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Covid-19 en Syrie : vers une nouvelle détérioration de la situation médicale dans le nord-ouest ?

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Une infirmière MSF discute avec un jeune garçon lors d'une consultation dans un camp de déplacés du nord-ouest de la Syrie. © Omar Haj Kadour/MSF, mars 2020.

Un premier cas positif au Covid-19 a été enregistré dans le nord-ouest de la Syrie, 4 mois après la déclaration officielle de la pandémie. Depuis, 18 personnes ont été testées positives, dont plus de la moitié fait partie du personnel médical travaillant dans les rares hôpitaux encore fonctionnels dans la zone : une situation inquiétante dans une région où vivent plus de 2,7 millions de déplacés, dans des camps insalubres et surpeuplés.

« Les premiers cas confirmés de Covid-19 font partie de la communauté médicale et c’est inquiétant, surtout dans un endroit comme le nord-ouest de la Syrie », explique Cristian Reynders, coordinateur de projet MSF. Avant l'épidémie, le personnel médical était déjà très réduit : de nombreux médecins ont fui la guerre dans le pays et les hôpitaux doivent souvent se partager les ressources humaines pour rester ouverts et continuer de fonctionner. »

Deux des hôpitaux récemment visités ont temporairement fermé leurs portes et l’ensemble du personnel médical de ces établissements a été invité à se confiner à domicile ou sur place.

Les services ont également été réduits dans d'autres hôpitaux du nord-ouest de la Syrie. Les autorités sanitaires locales ont ainsi demandé aux hôpitaux de suspendre temporairement leurs services de consultation externe et les services de chirurgies non-essentiels.

« Depuis le début de la pandémie, les services de consultation externe ont été fermés à plusieurs reprises par crainte du coronavirus », précise le coordinateur de projets. « C’est important de prendre des mesures de précaution contre le Covid-19, mais la région n’a pas les capacités médicales suffisantes pour en assumer l’impact important sur la fourniture de soins de santé. Nous sommes préoccupés par les conséquences potentielles du coronavirus à Idlib. Le fait que des services médicaux essentiels aient été temporairement fermés ou réduits et que la pénurie de personnel de santé s’accentue est extrêmement inquiétant. »

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Des personnes attendent pour se faire soigner en respectant les mesures barrières de distanciation dans un camp du nord-ouest de la Syrie. © Omar Haj Kadour/MSF, mars 2020.

Les employés médicaux contaminés travaillaient dans plusieurs établissements, répartis dans les gouvernorats d'Alep et d'Idlib (districts d'Azaz, Sarmada et Ad-Dana) et il se peut que les contaminations se développent sur une zone plus étendue que ce qui semblait être un cluster localisé. 

Les médecins qui suivent les cas positifs ont rapporté que des tests ainsi que la recherche des personnes ayant été en contact avec les malades sont en cours pour empêcher la propagation du virus.

Quelques 2,7 millions de personnes sont déplacées dans le nord-ouest de la Syrie, vivant principalement dans des camps surpeuplés où les conditions d'eau et d'assainissement sont désastreuses et où la distanciation physique est impossible. Un nombre important de ces personnes sont plus vulnérables au coronavirus, notamment celles qui sont âgées ou qui souffrent de maladies chroniques sous-jacentes comme le diabète. Les équipes MSF les suivent dans le cadre de cliniques mobiles et d’activités de soutien aux hôpitaux de la région. 

« Très peu de tests ont été mis à disposition, et beaucoup ont déjà été utilisés ce qui réduit le nombre de kits disponibles. Si ceux-ci venaient à manquer, on peut craindre une propagation rapide dans les camps qu'il sera alors impossible de suivre et de contenir. Et cette perspective a des conséquences alarmantes pour les personnes les plus vulnérables : elles doivent être prioritaires pour recevoir des kits d'hygiène et bénéficier de toutes les mesures en place pour les protéger contre le virus », alerte Cristian Reynders.