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Fuir n'est pas un choix

 

La migration
n’est pas un choix

Médecins Sans Frontières (MSF) fournit des soins médicaux, psychologiques et humanitaires aux personnes qui fuient. Qu'il s'agisse de réfugié.e.s, de demandeur.euse.s d'asile, de migrant.e.s ou de personnes déplacées à l'intérieur d'un pays, dans leur pays d'origine, dans des camps de réfugié.e.s, sur leur chemin de fuite ou tout juste arrivé.e.s en Europe. 

En juin 2022, l’Agence des Nations unies publiait sur son site les estimations suivantes : à la fin 2021, 89,3 millions de personnes dans le monde auraient dû se déplacer en raison de persécutions, de conflits, de violences, de violations des droits de l'homme ou d'événements perturbant gravement l'ordre public. 

l'accès aux soins médicaux est un droit humain


Pour MSF, l'accès à des soins médicaux de qualité est un droit fondamental. L'éthique médicale implique que personne ne doit être épargné par les soins médicaux.

Le principe central de notre charte réside dans le fait que les personnes ont droit à l’aide humanitaire. C’est de ce principe que Médecins Sans Frontières tire sa mission qui consiste à fournir des soins médicaux. La charte souligne l’impartialité, l’indépendance et la neutralité qui sont propres à MSF. 

Nous fournissons des soins médicaux d'urgence et des denrées alimentaires de base aux populations déplacées par la guerre, les épidémies, la faim, et les catastrophes naturelles. Outre les soins médicaux, un autre aspect important est la prise en charge psychologique. Quand il faut fuir pour sa vie parce qu'une guerre éclate, parce que vous et vos proches êtes en danger, il n'est plus question de libre arbitre. Il est alors question de survie. 

Fuir n'est pas un choix 

Souleman a été secouru le 23 août d'un bateau pneumatique en détresse, avec sa femme Layla et son fils de 2 ans Cillian, lors du voyage inaugural du Sea-Watch 4. Ils ont été débarqués sur un ferry de quarantaine à Palerme en Sicile le 2 septembre, août 2020, ©Chris Grodotzki

Les gens fuient pour toutes sortes de raisons, mais jamais volontairement.

Les guerres, les conflits, les persécutions, les catastrophes naturelles, la grande pauvreté, et l'oppression sont quelques exemples qui poussent les gens à fuir leur pays (d'origine). En tant que témoins directs, nous voyons que la fuite est une nécessité désespérée, et non un choix. En effet, un choix signifie qu'un individu fuirait par libre arbitre. Il n'y a pas de libre arbitre quand la guerre éclate. 

Médecins Sans Frontières (MSF) et Recherche et Sauvetage (SAR) 

Search And Rescue (SAR) est le nom anglais pour "recherche et sauvetage".

Nous nous engageons dans la recherche et le sauvetage, et nous fournissons des soins médicaux en Méditerranée centrale sur un bateau de recherche et de sauvetage, le Geo Barents.

Depuis 2015, les équipes de MSF, ainsi que d’autres ONG, ont mené des opérations de recherche et de sauvetage sur plusieurs bateaux en Méditerranée, l'Europe ayant depuis refusé de le faire. Celles-ci ont permis de sauver des milliers de personnes de la noyade.

En 2022, avec le Geo Barents, nos équipes ont effectué 14 rotations et 59 sauvetages. Elles ont secouru pas moins de 3 742 personnes.

une fois que les personnes sont amenées en sécurité à bord, nous répondons aux besoins de base : nous offrons de la nourriture, des boissons, des soins médicaux et un soutien psychologique. Par exemple, les survivant.e.s ont besoin de soins médicaux pour des signes légers d'hypothermie, des courbatures, et le mal de mer dû aux conditions météorologiques difficiles en mer. Lorsque les gens souffrent de malnutrition, nous leur proposons également un traitement médical. 

Les ONG prennent le relais là où l'État refuse de les aider 

Un troisième sauvetage a été effectué quelques heures plus tard, le 27 août dans la nuit. Le bateau en bois en détresse avec 61 personnes a été repéré depuis l'un des ponts de Geo Barents. Parmi eux se trouvaient 21 mineurs et très jeunes enfants. Après ce sauvetage, il y avait au total 97 survivants à bord du Geo Barents, août 2022, ©Michela Rizzotti

L'Europe a pour politique d'empêcher activement les personnes qui veulent traverser la Méditerranée dans le but de franchir ses frontières. La politique européenne devrait plutôt permettre aux gens de demander l'asile, plutôt que de les en empêcher. Le fait que la politique européenne soit négligente à ce sujet signifie concrètement que les gens cherchent d'autres alternatives, et peuvent se retrouver dans des réseaux de passeurs illégaux. Les frontières terrestres de l'Europe étant fermées, les gens sont contraints de fuir en Méditerranée dans des embarcations étanches et surpeuplées. Nombreux sont ceux et celles qui perdent la vie par suffocation dû au nombre important de personnes présentes sur ces embarcations de fortune.

Les opérations de recherche et de sauvetage ne sont pas la solution à cette situation. Les alternatives légales et sûres le sont. Il est, et il reste, de la responsabilité de l'Europe d'organiser des actions adéquates et proactives pour assurer la sécurité de ces personnes. La première priorité de l'Union Européenne doit être l'accès à une aide humanitaire d'urgence en méditerranée pour ces personnes en détresse.

Que fait MSF pour les personnes en fuite en Belgique ?   

