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Nord du Mozambique : Un conflit invisible aux conséquences bien réelles

En février 2019, les équipes de MSF ont commencé à travailler dans la province de Cabo Delgado, au nord du Mozambique, où la population fait face à un climat de violence, à des phénomènes météorologiques extrêmes et à des services publics insuffisants, notamment un accès limité aux soins de santé primaire.

La province de Cabo Delgado est dotée d’importantes ressources naturelles telles que des rubis, du pétrole, du bois et de l’or, ainsi qu’un immense potentiel économique. De plus, en raison de l’exploitation de ces ressources et de leur emplacement, à la frontière avec la Tanzanie, la province est en proie à des activités illégales, notamment de la contrebande de drogues et d'ivoire.

Un conflit négligé

Les équipes de MSF ont vu de nombreuses personnes sur les routes, contraintes de fuir leurs villages incendiés. Bon nombre ont dû fuir leur foyer et se réinstaller dans une autre partie de la province, souvent chez des membres de leur famille ou des proches. Par conséquent, il est très difficile de déterminer l’ampleur exacte des déplacements, mais MSF estime à plus de 60.000 le nombre de personnes déplacées.

Les zones côtières sont les plus durement touchées par les actes de violence. Bon nombre de leurs habitants se sont réfugiés dans de plus grandes régions urbaines, telles que l’île d’Ibo, Mocímbo da Praia, Macomia et Pemba, la capitale de la province.

Outre la violente insurrection, les habitants de Cabo Delgado ont également été chassés de leurs maisons et de leurs moyens de subsistance par le cyclone Kenneth, qui a frappé le Mozambique en avril 2019, entrainant des cas de choléra.

Abel Mauro Antonio, promoteur de la santé, explique à la population rassemblée sous l'arbre ce qui va se passer et pourquoi MSF est là.
Abel Mauro Antonio, promoteur de la santé, explique à la population quels sont les projets que MSF va mettre en oeuvre à la suite du cyclone Kenneth. 

©Giuseppe La Rosa, avril 2019.

Mesures prises par MSF pour améliorer l’accès aux soins

A Cabo Delgado, l’accès aux soins est très limité par rapport aux besoins de santé des habitants de la province, en particulier pour le paludisme, la malnutrition, les maladies respiratoires et les soins prénatals. La situation est encore plus dramatique pour les personnes déplacées par la violence ou le cyclone, car leurs conditions de vie les rendent plus vulnérables face à ces maladies. Sans compter la perte d’accès à leurs terres et à leurs récoltes, qui a aggravé l’insécurité alimentaire et les niveaux de malnutrition.

Le nombre de patients qui se rendent dans les centres de santé dans les zones urbaines a augmenté en raison de l’arrivée en masse de personnes déplacées. MSF s’est principalement concentrée sur Macomia, ville de l'intérieur du pays où vivent aujourd'hui de nombreuses personnes déplacées et où les services de santé sont quasi inexistants. MSF gère un centre de santé dans la ville, aux côtés du ministère de la Santé.

Déchargement des articles IFN d'un camion sur un bateau
A la suite du cyclone, les équipe MSF ont mobilisé et distribué des kits contenant des articles de premier secours. ©Giuseppe La Rosa, avril 2019.

Les besoins restent très importants

La sécurité reste un enjeu d’ampleur et nous parvenons difficilement à accéder à toutes les personnes dans le besoin. À Mocímbo da Praia, nous mettons actuellement en place des activités en soutien à l’hôpital local, dans l’espoir que cela nous permette d’accéder à une autre partie de la province. Pour MSF, il ne s’agit là que d’un début, et nous cherchons à nous étendre dans les zones où les besoins sont les plus importants.

Mais nous devons être réalistes ; les besoins sont immenses et nous sommes la seule organisation médicale de terrain présente à Cabo Delgado. Nous devrons continuer à nous concentrer sur les zones où nous pouvons avoir un réel impact. Nous constatons notamment un besoin de soins sur certaines îles et dans plusieurs villes côtières, et souhaitons y étendre notre soutien.

MSF poursuivra son intervention dans ces environnements dangereux, mais il restera difficile d’accéder aux populations les plus vulnérables. En effet, dans certaines zones, les routes sont trop dangereuses ou les violences trop imprévisibles. Par conséquent, nous revoyons et mettons régulièrement à jour nos stratégies dans ce contexte hautement explosif, et instaurons des restrictions pour garantir la sécurité de nos équipes.