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Nouveau défi en Ukraine : MSF lance de la physiothérapie pour les victimes de guerre

Des milliers de personnes ont été gravement blessées pendant la guerre en Ukraine. Les patients traumatisés sont stabilisés et opérés si nécessaire, mais ils courent ensuite un risque élevé de lésions permanentes dues à leurs blessures. Sans un traitement postopératoire opportun et approprié, leur rétablissement peut prendre beaucoup plus de temps que nécessaire, voire rester incomplet. Or, le système de santé ukrainien n'est pas équipé pour une prise en charge à grande échelle des victimes de guerre et donc, pour leur réhabilitation.

Veel oorlogsslachtoffers in Oekraïne moeten na hun trauma revalideren en leren leven met de handicap die ze hebben opgelopen.
De nombreuses victimes de la guerre en Ukraine doivent se réadapter après leur traumatisme et apprendre à vivre avec le handicap qu'elles ont subi. © Nadiia Voloboieva, 15 septembre 2022

Bien que le système de santé du pays soit de haut niveau, celui-ci n'est pas équipé pour des soins de guerre aussi spécifiques. Selon le ministère ukrainien de la santé, les besoins en physiothérapeutes ont doublé depuis le début de la guerre. Par conséquent, Médecins Sans Frontières se concentre de plus en plus sur le rétablissement et la réadaptation des patients traumatisés. Et ce, dans ses projets médicaux dans plusieurs endroits en Ukraine.

Premiers projets post-opératoires de MSF à Vinnytsia et à Kiev

À Vinnytsia et à Kiev, nos équipes ont lancé des soins de réhabilitation pour les blessés de guerre. Là, nous évaluons leurs blessures, les traitons et leur proposons une physiothérapie. De plus, nous y proposons des traitements psychologiques ou psychiatriques individuels afin d’aider les patients à surmonter leurs problèmes de santé physique et mentale.

Transmettre notre expérience et collaborer avec des collègues ukrainiens

"Nous voyons des dizaines de patients qui ont perdu leurs jambes ou leurs bras. Parfois plus d'un. Mais nos collègues ukrainiens n'ont pas nécessairement d'expérience en matière de physiothérapie des blessés de guerre", explique Tankred Stoebe, coordinateur médical
"Parce que Médecins Sans Frontières travaille dans des zones de guerre depuis des décennies, nous pouvons apporter l'expérience nécessaire. Notre personnel d'autres pays travaille désormais en étroite collaboration avec ses collègues ukrainiens. Cela nous permet d'apprendre les uns des autres et de renforcer les capacités locales pour répondre aux besoins accrus en matière de soins de réadaptation."

Le physiothérapeute Ahmad Alrosan masse la jambe d'un patient lors d'une séance après une opération de la jambe. Kiev, Ukraine, septembre 2022.
Le physiothérapeute Ahmad Alrosan masse la jambe d'un patient lors d'une séance après une opération de la jambe. Kiev, Ukraine, septembre 2022. © Hussein Amri 

Irak, Yémen, Syrie, Gaza, Ukraine : la traversé d’Ahmad pour aider les patients traumatisés

Ahmad Alrosan, originaire de Jordanie, est l'un de nos physiothérapeutes qui vient d'arriver en Ukraine. À Amman, il travaille dans un hôpital où nous contribuons à la réadaptation de patients traumatisés originaires d'Irak, du Yémen, de Syrie et de Gaza. Il a une grande expérience dans le traitement des patients qui ont perdu des membres à cause de la guerre.

L'un des patients d'Ahmad en Ukraine est Renat, un jeune homme de Marioepol qui a été touché par un obus.  "Il a perdu un œil, les doigts de ses deux mains sont mutilés", dit Ahmad. "Il a des blessures sur tout le corps, un poignet cassé. Il a déjà subi trois opérations, et deux autres sont prévues."

Renat et Ahmad travaillent ensemble sur les muscles de la main de Renat : serrer le poing et relâcher à nouveau, pour étirer les muscles, tandis que la main de Renat est massée par Ahmad. Sa blessure date déjà de six mois, mais il n'a pas eu accès à un traitement de réadaptation précoce.  Par conséquent, il a maintenant besoin d'une physiothérapie plus intensive. Cela nécessite du temps et de la patience, mais les exercices portent leurs fruits.

"Je n'ai pas pu utiliser mes doigts pendant six mois. Ils ne fonctionnaient pas, ils étaient raides. Maintenant, je peux à nouveau effectuer des actions ordinaires. Je peux tenir un stylo ou prendre une tasse de café."

Elise Jund, physiothérapeute chez MSF, accompagne le patient Vasyl dans la salle de physiothérapie. Vasyl apprend à vivre sans sa jambe gauche, qui a été amputée juste au-dessus de la cheville.
Elise Jund, physiothérapeute chez MSF, accompagne le patient Vasyl dans la salle de physiothérapie. Vasyl apprend à vivre sans sa jambe gauche, qui a été amputée juste au-dessus de la cheville.  © Nadiia Voloboieva, 15 septembre 2022

Vasyl et Elise travaillent ensemble : apprendre à vivre sans jambe gauche

Un autre patient en réadaptation est Vasyl, 30 ans.

"J'ai marché sur une mine pendant des opérations de déminage dans le village de Novyi Bukiv, dans la région de Chernihiv. Le village était sous contrôle russe depuis plus d'un mois et il y avait de nombreuses mines terrestres. Nous devions les dégager pour que les habitants puissent retourner chez eux. Le détecteur de métaux a manqué une mine sur le trottoir. C'était une mine anti-personnel sous pression. J'ai immédiatement perdu ma jambe."

Vasyl apprend à vivre sans sa jambe gauche, qui a été amputée juste au-dessus du genou. Il est aidé par Elise, une autre kinésithérapeute de Médecins Sans Frontières. Elise masse la jambe blessée du patient et l'aide à exercer ses muscles. Elle travaille aussi sur sa jambe droite. Ils font les exercices ensemble devant le miroir. "Important", dit Elise. "Voir sa jambe saine bouger dans le miroir l'aide à reproduire le mouvement avec sa jambe amputée et ainsi à soulager la douleur fantôme."

Une question persiste : « Combien d'autres victimes de guerre y aura-t-il ? »

Renat et Vasyl sont encore jeunes. Comme de nombreux autres blessés de guerre en Ukraine, ils devront apprendre à vivre avec leur handicap pendant longtemps. Fournir de la physiothérapie et des soins postopératoires à des patients comme Renat et Vasyl sera un défi à long terme pour le système de santé ukrainien. Étant donné la brutalité de cette guerre, Ahmed et Elise se demandent combien d'autres personnes seront blessées et auront besoin de soins similaires à l'avenir.