Chaque femme devrait pouvoir accoucher dans les meilleures conditions. C'est pour cela que les équipes MSF mettent tout en oeuvre pour réduire la mortalité et la morbidité des mères et de leurs nouveau-nés dans quatre hôpitaux en Afghanistan, un pays ou 4300 femmes meurent chaque année en donnant la vie. Pour ce faire, elles prodiguent des soins de santé maternelle et néonatale.
Mis à jour le ven, 02/23/2018 - 16:55
L'Afghanistan reste l’un des endroits les plus dangereux au monde pour accoucher. Sans la présence de personnel compétent, l'accouchement représente une menace considérable pour la survie et le bien-être des femmes et de leurs nouveau-nés.
« J'ai vu beaucoup de femmes mourir pendant ou après un accouchement »
Aqila est la responsable des sages-femmes au service maternité de l'hôpital de Dasht-e-Barchi à Kaboul, géré par MSF en partenariat avec le Ministère de la santé publique. Alors qu’elle travaillait dans un centre de santé rural, elle a décidé de devenir une sage-femme pour aider à rendre l’accouchement plus sûr pour les femmes afghanes.
« Il y a une réelle solidarité entre les femmes »
Un des principaux obstacles à un accouchement sûr réside dans le manque de femmes docteurs et sages-femmes. Pendant plusieurs décennies, les Afghanes n’ont pas eu accès à l'éducation, ce qui a mené à un manque de personnel féminin formé. En dépit de cela, de nombreuses familles demandent les soins d’un personnel médical uniquement féminin en raison des normes culturelles. Ce dilemme est une des raisons pour lesquelles près des deux tiers des bébés naissent à domicile, sans assistance médicale. Tous les projets de MSF en Afghanistan mettent l’accent sur la formation de personnel féminin.
Presque toutes les sages-femmes qui aident aux naissances dans nos programmes sont afghanes. Depuis l’ouverture d’une maternité exclusivement féminine dans la province rurale de Khost en 2012, un certain nombre de femmes médecins ont aussi acquis une grande expérience de la prise en charge d’accouchements avec complications. Elles ont été formées par un personnel international comme le Dr Séverine Caluwaerts qui a travaillé à Khost à sept reprises.
« J'espère que mon enfant ira mieux, que sa santé s'améliorera »
Alors que MSF fournit des soins de santé gratuits, beaucoup d’autres cliniques dans le pays font payer leurs services. « De nombreuses personnes ont des problèmes économiques et n’ont donc pas d’argent pour les soins anténatals ou pour consulter un gynécologue, » explique Aqila. « Les femmes ne sont pas motivées à aller dans des hôpitaux privés coûteux, donc elles essaient d’accoucher chez elles. Beaucoup d’entre elles ne connaissent pas les complications que peuvent connaitre la grossesse et l’accouchement. »
Les soins anténatals sont extrêmement importants pour identifier et traiter les complications qui peuvent avoir un impact considérable sur la santé du nouveau-né. Nadya, une jeune femme afghanne, a récemment accouché de son premier bébé à l'hôpital géré conjointement par le Ministère de la Santé publique et MSF, d’Ahmad Shah Baba à Kaboul. Mais comme beaucoup d’Afghanes, elle avait reçu des soins anténatals très limités. En fait, plus de 40% des Afghanes ne reçoivent aucun soin anténatal pendant la grossesse, un chiffre que MSF cherche à réduire grâce à des activités de promotion de la santé et de prestation de soins gratuits. Le bébé de Nadya est né avec une forme légère et traitable de spina bifida, un développement incomplet de la colonne vertébrale. Si cela avait été détecté pendant la grossesse, Nadya et sa famille auraient pu être soutenus pour se préparer à la naissance et au suivi.
MSF se concentre sur les femmes ayant des complications obstétriques directes. Nos équipes travaillent afin d’améliorer l’identification de ces complications par le biais d'activités, comme des émissions radio et des réunions communautaires. Nous soutenons aussi des cliniques au niveau communautaire pour renforcer leur prise en charge des accouchements normaux et pour s’assurer que les femmes qui présentent des complications sont rapidement dirigées vers nos hôpitaux.
« J'espère que ma fille deviendra médecin »
Mais il reste de nombreux obstacles pour les femmes qui recherchent des soins vitaux sans délais, en particulier les routes dans mauvais état et dangereuses.
Sayed Kamyabudin Sayed est le responsable du service technique de la maternité de Khost. Il se souvient des difficultés rencontrées pour se rendre à la maternité alors que sa femme était en travail pour leur premier enfant. « À l'époque la route n'était pas goudronnée et comme il faisait nuit, nous étions arrêtés aux points de contrôle... Il a fallu une heure et demie pour aller de ma maison à l'hôpital, alors que cela ne devrait prendre que 20 minutes » explique-t-il.
Les risques liés à l'accouchement en Afghanistan restent inacceptablement élevés. Sayed est père de quatre enfants. Il tient à sa fille comme à la prunelle de ses yeux.
En assistant des dizaines de milliers d'accouchements, en formant du personnel médical féminin, en améliorant l’identification des complications obstétriques et en développant des centres de santé communautaires, MSF aide à rendre les accouchements plus sûrs pour les femmes afghanes.
« Une naissance devrait être un moment de joie et non de tristesse, c’est pour cela que nous sommes ici et c’est le travail que nous faisons.» souligne le Dr Caluwaerts.
Nos projets de maternité en Afghanistan
Nos équipes médicales y ont aidé à la naissance de plus de 66 000 bébés en 2016.
En 2016 à l’hôpital de Boost, Lashkargah: 10 572 accouchements et 932 césariennes
En 2016 à la maternité de Khost : 21 335 accouchements et 721 césariennes
En 2016 à l’hôpital de Dasht-e-Barchi : 15 627 accouchements et 803 césariennes