Attaques au Yémen: MSF exige des réponses
Selon Médecins Sans Frontières (MSF), la guerre au Yémen se mène au mépris total des règles qui régissent les conflits armés. Ainsi, plusieurs structures médicales soutenues par notre organisation ont été attaquées au cours des trois derniers mois.
En moins de trois mois, quatre structures ou activités médicales soutenues par MSF ont été attaquées, avec, à chaque fois, une escalade dans le niveau de gravité. La première attaque a eu lieu le 26 octobre dernier lorsque des avions de la coalition dirigée par l'Arabie saoudite ont bombardé, à plusieurs reprises, un hôpital situé dans le district de Haydan. Peu de temps après, un dispensaire mobile a été bombardé, dans le district d'Al Houban ; une personne a été tuée et huit autres blessées, dont deux membres de MSF. Ensuite, ce 10 janvier, l'hôpital de Shiara a été touché par un obus ; six personnes ont été tuées et sept autres ont été blessées, pour la plupart des membres du personnel médical et des patients. Enfin, ce 21 janvier, une ambulance MSF a été touchée. Son chauffeur a été tué au cours d’une série de bombardements aériens ayant fait au moins 6 morts dans le gouvernorat de Saada. MSF attend toujours des explications officielles pour ces incidents successifs.
Rien n'est respecté
« La façon dont le conflit se déroule au Yémen génère d’importantes souffrances pour la population et démontre qu'aucune partie belligérante ne respecte le statut protégé des hôpitaux et des installations médicales », déclare Raquel Ayora, directrice des opérations à MSF. « Chaque jour, nous sommes témoins des conséquences dévastatrices que cela occasionne pour la population piégée dans les zones d’affrontements », ajoute-t-elle. Depuis le début de la guerre au Yémen, en mars 2015, des bombardements massifs sont menés sur des lieux publics. « Même si les structures médicales sont explicitement protégées par le droit humanitaire, rien n’est respecté » dénonce Raquel Ayora.
MSF demande une enquête indépendante
MSF a décidé de demander une enquête indépendante à la Commission internationale humanitaire d'établissement des faits (CIHEF) sur l’attaque du 10 janvier à l'hôpital Shiara. « De plus en plus, nous constatons que ces attaques contre des installations médicales sont minimisées ou qualifiées de simples erreurs », déplore Mme Ayora. « La semaine dernière, le secrétaire britannique aux Affaires étrangères a nié le fait que l'Arabie saoudite ait violé le droit humanitaire au Yémen. Cela impliquerait donc que bombarder un hôpital par erreur serait une chose acceptable.»
« Au Yémen et en Afghanistan, quatre de nos installations médicales ont été attaquées », a déclaré Joanne Liu, présidente internationale de MSF. « Est-ce cela la nouvelle tendance ? Un hôpital de MSF attaqué chaque mois ? Combien d'autres hôpitaux sont actuellement attaqués, au Yémen et dans d'autres pays en conflit ? Nous refusons d'accepter que cela continue en toute impunité. Il faut que les parties belligérantes garantissent de toute urgence que les hôpitaux en fonctionnement ne seront jamais des cibles légitimes », a-t-elle ajouté.