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Conflit au Tigré : des dizaines de milliers de personnes en déplacement continu

Ces dernières semaines, des dizaines de milliers de personnes déplacées sont arrivées dans les villes de la région du Tigré, dans le nord de l'Éthiopie, touchée par un conflit depuis novembre dernier. Elles rejoignent d'autres personnes arrivées plus tôt et sont hébergées dans des écoles et des bâtiments vides, dans de mauvaises conditions et sans services de base. Beaucoup ont déjà été déplacés plusieurs fois depuis novembre, toujours en quête de sécurité et d’aide humanitaire, et alors que les ressources s'épuisent dans les communautés d'accueil et les zones rurales plus éloignées.

Des personnes déplacées à l'école Tsegay Berhe, dans la ville d'Adwa, dans le centre du Tigré.
Des personnes déplacées attendent à l'école Tsegay Berhe, dans la ville d'Adwa, dans le centre du Tigré.  © Igor Barbero/MSF

Des déplacements continus : Ken et sa famille

Ken Alew Gebrekristos, 38 ans, soudeur de métaux originaire d'Edaga Arbi, dans le centre du Tigré, à environ 50 km au sud-est de la ville d’Adwa, est arrivé dans cette ville au cours de la deuxième semaine de mars. Pendant la journée, sa femme et ses deux enfants plus âgés vont en ville à la recherche d'aide, tandis que lui reste dans une école avec plusieurs dizaines d’autres personnes, à l'écoute de toute nouvelle information qui pourrait améliorer leur situation.

Adwa n'est que la destination la plus récente de cette famille de six personnes. Aux premiers jours de la crise, ils ont vu leur ville se remplir de personnes fuyant la violence ailleurs, puis ont assisté à son attaque par des soldats érythréens.

En novembre, la famille a été contrainte de fuir dans les collines, n'emportant que leurs vêtements et portant les plus jeunes enfants sur leurs épaules. En chemin, ils ont croisé des cadavres sur le sol. Ils ont continué à marcher, en demandant aux habitants qu'ils croisaient en chemin un abri et de la nourriture.

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Un groupe de personnes déplacées participe à une discussion à l'école Abdimalaha dans la ville d'Adwa, dans le centre du Tigré.  Igor Barbero/MSF, mars 2021.

"Dans les collines, nous allions chercher de l'eau à la rivière pour pouvoir boire", dit Ken. "Certains jours, nous ne mangions rien. Une fille qui avait été déplacée avec nous a accouché, sans médecin à proximité. Nous n'avions qu'un drap de lit à leur offrir, alors nous avons fait un feu pour réchauffer le bébé."

Depuis, la famille a tenté de retourner voir sa maison détruite, mais le sentiment d'insécurité l'en a dissuadée.

Que font nos équipes au Tigré ?

Les équipes MSF réhabilitent un certain nombre d'établissements de santé dans la région du Tigré et les approvisionnent en médicaments et autres fournitures médicales, tout en apportant un soutien médical pratique dans les salles d'urgence, les maternités et les services ambulatoires. Les équipes MSF gèrent également des cliniques mobiles dans les villes et villages ruraux où le système de santé ne fonctionne pas, ainsi qu’au sein des endroits informels où séjournent les personnes déplacées.

Cependant, il reste des zones rurales dans le Tigré que ni MSF, ni aucune autre organisation n'a pu atteindre. Nous ne pouvons que supposer que les personnes vivant dans ces zones n'ont pas non plus accès aux soins.

Esperanza Santos, notre coordinatrice des urgences, témoigne

« Nous avons assisté à des déplacements de personnes depuis le début du conflit, mais, jusqu’il y a peu, les gens ne se déplaçaient pas en si grand nombre et ceux qui devaient quitter leur maison étaient souvent soutenus par des communautés d'accueil.

Récemment, nous constatons un afflux plus important de personnes. La plupart s'installent dans des sites informels qui n'ont pas la capacité d'accueillir ce nombre de personnes et qui manquent de services pour elles.

La situation est extrêmement préoccupante car la communauté humanitaire n'est pas capable pour le moment de fournir une assistance suffisante pour répondre aux besoins des gens en matière d'eau, de nourriture ou encore de services médicaux ».