« Il faut revenir aux fondamentaux » : pourquoi nous apportons une aide psychologique aux migrants à Bruxelles
Depuis deux ans déjà, MSF dispense des soins de santé mentale indispensables à un groupe de migrants et de réfugiés installés aux alentours du parc Maximilien de Bruxelles. Ainsi, nos psychologues sont actifs au sein du « hub humanitaire », un projet organisé avec d’autres organisations non gouvernementales et initiatives citoyennes, qui offre, notamment, des soins médicaux aux migrants, leur distribue des vêtements et leur apporte des conseils sociojuridiques. Djoen Besselink, nouveau chef de mission pour la Belgique depuis mai dernier, explique pourquoi cette aide psychologique pour les migrants et réfugiés, en Belgique et ailleurs, est une composante essentielle de nos activités médicales.
« Avant de travailler en Belgique, j’ai été chef de mission en Afghanistan et au Yémen. J’ai aussi travaillé pour MSF en République démocratique du Congo et en République centrafricaine. Ces contextes sont caractérisés par des conflits incessants – c’était un choix délibéré de travailler là. En tant que collaborateur de MSF, c’est à ces endroits que je pouvais avoir le plus d’impact, selon moi, sur la vie des populations, et donc aussi sur un grand nombre de migrants et de déplacés internes. Depuis lors, je peux vous assurer que je comprends totalement pourquoi ces personnes prennent la fuite et laissent tout derrière elles. Elles n’ont tout simplement pas d’autre choix.
Une incertitude permanente
Ces individus ne partent pas avec un objectif en tête. La seule préoccupation des personnes qui fuient l’Afrique centrale par exemple, c’est de partir de chez elles le plus rapidement possible pour retrouver un semblant de sécurité. L’incertitude et l’insécurité sont leur lot quotidien : elles doivent d’abord traverser le désert, puis sont détenues en Libye, ou sur les îles grecques, dans des conditions déplorables. Elles doivent ensuite traverser la Méditerranée à bord d’embarcations de fortune… Et à chaque fois, ces personnes se disent : « survivons déjà à ça et puis on verra ». Si elles atteignent enfin l’Europe, elles découvrent que celle-ci n’est pas le havre de paix tant espéré.
L’un des principaux facteurs de stress pour les migrants et les réfugiés que nous soignons – outre les expériences traumatisantes qu’ils ont vécues dans leur pays ou pendant leur périple – est précisément l’impact de leur séjour en Belgique. Je dois admettre que j’avais sous-estimé ce point. Ici aussi, ils vivent dans l’incertitude : concernant leur avenir, le sort de leur famille dans leur pays, les violences policières et l’accès aux soins médicaux de base dont chacun a besoin.
Honnêtement, avant d’occuper cette fonction, je pensais que l’accueil des migrants en Europe était mieux organisé. J’ai été effaré de découvrir à quel point c’était loin d’être le cas. Vous savez, les besoins de base des migrants que nous prenons en charge ici, au hub humanitaire de Bruxelles, sont les mêmes que ceux des personnes vivant dans des contextes extrêmes comme en Afghanistan ou au Yémen. Ces personnes ont seulement besoin de soins médicaux de base, d’aide psychologique, de vêtements, de sécurité et d’un toit. C’est pour ces raisons que nous devons être présents car tout le monde a droit à des soins. C’est tout de même évident, non ? Il faut que nous revenions aux fondamentaux.
L’identité de ceux qui leur fournissent des soins n’a pas d’importance. C’est pour ça que c’est formidable de voir que, de tous les côtés, les gens se démènent pour apporter de l’aide. Ainsi, le Port de Bruxelles nous a récemment aidés dans notre recherche d’un nouveau site pour le hub humanitaire. Et n’oublions surtout pas les nombreuses initiatives citoyennes qui fleurissent partout en Belgique et font réellement du bon travail. Je trouve ça admirable. »