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Bentiu, Soudan du Sud: "Frustration et colère"

Depuis quelques jours, des combats intensifs frappent la ville de Bentiu. Nous avons traité 12 blessés graves, pris en charge des patients avec des blessures par balle et lésions associées, et réalisé 9 opérations. Beaucoup de patients sont arrivés dans un état critique. Nous avons par exemple admis une femme enceinte qui avait reçu une balle en pleine cage thoracique. Nous lui avons posé un drain ; aujourd’hui la patiente et son bébé à naître sont dans un état stable. Nous avons aussi accueilli un petit garçon de 9 ans qui avait reçu une balle dans la poitrine. Il est malheureusement décédé à son arrivée à l’hôpital. 

Erna Rijnierse © Shannon Jensen/ MSF
Erna Rijnierse © Shannon Jensen/ MSF


Balles perdues

Ces derniers jours ont été très chaotiques. Il est difficile de se rendre au camp, et même à l’hôpital, en toute sécurité. Des balles perdues arrivent de tous les côtés. Nous avons retrouvé des douilles dans notre hôpital. Les bombardements peuvent reprendre à tout moment, ce qui signifie que nous devons toujours être prêts à courir nous réfugier dans les bunkers. Nous ne savons pas précisément ce qu’il se passe à l’extérieur, ni quels groupes contrôlent quelles parties de la ville. La tension est palpable et la situation imprévisible.

on entend le bruit des bombardements à l’extérieur mais on ne peut pas atteindre les blessés»

Il n’est pas facile de dispenser des soins médicaux de qualité lorsque l’on doit faire attention aux balles perdues et rester enfermé dans un bunker pendant de longs moments. En tant que médecin, je me sens désemparé, frustré, mais aussi furieux : on entend le bruit des bombardements à l’extérieur mais on ne peut pas atteindre les blessés.

À l’heure actuelle, notre clinique mobile ne peut plus se rendre dans les régions qui ne sont pas sous le contrôle des Nations unies. Il est tout simplement trop dangereux de quitter le camp en raison des violents combats. Il y a deux jours, nous avons été obligés de fermer notre clinique dans le camp, mais nous espérons pouvoir la rouvrir plus tard dans la journée.

Équipe de sensibilisation

Notre équipe de professionnels de la santé a dû interrompre ses activités pendant une journée. Mais le lendemain matin, ils arpentaient de nouveau le camp pour sensibiliser les déplacés. C’est très important étant donné que nous avons eu un cas d’hépatite E, une maladie infectieuse mortelle qui se transmet par l’eau contaminée. Il est donc essentiel de faire savoir aux déplacés qu’ils doivent bien se laver les mains pour éviter toute contamination et envoyer les malades chercher de l’aide dans notre hôpital.

Nous avons hospitalisé 40 patients, dont 15 enfants. Jusqu’à présent, nous avons toujours disposé du personnel nécessaire dans notre hôpital. Ce sera le cas tant que la situation sécuritaire le permettra.