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L’HISTOIRE DE RUTH

À l’autre bout du centre, une famille est assise sur les marches du bâtiment administratif de Senda de Vida, où MSF a installé une petite clinique que l’équipe mobile utilise pour ses consultations. Ruth, Carlos et leurs deux petites filles sont arrivés il y a huit jours de Catacamas, dans le département d’Olancho, au Honduras. Ils se sont retrouvés coincés ici à Reynosa après s’être vus refuser l’asile à la frontière américaine.

 « J’ai été kidnappé au Honduras », explique Carlos. « Grâce à Dieu, je me suis échappé, mais ils voulaient enlever mes filles et ma femme. Il explique la décision de partir s’est imposée à eux : « Nous étions en danger. » Ils savaient qu’ils courraient d’autres risques sur le chemin. « Nous sommes arrivés au Mexique en bus », se souvient Carlos. « Nous sommes passés par le Guatemala, mais le pays est également difficile à traverser. Entrer au Mexique est encore pire. Il y a des kidnappings, des viols... »

Carlos en zijn vrouw Ruth in het migratiecentrum van Senda de Vidan in Reynosa, Mexico.
Carlos et sa femme Ruth dans le centre pour migrants de Senda de Vidan à Reynosa, au Mexique. ©  Dominic Bracco, août 2018.

« Nous avons tellement souffert au Mexique », explique Ruth en caressant les cheveux de sa fille. « Nous avons dormi à la gare des bus avec nos enfants. Certains jours, nous n’avions rien à manger. Ruth et Carlos ignorent ce qu’ils vont faire, mais ils savent qu’ils ne retourneront pas dans leur pays d’origine, où le reste de leur famille élargie vit toujours. « Vivre au Honduras est impossible », déclare Carlos tout de go. « Je voudrais que nous ayons un foyer, mais nous devions partir. Ils menaçaient mes enfants. »

La famille a un permis de séjour temporaire au Mexique et peut bénéficier d’une assistance juridique dans le cadre du programme de soins psychosociaux de MSF. Mais leur avenir ici, entre un foyer où ils ne peuvent retourner et un asile qu’on leur refuse, demeure profondément compromis. « Je pense que les États-Unis doivent entendre de ce que les gens traversent », déclare Carlos. « Le trafic de drogue, les enlèvements, les bandes organisées : les gens meurent au Honduras. » Il sait que certaines personnes traversent la frontière juste pour trouver du travail, « juste pour voir comment c’est », comme il le dit. Mais pour Carlos et sa famille, la décision douloureuse de partir leur a été imposée. « Nous sommes les seuls à savoir ce que nous ressentons. Nous sommes les seuls à savoir ce que nous avons traversé. »