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Notre lutte contre les abus, les mauvaises conduites et les discriminations au sein de Médecins Sans Frontières : mise à jour 2020

Pour Médecins Sans Frontières, la priorité est un environnement de travail qui doit être exempt de toute forme d'abus ou mauvaise conduite. C'est pourquoi nous avons mis en place des mécanismes afin de recevoir des plaintes concernant le comportement de certains de ses employés, soit de la part des communautés où elle travaille, soit de la part d'autres employés, qui travaillent dans nos différents sièges. Nous traitons toujours chaque plainte avec le plus grand sérieux et en toute confidentialité. Nous avons fait des progrès au fil des ans, c'est certain : année après année, nous renforçons les mécanismes et les procédures de plainte. Mais en même temps, nous sommes bien conscients que le chemin à parcourir est encore long. Parce que nous croyons en une communication ouverte et honnête, nous fournissons ci-dessous un aperçu des plaintes que nous avons reçues concernant chaque forme de comportement inacceptable et la réponse que nous essayons d'apporter.

la prévention des abus et des mauvaises conduites dans le contexte COVID-19

2020 a été une année exceptionnelle, non seulement en raison des défis rencontrés suite à la pandémie de COVID-19, mais aussi en raison des possibilités qu’elle a offertes à MSF de s’adapter et d’improviser des opérations, tout en maintenant la continuité des programmes en cours. Au milieu de ces changements et adaptations, il a été nécessaire d’assurer que les valeurs et principes de MSF restent protégés, tout en préservant un environnement de travail sûr et sécurisé pour l’ensemble du personnel. La plateforme intersections sur les comportements (IPOB – Intersectional Platform on Behaviour) a pris en charge cette responsabilité et présente le rapport suivant.

Les activités de prévention se sont de plus en plus déplacées vers des plateformes en ligne, où le contenu et les médias ont été adaptés en conséquence. Ce changement a aussi impliqué plus de travail pour rendre ces plateformes plus accessibles dans les régions reculées. Des progrès rapides ont été enregistrés dans la formation et le développement des compétences des cadres intermédiaires, qui ont un meilleur accès à la technologie et à internet. Bien entendu, le nombre des visites de terrain a diminué (2019 : 13 / 2020 : 4), tout comme le nombre des participants aux activités de sensibilisation (2019 : 4195 / 2020 : 3832) qui ont reçu les informations relatives aux droits, devoirs, responsabilités et mécanismes de déclaration. Grâce au recours croissant aux formations virtuelles, le nombre de membres du personnel formés (2019 : 488 / 2020 : 626), disposant des connaissances et des capacités requises pour faire face aux problèmes de comportement, a augmenté.

Les plaintes d'abus et de harcèlement sexuels n'augmentent pas, contrairement à celles concernant le  racisme et les discrimination

Le nombre de plaintes reçues a continué d’augmenter. Bien que l’on puisse considérer cela comme une tendance encourageante, qui montre la volonté et la confiance des plaignants à s’exprimer, le nombre limité (bien que croissant) de plaintes de la part de patients, des soignants et des membres des communautés reste sous-déclaré et préoccupant. Il témoigne du besoin de se concentrer sur la prévention et de développer des mécanismes de plainte adaptés à ces groupes. Les plaintes relatives à l'exploitation et aux abus sexuels n’ont pas affiché de tendance à la hausse, tandis que celles liées à la discrimination (principalement associée au racisme) ont augmenté.

L’engagement de la linemanagement à développer les capacités (formations plus nombreuses) et à gérer les plaintes s’est développé. Le nombre de plaintes reçues directement par les cadres sur le terrain a augmenté (2018 : 31 % / 2019 : 51 % / 2020 : 61 %), ce qui révèle une approche plus axée sur le terrain. Les unités de comportement soutiennent 60 % de l’ensemble des cas gérés sur le terrain (40 % de l’ensemble des cas pris en charge par les cadres sur le terrain agissant seuls), en plus de la gestion des 39 % de plaintes enregistrées directement par les unités de comportement. La hausse marginale de la capacité  de ces unités de comportement observée cette année (2019 : 10,5 ETP / 2020 : 13,6 ETP) devrait continuer d’augmenter pour permettre la prise en charge du nombre croissant de demandes de soutien de la part de la hiérarchie et pour pouvoir tenter sérieusement d’étendre leur intervention aux patients et aux communautés.

