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La réponse à l’épidémie Ebola en RDC doit être revue d’urgence

Sept mois après le début de la plus importante épidémie d’Ebola en République démocratique du Congo (RDC), et dans un climat de méfiance croissante de la part de la communauté, la riposte ne parvient pas à maîtriser l’épidémie, a déclaré Médecins Sans Frontière (MSF) lors d’une conférence de presse à Genève le 7 mars dernier.

Depuis le début de l'année, plus de 40% des nouveaux cas sont des personnes décédées d'Ebola chez elles, dans les communautés. À l'épicentre de l'épidémie, à Katwa et Butembo, 43% des patients au cours des trois dernières semaines ont été infectés sans que l’on puisse identifier de lien avec d'autres cas.

« Nous sommes face à une contradiction frappante : d’un côté, une réponse rapide et importante grâce à de nouveaux outils médicaux comme les vaccins et les traitements qui donnent des résultats prometteurs quand les patients arrivent tôt, de l’autre, des personnes infectées par Ebola qui meurent dans leurs communautés et qui n’ont pas suffisamment confiance en la réponse pour venir se faire soigner », a expliqué Dr Joanne Liu, présidente de MSF international.

Le centre de Katwa photographié le lundi 25 février, au lendemain de l'attaque. © MSF
Le centre de Katwa photographié le lundi 25 février, au lendemain de l'attaque. © MSF

attaques sur des centres de traitement

La semaine dernière, MSF a suspendu ses activités de lutte contre Ebola à Katwa et Butembo, dans la province du Nord-Kivu, à la suite d’attaques successives sur deux centres de traitement Ebola. Bien que MSF ne connaisse pas les motifs ou l’identité des agresseurs, ces incidents accompagnent l’escalade des tensions autour de la riposte Ebola. Durant le mois de février uniquement, des dizaines d’incidents sécuritaires ont eu lieu à l’encontre de l’ensemble des activités Ebola. Les causes de ces actes ne sont pas toutes les mêmes, néanmoins, il est clair que les divers griefs politiques, sociaux et économiques se cristallisent de plus en plus autour de la réponse.

Une série de problèmes ont conduit à ces tensions : citons le déploiement massif de ressources financières centré seulement sur Ebola, dans une région négligée souffrant de conflits, de violence et d’un accès à la santé très limité depuis longtemps, ainsi que le report officiel des élections en raison de l’épidémie Ebola, exacerbant les soupçons selon lesquels Ebola serait une manigance politique.

L’utilisation de la police et des forces armées pour imposer aux gens des mesures sanitaires pour lutter contre Ebola conduit à se mettre davantage à l’écart de la communauté, ce qui est contre-productif pour contrôler l’épidémie. Le recours à la coercition pour des activités telles que les enterrements sécurisés, le suivi des contacts de cas Ebola et l’admission dans les centres de traitement dissuade les personnes de venir se faire soigner et les pousse à se cacher.

Un nouveau tournant Nécessaire dans la réponse

La réponse Ebola doit prendre un nouveau tournant. Les patients et leurs familles doivent pouvoir choisir comment gérer la maladie. La vaccination contre Ebola doit toucher plus de personnes et, pour cela, nous nécessitons davantage de vaccins. D’autres besoins urgents en matière de santé doivent être pris en compte. Et la force ne doit pas être utilisée comme un outil pour tracer et traiter les patients, contraindre à des enterrements sécurisés ou décontaminer les maisons.

« Ebola est une maladie cruelle qui génère la peur, qui isole les patients, les familles et les soignants, ajoute Dr. Joanne Liu. La réponse doit être axée sur les patients et les communautés. Les patients doivent être traités en tant que tel, et non considérés comme une sorte de menace biologique. »

Réponse de MSF

Sept mois après le début de l'épidémie actuelle d'Ebola dans les provinces du Nord-Kivu et de l'Ituri, il y a eu 907 cas d'Ebola (841 confirmés et 66 probables) et 569 personnes sont décédées.*

À la suite de la suspension de ses activités à Katwa et Butembo, MSF a maintenu ses actions liées à Ebola dans les villes de Kayna et Lubéru dans le Nord-Kivu, ainsi que sa gestion de deux structures de transit Ebola dans la province de l’Ituri, à Bwanasura et Bunia. À Goma, MSF soutient les activités de préparation aux urgences en renforçant le système de surveillance et en veillant à garantir une capacité suffisante pour isoler les cas suspects.

* Source : rapport de l'OMS pour la semaine 9