Fin octobre, l'ONU a annoncé que la RDC comptait près de 7 millions de personnes déplacées, dont environ 5 millions concentrées dans l'est du pays – un triste record. Dans le Nord-Kivu, les violences entre les groupes armés, en particulier avec le M23, ont provoqué des mouvements de population constants et massifs dans les territoires de Rutshuru, Nyiragongo et Masisi. Et la recrudescence des affrontements début octobre n'a fait qu'aggraver la catastrophe humanitaire.
« La situation actuelle dans cette province est tout simplement catastrophique », déclare Germain Lubango Kabemba, représentant de MSF à Goma, la capitale du Nord-Kivu. « Dans nos zones d’intervention aujourd’hui, où que l’on regarde, l’urgence d’agir est là ».
Les violences au Nord-Kivu ont provoqué plusieurs vagues de déplacement de population vers le Sud-Kivu, notamment autour de la ville de Minova et des localités environnantes, où les conditions d'hygiène déjà précaires ont entraîné une augmentation des cas de choléra. En parallèle, la fermeture des centres de santé dans le Nord-Kivu en raison de l'insécurité a également forcé les personnes nécessitant des soins à se rendre plus au sud. En Ituri, un tiers de la population est aujourd'hui déplacée du fait d’années de conflit, et cette situation de déplacement prolongé affecte durement les habitants, tant sur le plan physique que mental.
« L'Ituri est une province où, au cours des 30 dernières années, nous avons assisté à un désinvestissement majeur dans les services médicaux et les infrastructures les plus élémentaires », explique Alira Halidou, chef de mission MSF en Ituri. « Cela rend l'accès à tout service médical très problématique, et le conflit exacerbe davantage cette situation »
Un appel au sursaut
Chaque jour, les équipes de MSF sont témoins des conditions de vie désastreuses des personnes déplacées par la violence. Des familles vivant dans des abris de fortune sans alimentation adéquate, eau potable ou installations sanitaires de base. Les conditions de vie les ont rendues extrêmement vulnérables aux maladies et aux maladies infectieuses telles que le choléra et la rougeole. Les femmes sont particulièrement exposées aux violences sexuelles, phénomène qui s’est traduit par un nombre élevé de victimes prises en charge dans les structures soutenues par MSF en 2023.
« Les besoins humanitaires sont partout et conséquents, mais en tant qu'organisation médicale, nous ne pouvons répondre qu'aux besoins les plus urgents », poursuit Alira Halidou. « Aujourd'hui, plus que jamais, les communautés déplacées ont besoin d'une action concrète et claire de la part des organisations humanitaires internationales pour faire face à cette situation d'urgence qui s’amplifie. Les communautés affectées par cette crise expriment quotidiennement le besoin d’obtenir davantage d’aide pour répondre à leurs besoins les plus élémentaires. Si la faible présence humanitaire n’est pas nouvelle dans de nombreux territoires de l'est de la RDC, l’explosion des besoins devrait servir de signal d'alarme ».
Malgré les appels répétés de MSF pour une mobilisation accrue de l'aide, les progrès restent insuffisants. Or, la crise qui frappe la RDC exige une réponse internationale urgente et coordonnée. Il est temps de répondre aux appels des personnes et des communautés qui ont le plus besoin d'aide, de s'assurer que leurs voix, dont celles de nos patients, soient entendues et reconnues.