40% de toutes les plaintes confirmées après enquête : abus ou comportement inapproprié

Sur toutes les plaintes enregistrées en 2020, 40 % ont abouti à des cas confirmés d’abus ou de comportements inappropriés (38 % en 2018 et 49 % en 2019).

Les abus confirmés les plus courants comportent certains plaintes relatives à l'exploitation et aux abus sexuels: exploitation sexuelle et harcèlement sexuel (55) et harcèlement psychologique (14). Tandis que les cas confirmés n’augmentent pas, cela pose des questions quant au contexte des opérations de MSF, à l’absence de ressources pour la mise en œuvre d’enquêtes locales pouvant bénéficier d’expertise en matière des plaintes relatives à l'exploitation et aux abus sexuels ou à l’insuffisance des preuves fournies pour arriver à des conclusions claires. L’heure est peut-être venue de veiller à fournir les ressources nécessaires pour renforcer les mesures de prévention et consolider les mécanismes de déclaration.

Le personnel national, en particulier, est victime d'abus

En termes de parties victimes, c’est principalement le personnel national qui est victime d’abus. Il est inquiétant de constater que les abus (principalement des plaintes relatives à l'exploitation et aux abus sexuels) touchent également des bénéficiaires. La part des femmes reste très élevée. Depuis 2018, tous statuts confondus (personnel international, personnel national et patients), elles restent les plus touchées par les abus : (2018 : 76 % ; 2019 : 82 % ; 2020 : 82 %).

En termes d’auteurs, il y a eu un glissement vers le personnel national quant au nombre croissant d’auteurs en 2019 (2019 : 52 ; 2020 : 48), par rapport au personnel international (2019 : 44 ; 2020 : 31). Toutefois, la proportion du personnel international (10 %) et national (90 %) au sein des effectifs de MSF, ainsi que la baisse de 17 % des départs de personnel international sur le terrain en 2020 (en raison de la crise du COVID-19) pourraient indiquer que la proportion de membres du personnel international faisant l’objet de plaintes confirmées reste plus importante.

Le nombre de licenciements pour abus a diminué, les sanctions sévères ont augmenté

On observe également une baisse du nombre de licenciements (2019 = 55 et 2020 = 37) pour abus. Cela est dû à trois raisons : pour un nombre considérable de plaintes enregistrées à la fin de l’année, les enquêtes ne sont pas encore clôturées ; plusieurs plaintes enregistrées ont donné lieu à des enquêtes ayant confirmé des comportements inappropriés (plutôt que des abus) ; et aussi, dans certains cas, des victimes multiples ont été abusées par le même sujet. Néanmoins, les sanctions graves ont marginalement augmenté (2019 : 19, 2020 : 20), ce qui confirme que les cas avérés d’abus ne sont pas pris à la légère.

L’IPOB continue de fournir une plateforme à l’échelle de l’ensemble du mouvement pour assurer la cohérence, la rigueur et l’homogénéité de notre approche de prévention, de détection et de gestion des abus et des comportements inappropriés dans les projets sur le terrain. Les principales priorités de l’IPOB ont été la collaboration continue entre centres opérationnels sur les défis contextuels liés à la réputation de MSF, le développement permanent des capacités des cadres sur le terrain, l’intégration de la sensibilisation à la routine des projets et de la coordination, ainsi que le renforcement de l’accès aux informations relatives aux mécanismes de plainte existants pour le personnel national et les patients. Les cinq centres opérationnels augmentent actuellement leurs effectifs pour faire face à ces défis.