Coronavirus : toutes les infos en 3 questions
1. Où en sommes-nous ?
Plus de 100 pays ont désormais signalé des cas. Le 11 mars, l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a qualifié le COVID-19 de “pandémie”. La plupart des pays n'ont encore que des cas sporadiques ou des foyers définis. 90% des 118 000 cas sont signalés dans quatre pays: les cas en Chine sont désormais en baisse, mais il y a des flambées majeures en Italie, en Iran et en Corée du Sud. Dans d'autres pays, notamment en Europe, les chiffres augmentent de façon exponentielle.
Contrairement à la grippe, il n'y a pas de pré-immunité connue, pas de vaccin, pas de traitement spécifique et tout le monde peut être contaminé. Le risque est de contracter une maladie respiratoire bénigne pour la grande majorité (estimée à 80% des cas confirmés), mais elle a un taux plus élevé de complications assez graves pour les personnes vulnérables (personnes âgées et personnes avec des comorbidités) que d'autres virus comme la grippe.
Des mesures publiques comme l'isolement, la quarantaine et la distance sociale sont généralement mises en place pour limiter une transmission communautaire incontrôlée, ralentir le nombre de cas et de patients gravement malades et protéger les plus vulnérables tout en gérant les ressources de santé collectives.
Cette épidémie, en termes d’ampleur, de propagation et de rapidité au niveau mondial a un impact énorme sur les systèmes de soins de santé dans les pays touchés. Hospitaliser un grand nombre de personnes, pendant une période relativement longue, et à un niveau de soins élevé, représente un véritable défi, y compris pour les systèmes de santé les plus avancés. Nous sommes très préoccupés par les conséquences dans les pays où les systèmes de santé sont moins solides, et qui auront encore plus de difficultés s'ils doivent faire face à un grand nombre de patients atteints de COVID-19.
2. Que fait MSF ?
A) Assurer la continuité des soins médicaux
Pouvoir assurer la continuité des soins médicaux au sein de nos différents projets, représente un défi au regard des restrictions actuelles en matière de voyages, qui limitent la capacité de notre personnel à se déplacer dans différents pays. Une pression mondiale pèse également sur la production de certaines ressources médicales, en particulier les équipements de protection individuelle des professionnels de santé.
Il est difficile de prévoir les capacités futures en approvisionnement de certains matériels essentiels au sein de nos projets, tels que les masques chirurgicaux, les compresses, les gants et les produits chimiques nécessaires au diagnostic du COVID-19. Un risque de pénurie existe également en raison du manque de production de médicaments génériques et des difficultés d'importation de médicaments essentiels (par exemple les antibiotiques et les antirétroviraux).
B) La protection de nos patients et du personnel de santé
Dans les endroits où le risque de cas est le plus élevé, nous devons nous assurer que des mesures de contrôle de l'infection sont en place, et mettre en place un système de dépistage au niveau du triage, des zones d'isolement et des actions de sensibilisation. Dans la plupart des pays où MSF intervient, nous travaillons en coordination avec l'OMS et les ministères de la santé, pour voir comment MSF pourrait aider en cas de surcharge liée à des patients atteints du COVID-19. Nous dispensons aussi des formations sur le contrôle des infections dans les établissements de santé.
C) Nos actions contre l'épidémie
En Italie, MSF a commencé cette semaine des activités de soutien au contrôle de l'infection et aux soins aux patients dans quatre hôpitaux situés à l'épicentre de l'épidémie. À Hong Kong, notre activité d'éducation sanitaire et de soutien à la santé mentale se poursuit pour les groupes vulnérables. En Iran, MSF a soumis une proposition aux autorités pour contribuer à la prise en charge des patients atteints de COVID-19. La possibilité de faire des offres similaires à d'autres pays dépendra de la nature de l'épidémie, mais aussi de notre capacité à nous déployer.
3- Quelles sont les principales préoccupations de MSF ?
MSF est extrêmement préoccupée par la manière dont le COVID-19 pourrait affecter les populations vivant dans des environnements précaires tels que les sans-abri, les personnes vivant dans des camps de réfugiés en Grèce ou au Bangladesh, ou les populations touchées par les conflits au Yémen ou en Syrie. Ces personnes vivent dans des conditions souvent peu hygiéniques et leur accès aux soins de santé est déjà gravement compromis.
D'une manière générale, nous sommes très inquiets de la manière dont les épidémies de COVID-19 affecteront les pays dont les systèmes de santé sont déjà fragiles, comme la RCA ou le Yémen.
Les infections du personnel de santé sont probables dans des structures submergées par un grand nombre de patients, devant faire face à un approvisionnement limité en équipements de protection pour le personnel, et à une potentielle réduction des effectifs. La sécurité du personnel de santé doit être une priorité absolue dans tous les établissements de soins.
Afin de garantir que les outils médicaux nécessaires de toute urgence sont accessibles, abordables et disponibles, les gouvernements, les sociétés pharmaceutiques et tous les autres organismes de recherche qui travaillent au développement de traitements, de diagnostics et de vaccins, devraient prendre les mesures nécessaires pour :
- empêcher les brevets et les monopoles de limiter la production et l'accès à un prix abordable ;
- garantir l'accès à des médicaments existants, et qui pourraient être utilisés pour traiter le coronavirus, pour les patients souffrant des maladies pour lesquelles ils ont été conçus, afin d’assurer la continuité des soins ;
- donner la priorité à la disponibilité des outils médicaux pour la protection et le traitement des travailleurs de santé de première ligne ;
- Améliorer la transparence et la coordination, en veillant à mettre en place une approche fondée sur des données solides, pour surveiller en permanence le risque de vulnérabilité potentielle de la chaîne d'approvisionnement en outils médicaux essentiels, et pour adapter les mesures d'atténuation, le cas échéant, grâce à une collaboration internationale.