« Il y a encore des mamans qui mettent leurs enfants à risque de contracter des maladies mortelles ou qui ont des conséquences graves, simplement parce qu’elles n’ont pas suffisamment de moyens financiers pour acheter un comprimé de paracétamol. »
Sarah, promotrice de la santé, est partie plus de six fois en mission avec Médecins Sans Frontières. En 2016, elle est partie à Matadi, en République démocratique du Congo, pour une campagne de vaccination de masse contre la fièvre jaune. Et ce qu’elle a vu l’a révoltée : ne pas vouloir faire vacciner son enfant car on n’a pas les moyens d’acheter un paracétamol pour faire tomber une éventuelle poussée de fièvre (réaction au vaccin), ce n’est pas normal. Le coût des médicaments entrave trop souvent l’accès aux soins pour les personnes qui en ont besoin.
L’ACCÈS AUX SOINS DE SANTÉ
L’accès aux soins est inégal en fonction de l’endroit où l’on se trouve. Dans certains pays, et particulièrement dans les pays en voie de développement, les obstacles s’accumulent pour les personnes qui doivent accéder aux soins :
- les difficultés à trouver certains médicaments
- les ruptures de stock
- le manque d’argent
- le coût trop élevé des soins
- l’absence d’infrastructures sanitaires
- l’absence de traitement
- le manque de personnel médical qualifié
- les longues distances à parcourir pour atteindre un centre de santé
- le contexte d’insécurité
- la qualité des moyens de transport
- l’état du réseau routier
- les conditions climatiques…
La distance
Dans certains pays africains, par exemple, plus de la moitié de la population vit à plus de 10 km du premier centre de soins. Les patients sont alors contraints de se déplacer pendant des heures pour le rejoindre. C’est le cas de nombreuses femmes enceintes. Dès les premières contractions, elles se mettent en route parce qu’elles ne veulent pas accoucher sans assistance. Pouvoir accéder à des soins de base et à des soins obstétriques d’urgence est une question de survie.
Faire le voyage vers un centre de santé pour obtenir des médicaments peut vous coûter beaucoup de temps. Vous pouvez alors très bien vous retrouver sans d’autre choix que d’interrompre votre traitement. C’est le cas de beaucoup de patients atteints du VIH/sida en Afrique qui interrompent leur traitement antirétroviral car les trop nombreuses visites à la clinique sont trop coûteuses en temps et en frais de voyage, même si cela signifie pour eux une mort assurée.
De même, pour qu’un enfant soit immunisé contre les maladies les plus courantes, cinq visites de vaccination sont nécessaires durant sa première année. Mais les heures de marche, le coût du transport, les nombreuses heures prises pour se déplacer sont autant de facteurs qui peuvent contraindre les mères à abandonner le traitement de leurs enfants.
Les contextes d’insécurité rendent encore plus dangereux tous ces déplacements. Pour rejoindre un hôpital qui fonctionne dans une zone de conflit ou d’extrême violence, vous pouvez toujours espérer une période d’accalmie, mais si ce n’est pas le cas, vous devrez prendre le risque de devenir une cible pour recevoir à temps les soins nécessaires.
Le coût
Des millions de personnes à travers le monde ne peuvent accéder aux services de santé parce qu’elles doivent payer un prix trop élevé par rapport à leurs moyens pour pouvoir bénéficier des soins de santé dont elles ont besoin. Le moindre problème de santé peut alors les mettre devant un choix cornélien : ne pas se soigner ou plonger dans la pauvreté.
LA RÉPONSE DE MSF
Les solutions toutes faites, applicables en tous lieux et toutes circonstances, n’existent pas ; principalement parce que les obstacles responsables de l’inégal accès aux soins diffèrent d’un pays à l’autre, d’une région à l’autre, d’une communauté à l’autre.
MSF dispense des soins médicaux gratuits dans tous ses projets. Mais joue également un rôle de plaidoyer via sa Campagne d’Accès. Le but : plaider pour que la recherche et les politiques évoluent et permettent d’offrir un meilleur accès pour les patients (meilleurs traitements, vaccins et test diagnostic et diminution des coûts des traitements).
Dans nombreux de ses projets, MSF met en place des cliniques mobiles. Ces cliniques sont déployées à partir de centre de santé et se déplacent de communauté en communauté, de village en village dans le but d’accéder aux populations les plus isolées et de leur apporter directement les soins dont elles ont besoin.
La promotion de la santé et la prévention sont également très importantes : informer et sensibiliser les populations qui, trop souvent, sont inconscientes des signes de danger et ne recherchent une aide médicale que lorsqu’il est déjà trop tard. C’est également via les cliniques mobiles que ce travail est réalisé.
Pour réduire le nombre d’abandons de thérapies, MSF forme des membres des communautés pour qu’ils y assurent le conseil, le suivi, le dépistage et le traitement de certaines maladies ou symptômes (paludisme, malnutrition, diarrhées, détresse respiratoire, etc.).