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RÉPARER DES VIES BRISÉES : MSF SOIGNE DES MANIFESTANTS BLESSÉS À BAGDAD

Lorsque la réponse aux manifestations de Badgad est devenue violente, les tuk-tuks - habituellement utilisés comme taxis - ont commencé à transporter les manifestants blessés vers les hôpitaux, et sont devenus les « ambulances de la nation ».  © Nabil Salih
Lorsque la réponse aux manifestations de Badgad est devenue violente, les tuk-tuks - habituellement utilisés comme taxis - ont commencé à transporter les manifestants blessés vers les hôpitaux, et sont devenus les « ambulances de la nation ».  © Nabil Salih

Le 1er octobre dernier, des protestations de masse contre le gouvernement irakien ont éclaté à Bagdad, en raison de la détérioration des conditions de vie, de la hausse du taux de chômage et du manque de services de base. Les autorités y ont alors répondu violemment en tirant à balles réelles, en diffusant gaz lacrymogènes et des grenades paralysantes. Par conséquent, les hôpitaux de Bagdad ont reçu énormément de manifestants blessés.

Dès le début des protestations, MSF a suivi de près la situation dans la capitale et a contacté plusieurs centres de santé pour identifier leurs besoins, leur apporter un soutien et faire des dons de matériel médical d'urgence.

DES BLESSURES DE GUERRE, EN TEMPS DE PAIX

Notre Centre de réhabilitation médicale de Bagdad (BMRC) a dès lors été agrandi pour pouvoir prendre en charge jusqu'à 30 patients nécessitant de la kinésithérapie, des soins postopératoires, ou encore un soutien en santé mentale pour traiter les traumatismes qui accompagnent souvent les violences subies.

En effet, de nombreux patients blessés lors des manifestations, présentent des blessures aussi graves que celles des victimes de la guerre de 2017 visant à reconquérir les villes irakiennes qui étaient aux mains de l'Etat islamique. C’est donc une équipe multidisciplinaire composée de médecins spécialisés, d'infirmiers, de kinésithérapeutes, de psychologues et de personnel paramédical, qui soigne quotidiennement les personnes blessées lors des manifestations.

Yasser, frappé par une grenade lacrymogène, a dû se faire opérer à deux reprises

Le matin du 27 octobre dernier, la femme de Yasser lui annonce qu’elle est enceinte. Deux heures plus tard, il est frappé par une bombe lacrymogène et transporté d'urgence en tuk-tuk vers un hôpital voisin. Référé dans un autre hôpital, il y subit deux interventions chirurgicales avant d'être transféré au BMRC pour commencer sa rééducation.

« Je suis diplômé de l'Institut des Beaux-Arts, mais après avoir été blessé, j'ai perdu l’envie de dessiner. Je pense tout le temps à ma famille et à mon travail, car je suis la seule source de revenu pour ma famille. Mais à cause de ma blessure, je n'ai pas travaillé depuis trois semaines », explique Yasser.

En attendant leur rétablissement, les pensionnaires du BMRC tissent des liens, partagent leurs espoirs, leurs inquiétudes et leurs émotions, et rêvent d'un prompt rétablissement pour reprendre leur vie en main. Dans ce même but, les psychologues et conseillers du BRMC identifient les sources de dépression et d’anxiété chez les patients, et les aident à s’adapter à leur nouvelle réalité.

LES TUK-TUK : AMBULANCES DE LA NATION

Les tuk-tuks bagdadis, désormais appelés « ambulances de la nation », sont devenus un véritable symbole des récentes protestations.
Les tuk-tuks bagdadis, désormais appelés « ambulances de la nation », sont devenus un véritable symbole des récentes protestations. © Nabil Salih

Lors des manifestations à Bagdad, les tuk-tuk ont eu pour rôle d’évacuer les personnes blessées, pour qu’elles soient amenées vers des établissements de soins. Ali Salim, conducteur de tuk-tuk, a lui-même été blessé à la jambe par une grenade paralysante alors qu’il transportait un blessé, et a donc dû subir une intervention. À la suite de celle-ci, deux semaines lui auraient été nécessaires pour se rétablir. Mais, voyant l’afflux de patients blessés, il a fallu deux jours à Ali avant qu’il décide de quitter l’hôpital contre avis médical et de reprendre son tuk-tuk. Cependant, Ali s’apprêtait à subir de nouvelles blessures. Il nous le raconte.

Un conducteur de tuk-tuk prêt à tout

« Deux jours après mon opération, je pensais que je pourrais rassembler mes forces, me lever et conduire mon tuk-tuk pour sauver davantage de gens » dit-il. Il fut alors rapidement de retour à la place Tahrir pour transporter les blessés.

Le 7 novembre, un médecin demande à Ali de l'emmener au pont d'al-Shuhada, où des tirs à balles réelles avaient été signalés. Sur place, Ali et le médecin trouvent trois blessés. Le soignant demande aux forces de sécurité la permission de venir en aide aux blessés, en levant les mains au-dessus de sa tête. Elles refusent.

« Il m'a regardé, a souri et m'a dit : fils, attends ici », poursuit Ali, décrivant les derniers mots prononcés par le médecin, atteint d’une balle dans la poitrine dès ses premiers pas de course en direction des blessés. Choqué par ce qu'il venait de voir, Ali se précipite pour l’évacuer ainsi que les autres blessés. Mais, alors qu'il s’apprête à aller se mettre à l'abri, ses yeux sont tombés sur un autre blessé. Alors qu'il s’approche de lui, un membre des forces de sécurité crie à Ali de reculer, avant de lui loger une balle dans la cuisse à bout portant. Ali a alors été emmené à l'hôpital, pour y être réopéré.

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