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Crise de l’accueil : un mois après, quel bilan pour MSF à Pachéco ?

Depuis janvier 2022, Fedasil ne fournit plus d’accès à l'hébergement ni aux soins de santé à la plupart des hommes demandeurs d'asile alors qu’elle en a l’obligation. Depuis octobre dernier, ce sont même les familles et les mineurs non accompagnés qui ne sont désormais plus systématiquement hébergés. Actuellement, 2.300 personnes vivent dans les rues de Bruxelles en attendant le lit qui leur est dû.  C’est pourquoi Il y a un mois, nos équipes ont installé une clinique de rue temporaire au Centre Pachéco de Bruxelles. L’objectif : offrir une consultation aux personnes présentant des vulnérabilités spécifiques, et ce, en attendant que l’état belge fournisse des abris et l’accès à des services plus spécialisés.  Voici le bilan d’un mois à Pacheco.

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© Pierre Fromentin, octobre 2022

Etat d’urgence sanitaire pour les demandeurs d’asile

Nos équipes ont constatés d’importants problèmes de santé publique et de protection des personnes. Or, aucun examen médical ni d’identification de vulnérabilités ne sont prévus pour ces personnes. En réaction à ce constat, MSF intervient.

Evaluation médicale : en quelques chiffres

Un premier bilan a pu être établi après un mois d’intervention :

  • 500 consultations  ;
  • 94% d’hommes dont 90% sans domicile fixe ;
  • 28 femmes, et 28 mineurs accompagnés ou non, et également sans domicile fixe.

Les principales raisons de consultation sont dues à des problèmes de peau, des troubles intestinaux, des infections respiratoires, des traumatismes ou des problèmes orthopédiques.

Plus inquiétant encore, nous notons une quarantaine de cas probables de diphtérie cutanée, 99 patients touchés par la gale nécessitant un traitement, et plus d’une vingtaine de demandes de prescription pour interruption de traitement du VIH, ou pour des maladies non transmissibles.

Importance du soutien psychologique

Au-delà du développement et de la propagation de ces maladies, la santé mentale des demandeurs d’asile exposés à la rue est également préoccupante. Dans leur pays d’origine, durant leur trajet migratoire et/ou dans les rues de Belgique, la plupart des patients ont été témoins et/ou victimes de violences. 

Thomas Pelseneer, responsable des projets de soins de santé mentale pour MSF Belgique, témoigne.

« En rue, (…) les femmes et les enfants, peuvent être exposés à de la violence physique et à de l’exploitation. (…) Ces traumatismes viennent s'ajouter à des traumas déjà existants, ce qui empire la situation et la vulnérabilité des personnes. On est là pour limiter les dégâts et leur apporter un soutien pour diminuer les risques suicidaires et leur permettre de survivre un jour de plus. »

Les principaux symptômes observés sont liés à des traumatismes et au stress, à l’anxiété et à la dépression.

  • 54 personnes consultées ;
  • 16 personnes d’entre eux ont eu besoin d’un suivi psychologique des équipes de MSF ;
  • 5 autres d’un suivi psychiatrique.

Des répercussions dramatiques

Voici un exemple dramatique qui rappelle l’urgence de mettre à l’abri toutes les personnes qui viennent demander la protection en Belgique.

Une infirmière relate le cas d’une jeune femme agressée sexuellement

Une infirmière relate le cas d’une jeune femme agressée sexuellement : « Arrivée à Bruxelles il y a deux semaines, la jeune femme a introduit une demande d’asile dès le lendemain de son arrivée. L'Office des Etrangers lui a répondu qu'il n'y avait pas de place pour elle dans le réseau d'accueil. En l’absence de solution d’hébergement, elle a passé la nuit dehors où elle a été agressée sexuellement. »

MSF demande urgemment aux autorités belges …

  • Que les demandeurs d’asile et migrants bénéficient de consultations et de soins médicaux auxquels ils ont droit.  La vaccination doit être accessible pour tous.
  • L’accueil adapté des demandeurs d’asile présentant des vulnérabilités médicales et de santé mentale. Les personnes présentant des symptômes de diphtérie / ou avec diphtérie confirmée doivent pouvoir être isolées et traitées.
  • Qu’un centre médical temporaire soit ouvert pour répondre au mieux à la situation humanitaire.