Il y a 20 ans, nous recevions le Prix Nobel de la Paix
En décembre 1999, le Comité Nobel répétait sa célébration de l’action humanitaire indépendante en attribuant le Prix Nobel de la Paix à Médecins Sans Frontières. Ce faisant, il saluait aussi la particularité de MSF : son rôle de témoignage.
Le discours prononcé alors par MSF garde toujours une résonance: 20 ans plus tard, si le monde a changé, nos principes restent les mêmes. Nos valeurs restent les mêmes. Le geste humanitaire reste le même. Voici quelques extraits.
L'action humanitaire reste nécessaire
« Apporter des soins aux populations en danger est plus qu'un acte de générosité ou de charité. C’est une action intensément médicale et intensément personnelle, qui vise à construire des espaces de normalité dans un univers où tout est profondément anormal ».
20 ans plus tard, la meilleure victoire pour MSF eut été que nous n’existions plus car nous ne serions plus nécessaires. Ce n’est pas le cas. Hélas.
Prendre la parole lorsqu'il le faut
« Notre action et parole sont des actes d'indignation. Le silence a souvent été présenté comme une condition nécessaire pour mener des actions humanitaires. MSF s'est construite en réfutant cette hypothèse. Car si nous ne sommes pas sûrs que la parole peut sauver, nous savons que le silence tue ».
Intervenir là où le politique a échoué
« L’acte humanitaire est le plus apolitique de tous les actes. Il prend place lorsque l'action politique a échoué ou est en crise. Nous ne cherchons pas à nous substituer au pouvoir politique mais avant tout à soulager les souffrances. Même si l’on est conscient de ne pas pouvoir apporter des solutions, ne serait-ce que temporaire ».
Les menaces persistent sur l'action humanitaire indépendante
« Les populations tchétchènes et les habitants de Grozny sont, en ce moment même et depuis plus de trois mois, victimes des bombardements indiscriminés des forces armées russes. Pour eux, l'aide humanitaire est aujourd'hui quasiment inexistante. Les personnes âgées, les plus faibles, les malades sont prisonniers des bombardements, dans l'incapacité de fuir la capitale tchétchène… »
L’aide humanitaire ne peut exister que dans l’indépendance par rapport aux pouvoirs politiques, militaires et religieux. MSF reste engagée à faire entendre sa voix pour protéger l’espace humanitaire.
20 ans plus tard, des populations civiles restent prises pour cibles dans des attaques indiscriminées. Nos rappels constants que même la guerre a des règles restent trop souvent sans réponse.
D'énormes progrès pour l'accès aux médicaments
Avec l’argent du Prix Nobel, MSF a lancé sa Campagne d’Accès aux médicaments afin de joindre sa voix à celle de ses patients ou d’activistes dans des demandes collectives pour rendre des médicaments accessibles à toutes et tous. Si des progrès restent encore à faire, d’importantes victoires collectives ont permis de sauver des millions de vies depuis 1999.
« Aujourd'hui, des patients atteints du sida, de la tuberculose, de la maladie du sommeil... meurent parce qu'ils n'ont pas accès aux médicaments essentiels qui pourraient les sauver ; soit parce qu'ils sont trop chers, soit parce que leur production a été arrêtée car elle n'était pas rentable, soit par manque de recherche et développement pour de nouveaux traitements »
« L’action humanitaire, dans son essence, est simplement ceci : un individu va à la rencontre d’autres individus qui se trouvent dans des situations les plus difficiles, et tentent de soulager les souffrances un pansement à la fois, une suture à la fois, un vaccin à la fois ».
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