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La détention prolongée de plus de 2.500 personnes en Lituanie doit cesser immédiatement

Plus de 2.500 demandeurs d’asile et migrants sont toujours détenus dans des conditions inhumaines en Lituanie, neuf mois après avoir franchi la frontière depuis la Biélorussie. Médecins Sans Frontières est extrêmement préoccupée par l’impact de la détention prolongée sur la santé mentale des demandeurs d’asile et des migrants et appelle les autorités lituaniennes à mettre fin immédiatement à cette détention arbitraire.

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Un camp temporaire a été installé sur le territoire de la base du Service de Sécurité Publique pour l'accueil des personnes en transit. Rūdninkai, Lituanie. ©  Vidmantas Balkunas, 21 septembre2021.

Pas d'accès à une procédure d'asile équitable

« Les équipes de MSF n’ont pu que constater la détresse physique et mentale causée par la détention », explique Georgina Brown, représentante de MSF en Lituanie. « Ces personnes n’ont pas accès à une procédure d’asile équitable ni à un soutien spécialisé axé sur les troubles psychiatriques ou ciblant les victimes de torture et violences sexuelles. La détention arbitraire prolongée des demandeurs d’asile et migrants en Lituanie doit cesser immédiatement et toutes les demandes d’asile doivent être examinées équitablement et le plus rapidement possible. »

Peur de la persécution et de la mort

MSF dispense des soins médicaux et de santé mentale dans deux centres de détention en Lituanie, où des personnes sont détenues plusieurs mois sans savoir quand elles seront libérées. La plupart ont été placées en détention en 2021, suite à la forte augmentation du nombre de personnes originaires d’Irak, du Congo, de Syrie, du Cameroun et d’Afghanistan qui tentaient de rejoindre la Pologne, la Lituanie et la Lettonie au départ de la Biélorussie.  Beaucoup ont dit aux équipes de MSF qu’elles craignaient d’être persécutées ou tuées si elles retournaient dans leur pays.

Peur des conditions de détention

Les politiques migratoires de l’UE visant à restreindre la migration et à étendre la détention ont un impact dévastateur sur la santé mentale et le bien-être des personnes concernées. Entre les mois de janvier et mars 2022, les psychologues de MSF ont traité 98 patients, dont 60 % souffraient d’anxiété. La majorité de ces patients ont déclaré que leur anxiété était liée aux conditions de détention. L’incertitude et l’accès limité à l’aide juridique sont également des facteurs de stress importants. « Je veux savoir ce qu’il adviendra de nous », a déclaré à MSF un homme détenu à Kybartai. « Nous sommes pris au piège. » Un détenu se présentant comme faisant partie de la communauté LGBTQI+ a déclaré à MSF avoir commis plusieurs tentatives de suicide.

Humiliation et violence de la part des gardiens

Les conditions de détention ne permettent pas de répondre aux besoins de santé et de protection des personnes en quête de sécurité. Beaucoup rapportent également des traitements dégradants et des violences infligés par des gardes qui gèrent les deux centres de détention où MSF travaille. En mars, une infirmière de MSF a vu des gardes-frontières lituaniens plaquer violemment au sol et menotter un patient psychiatrique avant de le mettre à l’isolement. « J'ai demandé à entrer dans sa cellule, mais on m'a refusé l'entrée. Dans la cellule, il y avait un objet tranchant - il s'est auto-mutilé immédiatement après son retour en détention » a raconté l’infirmière.

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Depuis janvier 2022, les équipes MSF fournissent des soins de santé primaires et un soutien psychologique dans deux des trois centres, à Kybartai (district de Vilkaviskis) et à Medininkai (district de Vilnius). Diala Ghassan, 27 janvier 2022.

La violence sexuelle, une autre problématique majeure

Récemment, le personnel en santé mentale de MSF a apporté un soutien psychologique à trois personnes qui avaient été agressées sexuellement en détention. Cet incident a été relayé par les médias locaux. MSF a plaidé pour qu'elles soient transférées dans un centre plus adapté. La procédure, fastidieuse, a pris plus de deux semaines.

Combien de personnes MSF a aidé ?

Il n'existe actuellement aucune alternative à la détention pour les personnes identifiées comme étant particulièrement vulnérables. De janvier à mars 2022, les équipes de MSF ont assuré 2 636 consultations et on a identifié et soutenu plus de 50 personnes ayant subi des tortures ou des violences sexuelles et sexistes dans leur pays d'origine avant de fuir. Nos équipes ont identifié et référé des cas de protection au HCR, notamment des patients psychiatriques ne bénéficiant pas de soins appropriés. 

On demande la fin des détentions arbitraires et prolongées

MSF demande qu’il soit mis fin à la détention arbitraire et prolongée des demandeurs d’asile et des migrants en Lituanie. Une protection efficace et véritable doit être garantie à toutes les personnes en mouvement en Lituanie et des alternatives à la détention doivent être proposées de toute urgence, sous peine de voir s’aggraver les mauvais traitements, les violences et la détresse psychologique dont sont victimes les personnes détenues.  

 

En septembre 2021, MSF a commencé à fournir un soutien psychologique, des services de promotion de la santé et des articles de première nécessité sur 9 sites d’accueil post-arrivée en Lituanie. Depuis janvier 2022, MSF dispense des soins de santé primaires et une aide psychologique dans 2 centres de détention du pays. De janvier à mars 2022, les équipes de MSF ont assuré 2 636 consultations. Dans la majorité des cas, il s’agissait de dispenser les premiers secours psychologiques et de prendre en charge des troubles psychosomatiques. Nos équipes de spécialistes en santé mentale ont assuré 214 séances de conseil dont ont bénéficié 98 personnes en situation de détresse .