qui est le plus grand hôpital dans le sud de la province d'Idlib. D'autres hôpitaux ont été évacués parce que les combats se rapprochaient. Les hôpitaux situés plus au nord sont débordés et MSF a donné du matériel médical à certains d’entre eux pour faire face à l’augmentation de leur activité.

A mesure que des familles déplacées arrivaient par vagues, les équipes mobiles de MSF ont étendu leurs activités pour distribuer des couvertures et des blocs de combustible fabriqués localement. Une équipe d'ingénieurs s’est aussi impliquée pour creuser des latrines dans les zones où se concentrent les familles récemment arrivées, et les quantités d'eau potable fournies ont été augmentées.

Le camp de Deir Hassan, dans le district d’Ad Dana, comprend plusieurs sites où plus de 11 000 personnes sont arrivées au cours des trois dernières semaines. Ces nouveaux déplacés n'ont reçu qu'un petit kit de nourriture d'urgence, mais pas d'abri, ni d'appareils de chauffage. Ainsi, pour fournir des soins de santé primaire, une équipe mobile de MSF intervient dans le camp de Deir Hassan.

Plus à l'ouest, dans le district de Harem, une zone montagneuse du nord de la province d'Idlib, une équipe MSF a fourni, le 7 janvier, des secours à 52 familles qui venaient d’arriver. Elles avaient fui un camp de déplacés plus proche des lignes de front. Pour certaines familles, c’était la troisième ou la quatrième fois qu'elles avaient dû fuir les violences.« Avec plus d'un million de personnes déplacées dans la région, le manque d'abris et la dépendance quasi-totale à l'aide, sont des problèmes cruciaux », explique Cristian Reynders, coordinateur du projet MSF. 

Les équipes MSF distribuent des kits d'hygiène et des fournitures de secours (couvertures, matelas, jerrycans) dans un camp.
Les équipes MSF distribuent des kits d'hygiène et des fournitures de secours (couvertures, matelas, jerrycans) dans un camp situé dans la région de Jebel Harem. ©MSF

Dans le nord de la province d'Idlib, quatre équipes mobiles de MSF donnent des consultations médicales dans plus de 15 camps et campements informels. Environ 4500 consultations sont données par mois, la moitié des patients étant des enfants de moins de 15 ans. Les infections respiratoires sont la pathologie la plus courante, tandis que les patients arrivés depuis peu souffrent de troubles psychologiques. Beaucoup de références à l’hôpital sont aussi nécessaires, pour des patients avec des blessures de guerre infectées, ou d’autres atteints de maladies chroniques qui sont restés trop longtemps sans médicaments.

De nombreuses organisations s’efforcent d’apporter une aide dans le nord de la province d'Idlib, mais celle-ci atteint ses limites face aux besoins grandissants. Dans toute la province, le besoin d'une aide d'urgence est toujours aussi élevé.