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La situation médicale de plus en plus critique dans et autour d'Idlib

L'offensive militaire du gouvernement syrien et de ses alliés dans le sud de la ville d'Idlib se poursuit. En deux mois, près de 390.000 personnes ont fui les offensives terrestres et les bombardements quotidiens. Jusqu'à 150.000 de ces personnes ont dû fuir au cours des deux dernières semaines de janvier. Au total, environ 3 millions de personnes sont prises au piège dans une zone de plus en plus petite au nord-ouest de la Syrie, entre la frontière turque fermée et la ligne de front qui avance.

La situation des personnes déplacées devient chaque jour plus critique. Les camps sont surpeuplés, l'hiver est humide et froid et certains ne trouvent même pas de tente. Médecins Sans Frontières continue d'intensifier son aide aux familles déplacées, en approvisionnant les camps en eau potable et en distribuant des articles de première nécessité tels que des couvertures et du chauffage, mais les besoins sont énormes et croissants. En outre, l'accès aux soins de santé est de plus en plus limité et le nombre de victimes continue d'augmenter.

Dans le camp de Jebel Harem, nos équipes distribuent des couvertures et de quoi se chauffer. ©MSF, janvier 2020.

 

« Un nombre important d'hôpitaux de la région ont été complètement ou partiellement détruits en quelques mois », explique Cristian Reynders, coordinateur de projet MSF au nord de la Syrie. « Cela signifie qu'à mesure que les combats progressent, les blessés ont de moins en moins de possibilités de trouver des soins et doivent donc se déplacer pour se faire soigner. Cela ne fait qu'augmenter les risques d'aggravation de leurs blessures ou même de leur mort ».

Au cours des dernières semaines, MSF a fourni des trousses de premiers soins et des trousses chirurgicales à quatre hôpitaux situés à proximité des lignes de front, pour les aider à faire face à la situation.

« Devons-nous fuir ou rester pour soigner les patients ? »

« La situation médicale est vraiment terrible. Les établissements de santé de la région sont soumis à la menace constante d’un bombardement. L'hôpital que je dirige est toujours debout, mais ces dernières semaines, cinq hôpitaux ont été complètement ou partiellement détruits. Tous les patients qui auraient normalement été traités dans ces hôpitaux, viennent maintenant nous voir. Nous sommes vraiment débordés. Notre personnel est soumis à une forte pression. Nous travaillons sans relâche, même tard dans la nuit, pour opérer et traiter tous les patients. Pendant ce temps, nos approvisionnements diminuent de façon drastique. Nous ne savons pas si et quand cela pourra être rétabli. Nous travaillons également dans la crainte constante d'être frappés par un bombardement. Dans le même temps, les gens tentent tous de fuir vers le nord, vers la frontière turque, aussi vite que possible. Actuellement, il faut environ 3 heures pour parcourir 30 kilomètres, du fait que tout le monde est sur la même route. Le personnel médical est confronté à un choix terrible : restons-nous pour soigner les malades et les blessés, ou fuyons-nous aussi ? Ma famille est partie il y a quelques jours, moi j'ai décidé de rester pour l'instant. Mais je n'ai pas eu de nouvelles d'eux depuis, et je suis très inquiet. On a l'impression de devoir faire des choix impossibles ».
Témoignage du directeur de l’un des hôpitaux de la région soutenus par MSF.