Les oubliés d’Ituri témoignent
Leur fuite et leurs conditions de vie alarmantes
Au début des années 2000, dans le nord-est de la République démocratique du Congo (RDC), ont commencé des massacres entre les communautés Hema et Lendu. Après s’être poursuivis sporadiquement au fil des années, les massacres ont recommencé en décembre 2017. Ne pouvant être réduit à des tensions ethniques, les intérêts économiques ainsi que le contrôle des terres et des ressources sont à la base du conflit.
Benjamin, 16 ans : "Quand notre village a été attaqué, j'ai fui avec ma soeur en direction de Lichi, un village voisin, mais ce village a également été attaqué et les assaillants ont fini par nous attraper. Nous avons alors été pris en otage oendant deux semaines. Nous les avons vus trancher la gorge d'autres personnes, sous nos yeux. Finalement, ils nous ont libérés et nous avons réussi à retrouver nos parents dans un camp pour personnes déplacées".
"Déjà en 2018, des hommes armés sont venus pour nous tuer et piller notre centre de santé. Mais cette année, ils sont revenus et ont frappé encore plus fort. Ils ont mis le feu à tout, y compris à tout l'équipement. Tous les médicaments ont été volés. J'ai repris le travail de mon mari au centre de santé. Il était infirmier en chef... Les agresseurs l'ont tué l'année dernière".
En décembre 2018, les assaillants ont pillé et incendié notre village. Ma maison a pris feu. Nous avons alors construit une nouvelle maison, mais les agresseurs sont revenus et ont également brûlé cette maison. Ils ont crié qu'ils allaient tous nous tuer. Des coups de feu ont été tirés partout. Ma fille s'est soudainement mise à pleurer, mais il faisait sombre et nous ne pouvions rien voir. Ce n'est que le matin que j'ai vu le sang sur le sol. Ma fille avait été frappée à l'épaule. Plus tard, quand je suis arrivée au camp, j'ai pu l'emmener à la clinique mobile de Médecins Sans Frontières".
On estime à plus de 1 million le nombre de personnes qui ont dû se déplacer depuis les violences de 2017. Aujourd'hui, environ 200.000 personnes vivent dans des sites où aucun besoin essentiel - tel que l’accès à l’eau, à la nourriture et aux structures sanitaires – n’est respecté. Des centaines de milliers d'autres vivent dans des familles d'accueil.
En plus de la peur constante d’être attaquées, les personnes déplacées vivent dans la précarité alimentaire et l’insalubrité, qui développent des maladies telles que les diarrhées et la malnutrition. D’autres maladies découlent directement des conditions de vie dans les huttes, comme les infections respiratoires et le paludisme, qui affectent et tuent des milliers d'enfants.
Depuis décembre 2019, les activités de MSF ont été intensifiées pour répondre aux besoins des déplacés. Néanmoins, l’assistance déployée aujourd’hui reste insuffisante, les personnes vivent toujours dans une précarité des plus alarmantes et ceci depuis plus de deux ans. Au regard de l’ampleur et de l’urgence, l’ensemble de la communauté humanitaire présente en Ituri doit s’engager afin d’aider ces populations en situation critique.
MSF fournit des soins médicaux aux personnes déplacées, mène des activités d'approvisionnement en eau et assainissement, distribue des moustiquaires et des biens de première nécessité, dans 34 sites des zones de santé de Nizi, Drodro et Angumu.