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Troubles sociaux violents et détérioration de la situation sanitaire : MSF renforce son offre de soins à Haïti

La grave crise économique et politique qui secoue Haïti s’est aggravée depuis septembre avec notamment une augmentation du nombre de blessés violents dans la capitale Port-au-Prince.

En septembre, l’hôpital MSF des grands brûlés de Drouillard a connu un pic d'activité lorsqu'il a admis 141 patients souffrant de brûlures graves. Si la plupart des blessures étaient de nature accidentelle, certaines étaient aussi directement liées aux manifestations violentes qui avaient secoué la capitale, comme des brûlures par cocktail molotov. Depuis le début de l’année, le centre de stabilisation d'urgence de MSF dans le bidonville de Martissant reçoit quant à lui en moyenne 230 personnes chaque mois qui souffrent de plaies par balle, de lacérations ou d'autres blessures dues à la violence.

L'extérieur du centre de Martissant
L'extérieur du centre de Martissant à Port-au-Prince © Sandra Lamarque/MSF. Juillet 2019.

Nouvel hôpital pour les victimes de trauma

Face à l’augmentation des besoins pour la population à Port-au-Prince, MSF a ouvert une nouvelle structure hospitalière dans le quartier de Tabarre pour traiter les victimes de traumatismes accidentels ou liés à la violence urbaine, en plus de l’augmentation de ses  donations de médicaments, matériels médicaux, oxygène aux structures de santé locales.

Ce nouvel hôpital de 25 lits emploie actuellement 170 personnes, dont huit chirurgiens, et passera progressivement jusqu’à 50 lits. La première nuit, quatre patients y avaient été admis, parmi lesquels un enfant de douze ans, blessé par un coup de couteau au ventre. Au bout de cinq jours, 21 patients y avaient été soignés, pour la moitié des personnes avec blessure sévère causée par une arme à feu ou arme blanche. 

« L'ouverture de cet hôpital spécialisé en urgences traumatologiques à Tabarre répond à un besoin vital. Mais ce n’est pas suffisant pour faire face à tous les besoins, précise Jane Coyne, cheffe de mission de MSF en Haïti. A cause de la grave crise économique et politique que traverse le pays, de nombreux hôpitaux peinent à continuer de fonctionner ».

Alix Clautilde sur son lit d'hôpital
Alix Clautilde a été blessée à la jambe par une balle perdue lors d’une fusillade au quartier de Cité Soleil à Port-au-Prince, où elle habite © Caroline Frechard/MSF. Novembre 2019.

Détérioration de l’offre de soins

Alors que les rues sont régulièrement bloquées par des barricades érigées avec des pneus en feu, des câbles, et qui prennent parfois la forme de murs construits du jour au lendemain, il est de plus en plus difficile pour les ambulances de se déplacer, et pour les installations médicales de s’approvisionner en carburant, en oxygène, en sang, en médicaments et autres matériels médicaux. Depuis des mois, le service national d'ambulance haïtien connaît des incidents répétés qui réduisent sa capacité d'intervention en cas d'urgence médicale.

« MSF bénéficie d’une bonne réputation en Haïti ; nos véhicules sont donc généralement respectés et peuvent traverser les barrages, explique Ella Lambe, coordinatrice du projet de MSF à Port-à-Piment.  Cependant, certains centres de santé où nous avons transféré des patients ont été pillés, et certains de nos véhicules ont été caillassés. »

Dans les zones rurales comme Port-à-Piment, dans l'ouest d'Haïti, la détérioration de l’offre de soins est évidente. Un centre de santé local, dans lequel MSF soutient depuis longtemps les services d'urgence et de santé maternelle, peine désormais à transférer les patients vers les hôpitaux pour qu’ils reçoivent davantage de soins. 

« Avant, nous pouvions envoyer des patients dans une autre structure de soins en une heure pour des besoins urgents, comme des accouchements par césarienne par exemple, poursuit Ella Lambe. Maintenant, il faut entre trois et cinq heures pour atteindre un hôpital en mesure de s'en occuper. »

barricades
Barricades érigées par des manifestants dans le quartier de Martissant © Samira Loulidi. Février 2019. 

En collaboration avec le ministère haïtien de la Santé publique et de la Population, MSF soutient les hôpitaux publics de plusieurs façons - par exemple par la réhabilitation d’une partie de la salle d'urgence de l'hôpital universitaire d'État, des activités de formation pour le personnel de santé, et le don de médicaments et de fournitures essentielles comme l'oxygène.

MSF en Haïti

MSF a commencé à travailler en Haïti en 1991 par des interventions d'urgence en réponse à des catastrophes naturelles et d’autres crises. Suite au tremblement de terre du 12 janvier 2010, MSF a lancé la plus importante intervention d'urgence de son histoire.

MSF a ouvert une première fois un hôpital à Tabarre en 2012, pour fournir des soins d'urgence aux personnes souffrant de blessures traumatiques dans un pays dévasté par le séisme de 2010. L'hôpital, baptisé "Nap Kenbe", a progressivement réduit ses services ces dernières années et admis son dernier patient fin 2018. Face à l’augmentation des besoins, MSF a décidé de relancer cette activité sur le même site de Tabarre.