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Cinq choses à savoir sur le conflit à Cabo Delgado, au Mozambique

Depuis octobre 2017, la province de Cabo Delgado, au nord du Mozambique, a subi plusieurs attaques violentes par des groupes armés. Ces attaques ont récemment gagné en force et en brutalité, comme en témoigne l'attaque de la ville de Palma fin mars.

Voici cinq choses à savoir sur la façon dont le conflit affecte la population du nord du Mozambique :

1. Des centaines de milliers de personnes déplacées

700 000 personnes ont été déplacées suite aux violences à Cabo Delgado. Un chiffre qui a quadruplé au cours de l'année écoulée. Des villages entiers ont été réduits en cendres, des gens ont vu leurs proches se faire tuer, d'autres ne savent même pas où sont certains membres de leur famille. Les personnes en fuite marchent pendant des jours dans la brousse, sans nourriture ni eau, de peur d'être découvertes. Les communautés d'accueil et les camps de personnes déplacées sont surpeuplés, et les personnes déplacées vivent dans des conditions extrêmement précaires et insalubres.

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Cette femme, ses enfants et petits-enfants, ont construit leur propre abri sur un terrain à Montepuez. Pour de nombreuses familles qui n’arrivent pas à trouver un abri dans les camps surpeuplés de la région, c'est la seule solution. © Tadeu Andre/MSF, 14 avril 2021.

2. Les personnes fuient en laissant tout derrière elles

Les personnes fuient sans avoir le temps de rassembler des provisions et outils du quotidien. Lorsqu'elles arrivent dans des grandes villes comme Pemba ou Montepuez, après des jours de marche dans la brousse, elles sont épuisées. Elles doivent alors trouver un endroit où dormir, une tente ou des matériaux pour construire leur propre hutte, des moustiquaires pour se protéger du paludisme, des vêtements, des couvertures, de la nourriture, de l'eau et des soins médicaux.

3. Les personnes souffrent de traumatismes psychologiques

Après avoir échappé à la violence et survécu à une longue et difficile fuite, les sentiments de désespoir et de frustration sont courants. De nombreuses personnes souffrent de stress post-traumatique et ont des problèmes de sommeil. Certaines perdent l'appétit alors qu'elles n'ont pas mangé depuis des jours. Le fait d'être séparées de ses proches et de ne pas savoir où ils se trouvent est également une source importante d'anxiété. De nombreuses personnes vivent aussi dans la crainte constante d'une nouvelle attaque.

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Une session de santé mentale est menée dans le camp de déplacés de Nangua. Les personnes parlent de leurs expériences et reçoivent un soutien pour des problèmes tels que le trouble de stress post-traumatique. © Tadeu Andre/MSF, 14 avril 2021.

4. Le système de santé de la région, déjà fragile, est très impacté

On estime que plus d'un tiers des établissements de santé de la province de Cabo Delgado ont été endommagés ou détruits par les violences. A certains endroits, l'insécurité empêche le gouvernement et les organisations humanitaires de fournir des soins de santé, tels que la vaccination ou les soins de santé sexuelle et reproductive, ou de garantir l’accès à des médicaments et à des traitements contre le VIH et la tuberculose, deux maladies dont la prévalence est élevée au Mozambique.

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Des patients attendent sous un arbre d'être pris en consultation par l’équipe médicale de notre clinique mobile, à Nicuapa, où bon nombre de personnes déplacées se trouvent, à la suite des violences à Cabo Delgado. © Tadeu Andre/MSF, 14 avril 2021

5. Les besoins de la population dépassent largement la réponse humanitaire actuelle.

Alors que le nombre de personnes déplacées continue d'augmenter, leurs besoins vitaux et ceux des communautés qui les accueillent restent largement insatisfaits. Les efforts nationaux pour apporter une réponse à cette situation sont insuffisants, et si les agences des Nations Unies et certaines organisations internationales ont des équipes dans la province, celles-ci ne satisfont qu'une fraction des besoins de la population.

La réponse de MSF sur place

MSF a étendu ses activités médicales au cours des derniers mois, en gérant des cliniques mobiles dans plusieurs districts, et en fournissant de l’eau potable et un soutien en santé mentale. Les principales maladies traitées par les équipes MSF sont le paludisme, la diarrhée et les infections respiratoires. MSF prévoit de continuer à travailler dans la province de Cabo Delgado, mais son travail est limité par différents obstacles et des restrictions administratives. Il est urgent d'intensifier la réponse globale à cette crise en faisant venir du personnel humanitaire et des fournitures supplémentaires au nord du Mozambique.