De l'urgence au relèvement: un mois après le cyclone Idai au Mozambique
Cela fait maintenant un mois que le cyclone Idai a balayé le Mozambique et la vie reprend tout doucement son cours à Beira. Les rues retrouvent leur animation, et les petites échoppes de boissons fraîches, vêtements et produits alimentaires ont rouvert. Cependant, surtout dans les quartiers les plus précaires, les maisons n’ont pas résisté et l’on compte de nombreux sans abri. Les gens peinent à trouver de la nourriture ou un endroit où loger et n’ont pas accès aux soins de santé et autres services.
Choléra et VIH
La semaine dernière, les quatre centres de traitement du choléra gérés par MSF et le ministère de la santé à Beira ont traité une centaine de nouveaux cas par jour.
Beaucoup de patients sont en plus séropositifs : leur système immunitaire est affaibli, ce qui ralentit encore leur guérison. Comme les patients sont désormais moins nombreux, MSF a commencé à réduire le nombre de lits et seul un centre de traitement du choléra et une unité de traitement resteront encore ouverts.
« Nous ne pouvons pas encore affirmer que nous sommes venus à bout de cette épidémie, puisque de nouveaux patients continuent d’arriver », explique Anja Wolz, coordinatrice des urgences pour MSF à Beira. » « Mais d’après nos constatations, le nombre de cas suspects s’affiche à la baisse et, grâce à la campagne de vaccination et aux mesures communautaires de grande envergure, nous pensons pouvoir endiguer bientôt l’épidémie. »
L'échelon communautaire
Lors d’une épidémie, quelle qu’elle soit, il est absolument essentiel de travailler avec les membres de la communauté pour leur expliquer à quelle maladie ils ont affaire et comment s’en protéger. À Beira, les équipes de promotion de la santé de MSF organisent des spectacles de théâtre de rue et vont de maison en maison pour expliquer aux familles comment se protéger contre le choléra et à qui s’adresser en cas de symptômes.
« Cela permet également d’envoyer à la communauté un message clé », explique Gabriele Santi. « Nous avons voulu montrer à la communauté que nous étions là et que nous cherchions des moyens de l'aider après la catastrophe. »
Dans le cadre de l’intervention anti-choléra de MSF, notre équipe médicale de proximité a mis en place des points de réhydratation orale un peu partout dans la ville de Beira, où les patients peuvent recevoir des solutions de réhydratation pour éviter d’être gravement déshydratés.
Les patients dont l’état nécessite une prise en charge en milieu hospitalier sont transférés dans l'un des centres de traitement du choléra par le réseau d'ambulances de référence de MSF, géré par un centre d’appel dédié. Des cliniques mobiles se rendent également dans les quartiers les plus précarisés, éloignés des centres de santé.
Ces équipes communautaires profitent également de l'occasion pour mettre en place un système de surveillance et de dépistage rapide des cas de paludisme et de malnutrition, deux problèmes qui risquent de devenir très préoccupants dans les semaines et les mois à venir car le cyclone a laissé derrière lui de grandes étendues d’eaux stagnantes et a anéanti les récoltes.
MSF a par ailleurs commencé à procéder à des évaluations nutritionnelles et à distribuer des moustiquaires et des kits d'hygiène dans les villages et les villes difficiles d'accès de la région sinistrée.
D'autres villes touchées de plein fouet
Les villages et les villes côtières des provinces voisines de Manica et de Sofala (où se trouve Beira) ont été gravement touchés par les inondations et les vents violents qui se sont abattus sur la région plusieurs semaines avant que la tempête ne se transforme en cyclone./p>
La ville de Buzi, juste au sud de Beira, a été noyée sous plus de sept mètres d’eau. De nombreux habitants ont tout perdu. Pour aider la ville à se relever, MSF a ouvert une unité de traitement du choléra et a participé à la réhabilitation du centre de santé. Nos efforts se concentrent sur la maternité, pour que les mères puissent accoucher en toute sécurité, mais aussi sur le service des consultations externes, afin que les patients puissent à nouveau accéder aux soins de santé ordinaires, y compris le traitement du VIH.
MSF a distribué des kits d'hygiène de base à environ 5 000 familles de Buzi, une mesure qui permet de lutter contre la propagation de maladies d'origine hydrique comme le choléra. Elle a également organisé des activités d’éducation, de sensibilisation et de soutien pour rassurer les membres de la communauté en leur expliquant pourquoi ils peuvent être psychologiquement forts affectés après avoir été touchés par un cyclone et des inondations.
« L'importance des soins de santé est indéniable, mais il ne faut pas négliger le besoin primordial de dignité », explique Joaquim Guinart, coordinateur du projet MSF à Buzi. « Dans les jours qui ont suivi la distribution de savon et de solutions chlorées, chaque famille faisait déjà sécher le linge propre et désinfecté. Une femme m'a remercié en me disant que cela faisait trois semaines qu’elle n’avait pas pu laver ses vêtements. »