Médias sociaux

  • FR
Open the menu

Discours de MSF sur l'Ebola à l'Assemblée générale des Nations Unies


© Bruno De Cock/MSFExcellences, Mesdames et Messieurs,

Les importants engagements des Etats et les résolutions sans précédent des Nations unies sont les bienvenus. Mais ils n’ont de sens que s’ils se traduisent par des actions immédiates.

Pour l’heure, la réalité sur le terrain est que l’afflux d’aide promis n'a pas encore eu lieu.

Les malades sont désespérés, leurs familles et les personnes qui s’occupent d’eux sont en colère, et les travailleurs humanitaires sont épuisés. Continuer de garantir la qualité des soins représente aujourd’hui un énorme défi.

La peur et la panique se sont installées, car le nombre de cas double toutes les trois semaines. De plus en plus de personnes sont en train de mourir d'autres maladies, comme le paludisme, parce que les systèmes de santé se sont effondrés.

Sans votre intervention, nous continuerons à être dépassés pas la course mortelle de l'épidémie. Aujourd'hui, le virus Ebola est en train de gagner.

Notre centre de Monrovia, qui dispose de 150 lits, n’est ouvert que trente minutes chaque matin. Seules quelques personnes sont admises elles prennent la place de ceux qui sont morts pendant la nuit.

Les malades continuent d'être renvoyés, ils repartent à la maison et propagent le virus parmi leurs proches et leurs voisins.

Les centres d'isolement que vous avez promis doivent être mis en place maintenant.

Et les autres pays ne doivent pas laisser quelques États porter, seuls, ce fardeau. L’indifférence et l’inaction sont des ennemis pires que le virus.

Aujourd’hui, il faut une réponse directe, rigoureuse et disciplinée. Elle ne doit pas être sous-traitée. Il ne suffit pas que les Etats construisent des centres d'isolement. Les ONG peuvent en gérer certains, mais vous aurez à en gérer un grand nombre.
L’Organisation des Nations unies doit être en mesure de coordonner et de diriger cet effort

Ne prenez pas de raccourcis. Une réaction massive et directe est la seule option.

Mais sachez que ce à quoi vous serez confrontés sera un défi extrêmement difficile à relever.

La mise à l’échelle de la réponse à l’épidémie comportera d'énormes difficultés d'organisation. L’Organisation des Nations unies doit être en mesure de coordonner et de diriger cet effort.

En parallèle, un effort tout aussi massif est nécessaire pour mettre au point un vaccin, un outil supplémentaire pour casser la chaîne de transmission de la maladie.

Mais le cadre habituel pour le développement des vaccins ne permettra pas d’y parvenir. Il faut encourager financièrement les essais et la production, il faut une recherche collaborative et des données librement accessibles.

Il faut un vaccin sûr, abordable, qui puisse être rapidement mis à disposition des populations les plus touchées.

Il y a aujourd’hui une mobilisation politique que le monde a rarement - voire jamais - connu.
En tant que dirigeants du monde, vous serez jugés par la façon dont vous l'utiliserez.

Merci
.