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De plus en plus de mineurs étrangers non accompagnés sont laissés pour compte dans les rues de Bruxelles

Des mineurs étrangers non accompagnés (MENA) de plus en plus jeunes sont aussi de plus en plus nombreux à vivre seuls dans des squats ou dans la rue, à Bruxelles. Certains d’entre eux n’ont pas plus de 9 ans.

Face à cette situation inquiétante, nous avons lancé en partenariat avec SOS Jeunes/Quartier libre AMO, Médecins du Monde et la Plateforme Citoyenne Bxl Refugees, un appel aux autorités pour que ces enfants soient immédiatement et correctement pris en charge. « Ces enfants doivent pouvoir bénéficier d’un logement, de la nourriture et d’un accès aux soins de santé. Les autorités doivent pouvoir leur permettre de bénéficier d’un lieu d’accueil sanctuarisé et bienveillant », explique Julien Buha Collette, chef des projets de MSF en Belgique.

Dehors pendant la nuit à 14 ans

Je m’appelle Sami*, je suis érythréen et j’ai 14 ans. Je suis arrivé en Belgique il y a environ deux semaines avec un ami. À notre arrivée, nous avons pu être hébergés pendant trois jours dans une famille. Après cela, nous n'avions pas d'endroit où dormir et sommes donc allés voir les associations qui proposent des hébergements à l’hôtel Van Belle. Mais il n’y avait pas de places. Nous sommes restés dehors, nous n’avons pas fermé l’œil de la nuit. Nous nous occupions sur nos téléphones, mais on m’a volé le mien. Aujourd’hui, nous dormons à l’hôtel Van Belle, mais où irons-nous le jour où nous devrons le quitter ?
* nom d'emprunt

Des enfants seuls face aux dangers de la rue

La situation de ces enfants laissés pour compte est particulièrement inquiétante. Et pour cause ! Ils sont inévitablement exposés aux difficultés de la vie en rue et à ses dangers. Dans ces conditions de précarité extrême, des conduites à risque, telles que la consommation d’alcool et de médicaments, sont très répandues parmi certains groupes de jeunes. Il est par conséquent aussi absurde qu’angoissant de ne pas pouvoir répondre favorablement à leur demande d’hébergement, faute de places disponibles.

« C’est très dur pour nous de laisser un jeune dehors. Parfois, ils viennent nous voir à six. À ce moment-là, c’est très angoissant, car nous savons que nous allons avoir du mal à leur trouver des places d’hébergement. S’il n’y en a pas assez, comment choisir parmi les six enfants ? Sur quels critères se base-t-on ? Après nos journées de travail, nous voyons des mineurs aller dormir dans la rue, et c’est insupportable », explique l’équipe mobile de sensibilisation composée de soignants et de promoteurs de la santé de MSF, de Médecins du Monde et du Samusocial ; une équipe qui sillonne les structures agrées et non-agrées (comme les squats) au sein de la région bruxelloise.

Des réponses adaptées sont urgentes

Certains de ces enfants ne souhaitent pas se signaler auprès des autorités concernées par peur ou manque de confiance dans le système existant. Pour eux, la situation est particulièrement critique puisqu’ils ne bénéficient d’aucun suivi adapté.

MENA au Hub de Bruxelles
Un jeune dans la salle d'attente du Hub humanitaire à Bruxelles, qui est géré par MSF et d’autres organisations. De plus en plus de MENA se sont présentés au Hub ces derniers mois. © Bruno De Cock/MSF.

C’est inacceptable qu’aucune réponse spécifique d’accueil et proportionnelle à l’ampleur de la situation ne soit envisagée pour ces enfants, alors que la Belgique soit signataire de la Convention internationale des droits de l’enfant qui stipule clairement que chaque enfant le droit d’être soigné, d’avoir un abri, d’être protégé et d’avoir des conditions de vie décentes.

« Il faut un accueil inconditionnel pour ces enfants sur le territoire bruxellois, avec une prise en charge pluridisciplinaire qui leur permet de se sentir en sécurité, explique Julien Buha Collette. Cela comprend notamment un accès aux soins et la possibilité d'avoir en sa possession toutes les informations nécessaires pour discuter librement de leurs situations actuelle et souhaitée. C’est une question de volonté de la part des autorités. Il faut se dire : « ce sont des enfants et ils sont à la rue ». Point !  ».

Une augmentation inquiétante

Cette situation est d’autant plus préoccupante que le nombre de ces mineurs non accompagnés vivant dans la rue à Bruxelles a fortement augmenté ces derniers mois. À titre d’exemple, lors des réponses de logement d’urgence mises en place en avril dernier par nos équipes dans le contexte d’expulsion de squats, un tiers des personnes en demande étaient mineures

Ces MENA ont des droits comme tous les enfants

MSF appelle à ce que ces enfants soient considérés comme des mineurs dont les droits fondamentaux doivent être respectés quel que soit leur statut administratif. Ils doivent être protégés et leurs besoins de base doivent être pris en charge.