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Afghanistan : un décès supplémentaire imputable à l’attaque de l'hôpital de MSF à Kunduz


Près de trois semaines après le bombardement américain mené le 3 octobre dernier sur le centre de traumatologie de Médecins Sans Frontières (MSF) à Kunduz, en Afghanistan MSF confirme le décès supplémentaire d’un personnel MSF. Le nombre total de morts imputables à cette attaque s’élève aujourd’hui à au moins 30 personnes, dont 10 patients et 13 membres du personnel médical reconnus, et 7 corps méconnaissables retrouvés dans les ruines de l'hôpital et n’ayant pas pu être identifiés (ces personnes ont depuis été enterrées). Un membre du personnel MSF et deux patients portés disparus - et présumés morts - pourraient faire partie de ces sept corps non-identifiés ; des examens médico-légaux sont toujours en cours. Or ce bilan mortel n’est malheureusement probablement pas encore définitif.

©Dan Sermand/MSF. Kunduz, Afghanistan, 2015.
©Dan Sermand/MSF. Kunduz, Afghanistan, 2015.

A ce jour, MSF confirme également que 27 travailleurs MSF, ainsi que de nombreux patients et leurs accompagnants, ont été blessés. Dans le chaos qui a suivi l'attaque, retrouver la trace des patients a été extrêmement difficile et le nombre total de blessés pourrait être impossible à déterminer.

Au-delà du nombre de décès immédiat, la destruction du centre de traumatologie de 94 lits qui était géré par MSF aura un réel impact sur des centaines de milliers de personnes et leur accès aux soins chirurgicaux. Avec plus de 400 employés fournissant des soins chirurgicaux, des soins post-opératoires et de la rééducation de très haute qualité, cet hôpital était le seul établissement spécialisé du nord de l'Afghanistan. L'année dernière, 22 000 patients ont été pris en charge à l'hôpital et plus de 5 900 interventions chirurgicales ont été menées. Le personnel soignait tous ceux ayant besoin de soins médicaux, souvent des cas de traumatismes/blessures importants dus à des accidents de la circulation, des attentats à la bombe ou encore des blessures par balle.

Le personnel d'urgence avait été formé à la prise en charge en cas d’afflux de blessés sur de courts laps de temps, ce qui a été le cas au cours de la semaine qui a précédé l'attaque, alors que les affrontements faisaient rage dans la ville ; entre le 28 septembre et le 2 octobre, 394 blessés ont ainsi pris en charge.

Tout ce qui reste désormais de trois salles d’opération, des  services des urgences et des  consultations externes ainsi que de l'unité de soins intensifs sont des toits écroulés, des murs noircis, des sols recouverts de poussière et des restes de lits ou de brancards.

Aujourd'hui, dans un contexte qui reste instable, l'hôpital régional de Kunduz et un dispensaire situé à l'aéroport sont les seuls établissements pouvant fournir des soins médicaux gratuits à toute la ville. Depuis l’attaque, plusieurs donations de matériel médical ont été faites à ces structures, notamment de la part de MSF. Du personnel du ministère de la santé a été transféré d'autres provinces vers Kunduz, afin d’apporter un renfort. La capacité chirurgicale de ces installations est limitée et les cas médicaux complexes ne pouvant pas y être pris en charge doivent être transportés vers les hôpitaux d'autres villes.

Une équipe MSF réduite est revenue à Kunduz pour évaluer les dégâts, assurer une bonne collaboration dans les enquêtes en cours et s’assurer du devenir de notre personnel. Mais, jusqu'à ce que MSF comprenne ce qui s’est réellement passé la nuit de l'attaque et tant que nous n’aurons pas de réelles garanties que cela ne se reproduise pas, le centre de traumatologie de Kunduz ne pourra pas être rouvert. Notre personnel et nos patients doivent être en sécurité.