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Burkina Faso : La crise négligée du Sahel

Depuis le mois de janvier 2020, le Burkina Faso fait face à une crise de déplacement la plus rapide parmi tous les pays du Sahel. Plus d'1,9 million de personnes ont été forcées de fuir leur foyer à cause du conflit entre les groupes armés non étatiques et les forces gouvernementales qui perdure depuis 2015.

Les déplacements massifs, le manque de nourriture, d'eau et d'abris, ainsi qu'un climat permanent d'une extrême violence rendent très difficile l'accès des patients aux services de santé essentiels. En effet, outre le danger physique que représentent les déplacements vers les établissements de santé dans les zones d’insécurité, de nombreux établissements de santé ne fonctionnent plus. Alors que les centres de santé fonctionnels et les voies de références deviennent rares, le nombre d'attaques violentes et les besoins médicaux globaux continuent d'augmenter.

C’est pourquoi MSF déploie une série d’activités allant de la santé communautaire décentralisée à la fourniture massive d'eau dans les régions arides, en passant par le traitement de la malnutrition aiguë sévère. Nos équipes prodiguent également des soins en santé mentale et pratiquent des interventions chirurgicales. Depuis le début de l´année, MSF a conduit plus de 365 694 consultations médicales, 30 439 consultations prénatales et pratiqué plus de 311 interventions chirurgicales.

Camp pour personnes déplacées à Gorom Gorom, dans la région du Sahel du Burkina Faso. Mars 2022. © MSF/Mohamed El-Habib Cisse
Camp pour personnes déplacées à Gorom Gorom, dans la région du Sahel au Burkina Faso. Mars 2022. © MSF/Mohamed El-Habib Cisse

 

Impossible d’atteindre toutes les personnes ayant besoin d’aide

La ville de Djibo, au nord du pays, est assiégée depuis la mi-février 2022, ce qui rend pratiquement impossible l'accès des personnes, des commerçants et de l'aide humanitaire. Les routes sont dangereuses et les vols humanitaires sont irréguliers ou tout simplement suspendus pour des raisons de sécurité.

Hama Amadou a été le coordinateur de projet de MSF à Djibo pendant près d’un an. Il témoigne de son expérience et de son inquiétude quant à la situation actuelle.

« Avec l'insécurité qui règne à proximité de la ville, les organisations médicales et humanitaires comme la nôtre sont souvent dans l'incapacité d'atteindre les personnes vivant en périphérie de la ville, en raison du contexte d'insécurité. A Djibo, nous avons dû suspendre le déplacement de nos équipes car la route n'est plus sûre à cause des fréquents check-points des groupes armés, embuscades et même des engins explosifs improvisés. »

Dans de nombreuses villes et zones où MSF travaille, Il est souvent difficile même pour les organisations médicales et humanitaires d'atteindre les personnes, car les déplacements mettent souvent en danger les équipes de MSF.

Depuis quatre ans maintenant, nous avons pu constater la croissance exponentielle des besoins médicaux et humanitaires. L'accès aux soins est devenu de plus en plus compliqué pour la population. Dans la région du Sahel où se trouve Djibo, 65% des centres de santé sont aujourd'hui fermés et fonctionnent au minimum en raison de l'insécurité et d'un manque crucial de personnel.

Les équipes MSF présentes sur le site de la clinique mobile à Kaya au Burkina Faso. Mars 2022. © MSF/Mohamed El-Habib Cisse
Les équipes MSF présentes sur le site de la clinique mobile à Kaya au Burkina Faso. Mars 2022. © MSF/Mohamed El-Habib Cisse

Ne pas oublier cette crise

L'ampleur de la crise au Burkina Faso et les difficultés rencontrées par les journalistes pour accéder aux zones touchées ont limité la visibilité du côté humain de cette crise. Il est important de se rappeler que cette situation affecte un large éventail de personnes, de différents milieux, ethnies et âges.

« Ce qui se passe aujourd'hui et depuis des mois à Djibo reflète en réalité la situation qui prévaut dans tout le pays. Une situation où les populations civiles, les communautés locales et déplacées, sont les premiers à payer le prix de cette crise. Alors que le monde tourne son attention vers la guerre qui sévit en Ukraine et d'autres urgences humanitaires, la crise en cours dans cette région ne doit pas être oubliée. Nous devons continuer à raconter ces histoires humaines dont nous sommes témoins et à fournir une assistance médicale humanitaire aux personnes qui souffrent, car la communauté internationale ne doit pas détourner ni son attention, ni ses fonds, ni ses programmes. »