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Toutes les bonnes choses ont une fin

Country
Burundi

Première Mission bannerToutes les bonnes choses ont une fin, nous visitons aujourd'hui le troisième projet de MSF au Burundi: le centre de Kabezi.

Tout se déroule comme pour les premières visites de projet, dès notre arrivée nous sommes accueillis par Arendt, le coordinateur qui nous briefe sur l'organisation du centre. Le centre de Kabezi prend en charge toute les urgences obstétricales dans la province rurale de Bujumbura, ce qui représente trois districts et 24 centres de santé. Quand une femme enceinte se présente dans un centre de santé, et que l'accouchement risque de se compliquer, le CDS (centre de santé de district) contacte l'hôpital de Kabezi qui envoie une ambulance pour référer (transférer) la patiente.  De nombreuses urgences peuvent ainsi être correctement soignées. A titre d'exemple, l'hôpital de Kabezi prend en charge les dystocies, les éclampsies, les ruptures prématurées de membranes, les hémorragies pendant la grossesse ou post partum et bien d'autres. Depuis 2009, MSF tient même une section néonatale capable de sauver des prématurés de 28 semaines!
 
Si ces prouesses médicales m'ont impressionné, la visite était encore meilleure! C'est Julie, une staff nationale et infirmière en chef qui m'a guidé pendant le tour d'hôpital. Pendant ce temps, Lisa (l’autre étudiante qui fait également partie de cette « mission ») était partie avec l'ambulance pour une référence. L'hôpital est stupéfiant, il possède un laboratoire, capable de réaliser les tests de routine (hémoglobine, glycémie, sérocontrôles...), deux blocs opératoires de qualité comparable aux nôtres en Europe, 67 lits pour les hospitalisations normales, 17 pour la néonatologie, deux salles pour la méthode kangourou...  D'un point de vue logistique, c'est certainement le projet le plus intéressant que nous avons eu la chance de voir pendant notre voyage.
 
Peu après la visite, c'est à mon tour de partir en ambulance, pour une contre-référence cette fois-ci (on reconduit les mères et leurs bébés vers le centre médical d'où elles viennent). Le chauffeur de l'ambulance s'appelle Saidi. Je n'ai pas manqué l'occasion de discuter un peu avec les mères, Saidi faisant office d'interprète. J'ai appris qu'elles étaient très heureuses d'avoir été soignées par MSF car, d'après leurs dires, beaucoup de femmes et d'enfants meurent pendant les accouchements. De plus, trouver de l'aide est très difficile car certains villages sont situés à 17 kilomètres du CDS le plus proche.

Nous avons pris trois-quarts d'heure pour parcourir la vingtaine de kilomètres, qui séparent l'hôpital, du village des mères que nous conduisons. Il faut dire que la route est en terre, qu'elle monte dans la montagne en empruntant des virages serrés (sans gardes fous sur les côtés), et que les nombreux cahots ralentissent fortement notre avancée.
 
Les explications d’Arendt, la visite de l'hôpital avec Julie, et la contre-référence avec Saidi, ont suffit à me convaincre de l'importance de ce projet. D'ailleurs, les chiffres parlent d'eux même: grâce à l'investissement de MSF, la mortalité infantile, pour les accouchements avec assistance médicale, a diminuée de 74%.

Malheureusement, MSF se retirer du projet d'ici la fin de l'année. Une passation au gouvernement est prévue et a déjà commencé. La passation a déjà eu lieu pour le district Rwibaga et nous assisterons à celle du district d'Isale demain. MSF arrêtera complètement ses activités d'ici la fin de l'année et le projet dépendra alors du ministère de la Santé.
 
En discutant avec les expatriés, beaucoup sont assez pessimistes quant à cette passation. Ils craignent que le gouvernement n’ait pas les moyens de maintenir ce projet. Arendt, lui estime qu'il ne faut pas être pessimiste mais plutôt réaliste: évidemment, le gouvernement ne pourra pas reprendre le centre de santé avec les mêmes critères de qualité que ceux de MSF. Cependant, on peut espérer que grâce aux formations que MSF a donné au staff national, grâce aux infrastructures et au matériel, le projet se poursuivra. Au ralenti, certes, mais suffisamment pour apporter des soins de qualités au patients qui s'y présenteront.          

- Pierre