« Un matin, un couple a amené une petite fille de 13 ans, qui était très effrayée, assez mal en point et qu’on a soigné pour une fausse couche. On s’est rendu compte qu’elle avait été violée quatre mois avant »
Sarah est une gynécologue de 34 ans. Pour sa première mission avec MSF en 2017, elle est partie à Khost, à l'est de l'Afghanistan. Un pays en proie aux conflits, où la mortalité maternelle est la plus haute et où les mariages forcés sont courants. Pour Afia*, cette jeune fille de 13 ans, « son plus gros danger c’était l’après » : devoir épouser son violeur. Heureusement, elle a été prise en charge dans l’hôpital de MSF où elle a pu récupérer calmement et où sa famille l’a protégée.
LES violenceS sexuelleS
Des actes de violence sexuelle sont commis dans toutes les sociétés, en toute circonstance et en tout temps. Elles touchent des millions de personnes à travers le monde : une femme sur trois a subi une forme de violence sexuelle.
Dans certains pays en conflits, notamment au Kasaï (RDC), le viol est même utilisé comme arme de guerre. Cette violence peut être utilisée pour humilier, punir, contrôler, blesser, imposer la peur et détruire des communautés. Parfois, les viols peuvent également être utilisés comme une sorte de rite initiatique, notamment pour les enfants soldats, ou comme une torture destinée à obtenir des informations, terroriser une population ou humilier des familles en soulignant l’incapacité de la communauté masculine à protéger les femmes.
Il s’agit d’une urgence médicale, qui brise brutalement la vie de femmes, d’hommes et d’enfants. Il en résulte des conséquences à court et à long terme pour la santé physique et mentale des victimes mais aussi pour la santé sexuelle et reproductive de la femme. Un viol relève de l’urgence médicale car certaines séquelles peuvent être évitées si la victime est prise en charge dans les quelques heures qui suivent. Dans de nombreux pays, l’impact des violences sexuelles est encore aggravé par le manque criant de services de soins de santé pour les victimes.
La réponse de MSF
MSF offre aux survivants de violences sexuelles un traitement préventif des maladies sexuellement transmissibles (VIH, syphilis et gonorrhée). Des maladies comme l’hépatite B ou le tétanos, entraîné par des blessures ou des lacérations liées à l’agression, peuvent être évitées grâce à la vaccination, et le développement de certaines infections sexuellement transmissibles (syphilis ou chlamydia par exemple) peut être évité avec des antibiotiques.
À la suite d’une agression, une grande partie des victimes sont aussi en état de choc, et développent des syndromes de stress post-traumatique ou des dépressions. Un soutien psychologique peut donc être vital. MSF propose des consultations de santé mentale individuels ou de groupe, car dans certains cas, le dialogue entre personnes ayant vécu les mêmes situations peut les aider à surmonter le traumatisme. Le soutien proposé par MSF vise également à aider les personnes à lutter contre la stigmatisation ou le tabou et à réduire le risque ou la gravité des séquelles psychologiques.
La stigmatisation et la peur dissuadent beaucoup de victimes de venir consulter. Une approche proactive est nécessaire pour informer les populations des conséquences médicales de la violence sexuelle et des soins disponibles. Là où MSF enregistre un grand nombre de victimes, notamment en zones de conflit, le plaidoyer vise à sensibiliser les autorités locales, ainsi que les forces armées lorsqu’elles sont impliquées dans ces violences.
En 2017, MSF a pris en charge 18 800 survivants de violences sexuelles.