En Belgique, MSF propose des activités de santé mentale dans le cadre du hub humanitaire. Ce centre humanitaire est le principal fournisseur de nourriture, d'articles non-alimentaires, de soins de santé et de santé mentale, et d'une aide sociale voire juridique pour les personnes en transit ainsi que les demandeur.euse.s d'asile. En outre, la sensibilisation dans les refuges informels à Bruxelles a été renforcé : les équipes rendent visite aux personnes présentes dans les squats, et dans les camps de tentes.

Au cours de l'année 2022, nous avons réalisé 2101 consultations individuelles autour de la santé mentale, ainsi que 135 sessions de santé mentale et de soutien psychosocial (MHPSS), dont 45 dans des squats à Bruxelles.

En outre, MSF a coordonné des interventions plus précises en réponse à des situations critiques spécifiques. A titre d’exemple, avec d'autres associations, MSF a répondu à la crise de l'accueil en 2022, car les autorités responsables se sont révélées incapables de fournir un abri aux demandeurs d'asile, alors que l'État est légalement tenu de le faire.

Cette crise a entraîné le lancement d'une assistance médicale d'urgence comprenant des consultations médicales et de santé mentale. Nous avons également vacciné les personnes sans abri, à la suite à une épidémie de diphtérie. Et entre novembre 2021 et juillet 2022, nous avons également accueilli des mineur.e.s étranger.ère.s non-accompagné.e.s (MENA), avec un total de 331 enfants bénéficiant d'un accompagnement médical, et sociojuridique complet.

Criminalisation de l'État et obstruction aux opérations de recherche et de sauvetage

Lorsque l'État refuse de mener des opérations de recherche et de sauvetage, non seulement les ONG prennent le relais, mais elles sont criminalisées. Avec d'autres ONG, MSF a fait l'objet de plusieurs enquêtes pour avoir prétendument couvert des opérations civiles de SAR pour le trafic illégal de déchets, par exemple.

Ces enquêtes n'ont jamais abouti à une condamnation. Néanmoins, elles ont retardé, et empêché nos opérations.

En 2015, MSF a littéralement pris la mer pour combler le vide qui est tombé après l'arrêt de l'opération de recherche et de sauvetage Mare Nostrum de l'Italie. Nous devions répondre à un nombre inacceptable de décès en Méditerranée centrale. Aujourd'hui encore, nous continuons d’insister sur l'organisation de voies légales et sûres pour les personnes fuyant vers l'Europe, et nous insistons sur le fait que l'Europe doit organiser un système de recherche et de sauvetage.  

Libye - Italie - Grèce : le triangle mortel 

Dans la nuit du 11 mai, nous avons secouru 67 personnes d'un bateau en bois qui risquait de couler dans la zone SAR de Malte. Plus tard dans la même nuit, nous avons secouru 29 autres personnes d'un bateau en caoutchouc en détresse, également dans la zone SAR maltaise. Les autorités maltaises ont fait preuve d'un manque total de coordination par rapport à leur obligation de porter assistance aux bateaux en détresse, mai 2022, © Anna Pantelia

La grande majorité des personnes qui traversent la Méditerranée passent par la Libye, où elles sont exposées à d'horribles violences tels que l'enlèvement, la torture ou encore l'extorsion.

Les personnes sont également souvent détenues dans des centres de détention en Libye, généralement dans des conditions horribles. Par exemple, les personnes détenues dans la ville de Tripoli sont prises dans le conflit en cours dans la ville. Certains centres ont été touchés par des frappes aériennes, par exemple, et les personnes qui n'ont pas pu s'échapper ont été tuées ou blessées.

Pour ceux et celles qui finissent par atteindre l'Europe, les défis et les dangers recommencent dès qu'ils atteignent la terre ferme. Manque d'abri, vie forcée dans des conditions insalubres ou par mauvais temps, passages frontaliers périlleux, et autorités hostiles : dans ces conditions, les gens tombent malades, se blessent ou luttent contre des problèmes psychologiques.

L'Italie est également un acteur majeur dans le jeu de pions européen lorsqu'il s'agit d'empêcher les personnes de franchir les frontières de l'UE. Depuis 2018, les opérations de recherche et de sauvetage sont de plus en plus bloquées. Par exemple, les autorités italiennes et maltaises ont refusé à l'un de nos navires un lieu sûr pour débarquer 629 personnes. Dès lors, les ports italiens ont été effectivement fermés aux navires de recherche et de sauvetage des ONG.

Un autre exemple est celui des attaques hostiles contre des navires de recherche et de sauvetage qui ont eu lieu lorsque la justice italienne a exigé la saisie de notre navire de recherche et de sauvetage en raison de fausses allégations concernant la gestion des déchets. Et début janvier 2023, l'Italie a signé un autre nouveau décret réduisant la capacité de sauvetage en Méditerranée.

La Grèce mène également une politique agressive à l'encontre des réfugié.e.s, des migrant.e.s, et des demandeur.euse.s d'asile. Les personnes qui débarquent dans les îles du sud de la mer Égée sont placées dans des centres d'accueil hautement sécurisés. De cette manière, leur liberté est restreinte.

Pour les personnes qui fuient leur pays à la recherche de meilleures conditions de vie, ces centres d'accueil ne constituent pas un environnement sûr. Leurs besoins fondamentaux ne sont pas satisfaits, et ces centres laissent aux individus de graves traumatismes qui impactent leur santé mentale. À cela s'ajoute le stress qu'engendre la procédure d'asile, ainsi que la crainte d'être renvoyé de force.