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Pourquoi Ebola sévit à l'est de la RDC depuis un an?

Ce 1er août, la pire épidémie de fièvre hémorragique Ebola de l'histoire de la République démocratique du Congo entre dans sa deuxième année et la situation sur le terrain reste préoccupante.

Une équipe médicale entre dans la zone à haut risque du centre de traitement Ebola de Mangina. Ils administrent l'un des cinq traitements Ebola à un garçon de sept ans arrivé deux jours auparavant à un stade très avancé de la maladie. Il est très important de surveiller la perfusion et d’adapter la quantité de gouttes par minute
Des travailleurs de la santé sont dans la « zone rouge » d’un centre Ebola construit par MSF à Bunia © John Wessels

1. IL FAUT REGAGNER LA CONFIANCE DE LA POPULATION

Environ un tiers des décès liés à Ebola ont été diagnostiqués post-mortem jusqu'à présent, alors qu'il s'écoule en moyenne six jours entre l'apparition des symptômes et le moment où un patient est admis dans un centre de traitement ou de transit Ebola. Cela est notamment dû au manque général de confiance dans la réponse qui conduit les personnes atteintes du virus à mourir au sein de leur communauté, et par conséquent, à ne jamais se faire connaitre.

Car chaque réponse au virus Ebola nécessite la confiance de la communauté. Les rumeurs sont souvent à l'origine de nombreux dommages : on suppose que les patients sont tués dans les centres ou que les acteurs impliqués volent des organes ou du sang, certains pensent qu’Ebola est causé par la sorcellerie.

Personnel de MSF en habits de protection ebola
Des membres du personnel MSF en tenues de protection contre Ebola dans un centre de traitement au Nord-Kivu © MSF, 2018.

De plus, une intervention Ebola peut sembler très inhumaine pour la communauté : quiconque est suspecté d'être infecté est immédiatement isolé, avec la possibilité que le patient en question ne revoie jamais sa famille et ses amis. Le lieu où le patient est identifié est radicalement désinfecté ; les morts sont enterrés dans des conditions strictes qui ne permettent pas à la famille de dire au revoir selon leurs traditions respectives... Ce sont toutes des mesures prises pour protéger la population, mais qui peuvent paraître effrayantes.

2. Le Nord-Kivu, une région en proie au conflit

Le Nord-Kivu, région densément peuplée, est ravagé par un conflit depuis plus de 25 ans. Environ sept millions de personnes sont régulièrement exposées à de graves violences en raison de l'agitation et de l'insécurité persistantes. En conséquence, l'accès aux soins médicaux reste très limité pour des milliers de personnes. Par peur de devoir traverser des zones de conflit, beaucoup attendent le tout dernier moment pour obtenir de l'aide médicale. C’est pour la même raison que nos équipes n’ont pas toujours eu accès à certaines zones, ce qui a empêché ou retardé la détection, l'identification ou l'isolement en temps voulu des patients présumés d'Ebola.

Une équipe médicale entre dans la zone à haut risque du centre de traitement Ebola de Mangina. Ils administrent l'un des cinq traitements Ebola à un garçon de sept ans arrivé deux jours auparavant à un stade très avancé de la maladie. Il est très important de surveiller la perfusion et d’adapter la quantité de gouttes par minute
Une équipe médicale entre dans la zone à haut risque du centre de traitement Ebola de Mangina. Ils administrent l'un des cinq traitements Ebola à un garçon de sept ans arrivé deux jours auparavant à un stade très avancé de la maladie. © Carl Theunis/MSF

Par ailleurs, les travailleurs de la santé associés à la réponse d'Ebola ne jouissent toujours pas de la confiance nécessaire. Ils ont été spécifiquement ciblés, ce qui a parfois entraîné la suspension, la limitation ou l'annulation d'activités cruciales telles que la recherche des contacts, les enquêtes d'alerte ou les campagnes de vaccination. MSF elle-même a été contrainte de quitter Katwa et Butembo en février, après de violentes attaques contre les centres de traitement Ebola où nous travaillions.

3. Une approche à repenser

La réponse doit s'adapter d'urgence aux besoins et aux attentes de la population, y compris en termes de préférences dans l'offre de soins de santé, si nous voulons maîtriser l'épidémie.

C'est pourquoi MSF s'efforce d'intégrer ses activités liées à Ebola dans les centres de santé et les hôpitaux locaux, en cherchant à encourager la déclaration précoce des symptômes et à faciliter le dépistage précoce des cas suspects. Les indications sont positives : en juillet, 20% des patients admis dans un centre de traitement Ebola à Beni ont été référés par un centre de santé soutenu par MSF, soit un pourcentage supérieur à celui des patients référés par les centres de transit Ebola.

4. élargir la vaccination expérimentale

Enfin, MSF se joint à l'appel de nombreux experts qui recommandent d'élargir l'accès à la vaccination expérimentale utilisée dans cette réponse. Plus de 170 000 personnes ont reçu le vaccin jusqu'à présent dans le cadre d'une approche de " vaccination en anneau " qui cible les contacts des patients Ebola confirmés et des travailleurs de première ligne, mais l'accès à la vaccination doit être élargi pour couvrir toutes les populations à risque.

Que fait MSF sur place?

carte des projets de MSF en RDC

Depuis la déclaration de l'épidémie, MSF est intervenue dans différentes régions de la région et sur plusieurs fronts :

  • soins aux patients
  • gestion des cas suspects
  • prévention et contrôle des infections
  • enquêtes d'alerte
  •  promotion de la santé

Suite aux attaques contre les centres de traitement Ebola de Katwa et Butembo en février, nos équipes se sont concentrées sur le soutien aux établissements de santé locaux, pour faciliter l'accès aux soins dans un contexte Ebola et pour faciliter la détection et le diagnostic précoce des cas.

Nos équipes travaillent actuellement à soutenir l'infrastructure sanitaire locale dans des villes telles que Goma, Beni, Lubero et Kayna au Nord-Kivu et Bunia, Mambasa et Biakato en Ituri.