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L’accès à des médicaments antiviraux abordables est menacé dans beaucoup de pays



Divers développements mettent en péril l’accès à des antiviraux abordables dans les pays à revenu intermédiaire. Une situation dramatique en perspective pour la lutte contre le VIH/sida.

MSF108663  La Campagne d’accès de MSF, la campagne internationale d’accès aux médicaments de Médecins Sans Frontières, milite en permanence pour l’accès à des médicaments abordables de qualité et pour l’amélioration du diagnostic. © Rico Gustav/APN+
MSF108663 La Campagne d’accès de MSF, la campagne internationale d’accès aux médicaments de Médecins Sans Frontières, milite en permanence pour l’accès à des médicaments abordables de qualité et pour l’amélioration du diagnostic. © Rico Gustav/APN+

En 2020, 70 % des personnes séropositives devraient être originaires des « pays à revenu intermédiaire ». Or, c’est précisément dans ces pays que l’accès à des médicaments abordables est menacé, une situation qui pourrait avoir des conséquences dramatiques pour la lutte contre le VIH/sida. Cette mise en garde a été lancée par Médecins Sans Frontières lors de la Conférence mondiale sur le VIH/sida, organisée à Vancouver. 

Une grave menace pour la lutte contre le VIH

« Les partenaires commerciaux souhaitent établir des règles limitant l’accès aux médicaments abordables alors que suite à la politique du Fonds mondial de lutte contre le VIH/sida, la tuberculose et la malaria, de nombreux pays ont moins d’argent à consacrer à l’achat de médicaments », explique  Leela Menghaney, directrice de la campagne d’accès de MSF en Inde. « Or, les objectifs internationaux de lutte contre le VIH demandent précisément de mettre davantage de patients sous traitement. Si cette évolution se confirme, c’est une véritable catastrophe qui attend les pays à revenu intermédiaire. En outre, la lutte mondiale contre le VIH et d’autres initiatives d’amélioration des soins s’en trouveront gravement menacées.»  

Les pays à revenu intermédiaire

Le terme « pays à revenu intermédiaire » désigne artificiellement une catégorie de pays, sans tenir compte de leur situation en matière de soins de santé. En effet, plus de la moitié des projets de Médecins Sans Frontières sont mis en œuvre dans ces pays, qui incluent entre autres l’Inde, le Kenya, le Lesotho, le Myanmar et le Swaziland. Des pays qui abritent encore 70 % des habitants les plus pauvres de la planète et, à l’heure actuelle, déjà 60 % des personnes séropositives.   

Des prix inabordables

Plusieurs développements mettent en péril l’accès à des médicaments antiviraux abordables dans les pays à revenu intermédiaire. Médecins Sans Frontières constate ainsi que les stratégies de l’industrie pharmaceutique empêchent ces pays d’acquérir des antiviraux à un prix abordable.

Renforcement des brevets  

Des négociations en vue de la conclusion du Partenariat transpacifique (PTP) se déroulent cette semaine. Cet accord inclut entre autres des dispositions qui prévoient le renforcement des brevets et des monopoles. Les autorités pourront ainsi plus difficilement contester les brevets à long terme sur les médicaments, ce qui limitera le développement de variantes génériques et meilleur marché.        

Un modèle de financement qui néglige les besoins  

Le Fonds mondial a par ailleurs mis en place un modèle de financement basé sur des catégories de revenus et non sur les besoins médicaux. Des pays à revenu intermédiaire comme l’Ukraine et le Vietnam voient ainsi leur aide financière réduite, ce qui limite leurs possibilités de prêter assistance à certains groupes de patients.   

L’Inde sous pression

Enfin, les autorités américaines et européennes, entre autres, font pression sur l’Inde pour qu’elle adapte sa législation progressiste en matière de brevets. L’Inde est en effet surnommée la « pharmacie des pays pauvres », car elle développe à grande échelle des médicaments génériques et abordables.

Des médicaments abordables sont d’une importance capitale

« Les antirétroviraux abordables ont joué un rôle essentiel en permettant de mettre sous traitement 15 millions de personnes séropositives, » explique le Dr Peter Saranchuck, conseiller TB/VIH pour Médecins Sans Frontières. « Mais plus de 15 autres millions ne sont toujours pas sous traitement, alors que les pays à revenu intermédiaire ont toujours de plus en plus de mal à se procurer des antirétroviraux à un prix abordable. »