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Haïti : toujours plus de violences et d’insécurité à Port-au-Prince

La situation est extrêmement tendue à Port-au-Prince, la capitale d’Haïti. L’insécurité est omniprésente depuis que des groupes armés se battent pour asseoir leur suprématie et s’emploient à déstabiliser le gouvernement. La ville est en proie à des violences qui frappent aveuglément : des quartiers entiers sont attaqués et des maisons pillées et incendiées. Des gangs ouvrent le feu dans les rues. Et comme si cela ne suffisait pas, une pénurie de carburant menace la fourniture de services essentiels et de soins médicaux.

19 000 habitants ont fui la violence

Le climat de violence qui s’est installé depuis plusieurs mois à Port-au-Prince a fait fuir quelque 19 000 habitants de la capitale. Des familles avec des enfants en bas âge, des personnes souffrant d’un handicap et d’autres personnes vulnérables ont été chassées de chez elles. La violence a vidé des quartiers entiers. Certaines personnes ont pu trouver refuge dans des écoles, des stades et des églises. Elles ont surtout besoin de nourriture, de toilettes et d’un abri permanent pour dormir.

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Cette école est l’un des sites accueillant des gens qui fuient la violence. Un dispositif de cliniques mobile a été mis en place pour assurer les soins médicaux et la distribution d’eau potable. Mais ces personnes ont aussi besoin de nourriture et de sanitaires © Pierre Fromentin

Risque de maladies contagieuses au sein de cette population déplacée

Grâce à un dispositif de cliniques mobiles, nous dispensons des soins médicaux et distribuons de l’eau potable sur les sites où les déplacés se sont regroupés. Nous sommes extrêmement préoccupés par les conditions d’hygiène, tout à fait déplorables. Beaucoup de gens dorment dans les rues, il n’y a ni douches ni toilettes et les gens sont entassés les uns sur les autres : des conditions particulièrement propices à l’émergence et à la propagation de maladies contagieuses, comme la diarrhée et la COVID‑19.

Toujours plus de blessés à Tabarre et Turgeau

La violence s’est emparée des rues de Port-au-Prince et la situation est de plus en plus préoccupante. Dans notre centre de traumatologie de Tabarre, dans la banlieue de la capitale, nous accueillons chaque jour des dizaines de patients victimes de blessures par balle ou de coups de couteau ; plus de la moitié de nos patients souffrent de blessures ou de traumatismes liés aux violences. Chaque mois, notre service des urgences de Turgeau (un quartier situé lui aussi à la périphérie de la ville) prend en charge au moins 100 blessés par balles.

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Ce patient, qui présente plusieurs blessures par balle, vient d’être admis dans notre centre de traumatologie de Tabarre    © Pierre Fromentin

Les violences sexuelles également en hausse à Port-au-Prince

Pendant ce temps-là, les femmes signalant avoir été victimes de violences sexuelles ou liées au genre sont de plus en plus nombreuses. Une jeune fille/femme âgée de 15 à 49 ans sur huit indique faire l’objet de l’une ou l’autre forme de violence sexuelle. Depuis 2015, nos équipes ont soigné plus de 7 000 survivantes de violences sexuelles. Plus de la moitié de ces patientes étaient des mineures d’âge.

Des pénuries de carburant menacent elles aussi les soins médicaux

L’insécurité est telle à Haïti que de nombreux établissements de soins se voient contraints de fermer leurs services ou de limiter l’offre de services. Nous sommes également préoccupés par la pénurie de carburant qui touche tout le pays. Des hôpitaux et des centres médicaux ont besoin de carburant pour assurer leur approvisionnement en énergie via des groupes électrogènes. Cette pénurie touche non seulement les services essentiels (institutions publiques, banques ou distribution de l’eau), mais aussi les soins de santé. Elle empêche aussi de nombreux patients de se déplacer pour recevoir des soins ou un traitement essentiel.