RDC : Plus de 190 000 personnes ont été forcées de fuir après la reprise des combats entre le M23 et l'armée au Nord-Kivu
"Toute la famille était aux champs en train de travailler quand les tirs ont commencé. On s’est enfuis et on a marché trois heures jusqu’à Rumangabo sous la pluie. On n'a même pas pu repasser à la maison. On est partis avec ce qu’on avait sur nous." La parole est à Ponsie Benda, un congolais père de 13 enfants, qui a tout perdu du jour au lendemain.
190 000 personnes se sont déplacées de Rutshuru à Nyiragongo
Depuis le mois de mars, des combats entre le groupe armé M23 et l'armée congolaise ont à nouveau éclaté dans la province du Nord-Kivu, au nord-est de la RDC. Comme Ponsie et sa famille, plus de 190 000 personnes ont été contraintes de fuir leurs foyers depuis le mois de mars, notamment dans les régions de Rutshuru et de Nyiragongo.
Des familles dorment dans la rue ou dans des camps surpeuplés
La plupart des gens se sont rassemblés le long de la route nationale menant à la ville de Goma. "Nous dormons dehors. J’ai construit cet abri avec des bâtons en bois et des feuilles de bananier. Comme ça les enfants seront un peu abrités.", dit Ponsie.
D'autres ont un peu plus de chance. 1 400 familles se sont retrouvées dans le centre de Rutshuru. Le HCR (L’Agence des Nations Unies pour les réfugiés) a installé un village de tentes, mais les conditions ne sont guère meilleures que dans la rue : environ 35 familles doivent partager une tente de 18 mètres sur 5. Quand il pleut, le camp entier est inondé. Les gens dorment alors littéralement dans l'eau.
Le risque d'épidémies de rougeole ou de choléra est élevé
"Le risque que des maladies comme la rougeole ou le choléra se déclarent dans ces camps est énorme. Les gens sont très proches les uns des autres, il n'y a pas de douches ni de toilettes... ce sont des conditions idéales pour de telles maladies", explique Bénédicte Lecoq, coordinatrice d'urgence de Médecins Sans Frontières à Rutshuru. "Mais nous sommes surtout préoccupés par la malnutrition. Il y a très peu de choses à manger ici. Les personnes que nous traitons ont souvent l'estomac vide."
Nos équipes traitent également le paludisme et la diarrhée
Les besoins des personnes déplacées au Nord-Kivu sont énormes. MSF a donc mis en place une unité de soutien à la malnutrition à l'hôpital général de Rutshuru. L'unité se concentre principalement sur les enfants souffrant de malnutrition sévère ; avec une capacité de 140%, elle est surpeuplée depuis des semaines. Nos équipes soutiennent également d'autres centres de santé dans les régions de Rutshuru et Nyiragongo. Nous y assurons jusqu'à 100 consultations par jour. Nous voyons principalement des patients atteints de paludisme, d'infections respiratoires et de diarrhée.
Nous construisons deux cliniques temporaires, des douches, des toilettes et un système d'approvisionnement en eau
Nous avons mis en place deux cliniques temporaires au stade de Rugabo et au centre ville de Rutshuru, où sont accueillies de nombreuses personnes déplacées. Nous avons également construit des toilettes et des douches et amélioré l'approvisionnement en eau dans plusieurs endroits des régions touchées. Enfin, nos équipes ont distribué des kits d'hygiène à plus de 1 000 familles.
La situation au Nord-Kivu s'aggrave : 2,5 millions de personnes dépendent de l'aide humanitaire
La récente recrudescence de la violence à Rutshuru et Nyiragongo a encore aggravé la situation humanitaire dans ces régions. On estime que 1,6 million de personnes au total sont déplacées. Environ 2,5 millions de personnes seraient directement dépendantes de l'aide humanitaire.