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Méditerranée: 10 migrants de plus ont perdu la vie sur la route migratoire la plus meurtrière du monde

Le 16 novembre, lors d’une difficile opération de recherche et de sauvetage à moins de 30 miles nautiques des côtes libyennes en Méditerranée centrale, l’équipe de MSF a trouvé 10 personnes mortes sur le pont inférieur d’un bateau en bois gravement surchargé. Alerté par Alarm Phone et Seabird qu'un bateau en détresse prenait l'eau, le Geo Barents, navire de recherche et sauvatage de MSF, a atteint l'embarcation trop tard pour empêcher cette tragédie.

Op het benedendek van dit houten bootje zaten tientallen mensen urenlang tussen verstikkende uitlaatgassen
Sur le pont inférieur de ce bateau en bois, 10 personnes sont restées au moins 13 heures serrées, à respirer du carburant. L’équipe de MSF est partie immédiatement après l’appel à l’aide, mais il était trop tard. © Candida Lobes

10 personnes mortes sur le pont inférieur: probablement une intoxication

Au cours d'une après-midi difficile et après de longues heures de multiples opérations de sauvetage en mer, les survivants du bateau en bois ont informé l'équipe MSF qu'il y avait d'autres personnes entassées sur le pont inférieur, qui ne réagissaient pas quand on leur parlait. Après avoir ramené 99 personnes en toute sécurité à bord du Geo Barents, l'équipe de sauvetage a trouvé les corps de 10 personnes. Les survivants ont déclaré à notre équipe que ces personnes avaient passé plus de 13 heures sur le pont inférieur exigu du bateau, avec une forte odeur de carburant enivrante ; l'équipe de MSF pense que ces personnes sont mortes de suffocation.

Les corps embarqués à bord

« Après avoir sauvé les 99 personnes, nous avons vu les 10 corps au fond », explique Fulvia Conte, cheffe d'équipe adjointe de MSF pour les opérations de recherche et de sauvetage à bord du Geo Barents. « Il nous a fallu près de deux heures pour les récupérer et les amener à bord, afin qu'ils puissent avoir un enterrement digne une fois arrivés à terre ». « C'était à la fois horrible et exaspérant », ajoute Fulvia Conte. « C'est une autre tragédie en mer qui aurait pu être évitée ».

Abdoulaye était l’un des derniers survivants à quitter le bateau en bois. Il a eu à peine eu le temps de comprendre ce qu’il arrivait aux autres passagers avant que les équipes de MSF ne l’aident à atteindre le bateau de sauvetage. “Laissez-moi voir leurs corps. Ce sont mes frères. Nous venons du même endroit, nous sommes allés en Libye ensemble », a demandé Abdoulaye tremblant, le regard perdu, dès qu’il est arrivé sur le Geo Barents. « Je dois dire à leur famille qu’ils sont morts. Je vous en prie, laissez-moi les voir ».

99 mensen zijn gered van hetzelfde bootje. Zij vertonen tekenen van acute stress en trauma. Sommigen onder hen moesten het lijk identificeren van hun broer of vriend, die ze enkele uren eerder voor hun ogen hadden zien sterven.
99 personnes ont été sauvées de ce même bateau. Elles présentent des signes de stress et sont traumatisées. Certains d’entre eux ont dû identifier le corps mort de leur jeune frère ou d’un ami décédé devant leurs yeux quelques heures plus tôt. © Candida Lobes

En moins de 24 heures, les 15 et 16 novembre, l'équipe de MSF a effectué trois sauvetages dans les zones de recherche et de sauvetage maltaise et libyenne, dans les eaux internationales, ramenant 186 personnes saines et sauves à bord du Geo Barents. Parmi les survivants, on compte 152 hommes et 34 femmes, dont 61 mineurs. Il y a plusieurs femmes avec des enfants en bas âge, le plus jeune n'ayant que 10 mois. Les personnes à bord sont originaires de divers pays, dont la Guinée, le Nigeria, la Côte d'Ivoire, la Somalie et la Syrie. Beaucoup d'entre elles ont vécu des expériences difficiles en Libye, d'où est parti leur petit bateau en bois.

L’Europe refuse de sauver des vies sur la route migratoire la plus dangereuse du monde

« Un jour comme celui-ci, alors que nous devons ramener 10 cadavres à bord, nous sommes une fois de plus témoins de la réticence de l'Europe à fournir les capacités de recherche et de sauvetage dédiées et proactives dont la Méditerranée centrale a tant besoin ", déclare Caroline Willemen, coordinatrice de projet MSF sur le Geo Barents. « Ces personnes endurent d'horribles violations des droits de l'homme en Libye. Fuir et entreprendre ce voyage incroyablement dangereux à travers la Méditerranée centrale est souvent leur seule issue ».