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Réfugiés et migrants en Libye

Condamnés à se noyer en mer ou à être enfermés?

 

Plus d’une centaine de personnes seraient mortes dans un naufrage au large des côtes libyennes la semaine dernière, d’après les déclarations de rescapés aux équipes de Médecins Sans Frontières (MSF) qui travaillent en Libye. Le dimanche 2 septembre, après être débarqués à terre par les garde-côtes libyens, les rescapés du naufrage ont été amené dans un centre de détention sous le contrôle des autorités libyennes à Khoms, une ville située sur la côte à 120 kilomètres à l’est de Tripoli. MSF est intervenue pour fournir une assistance médicale d’urgence après leur débarquement. 

Intertitre : récit des rescapés du naufrage

Selon les informations reçues par MSF, deux canots pneumatiques auraient quitté la Libye à l’aube le samedi 1er septembre, chacun transportant un peu plus de 160 personnes de différentes nationalités : soudanaise, malienne, nigériane, camerounaise, ghanéenne, libyenne, algérienne et égyptienne. Certains de ces rescapés témoignent.

Intertitre : retour en Libye

Les sytèmes de détention sont le processus habituel pour les personnes dont les embarcations sont interceptées en mer Méditerranée et qui sont ramenées sur la côte libyenne. La grande majorité des personnes qui s’y trouvent en ce moment sont d’ailleurs celles qui ont été interceptées en mer. De telles pratiques ont aggravé la surpopulation dans les centres et les conditions déjà épouvantables dans lesquelles les détenus y sont entassés.  La détérioration observée au cours des derniers mois a des conséquences sur l’état de santé physique et psychologique de ces personnes détenues dans des conditions d’hygiène déplorable et avec un accès limité à l’eau et à des soins de santé.

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C'est le nombre de réfugiés et migrants interceptés en mer et ramenés en Libye entre le 1er janvier et le 30 août 2018, par les garde-côtes libyens soutenus par l’Union Européenne.

Intertitre : des soins médicaux vitaux

Dans le cadre de ses activités dans les centres de détention de cette région, MSF a suivi ces réfugiés et migrants en consultation une fois qu’ils étaient détenus. Il y avait parmi eux des femmes enceintes, des enfants et des bébés, des grands brûlés (brûlures chimiques causées par le contact avec les fuites de carburant du moteur) et des personnes avec de graves problèmes de santé.

« Notre équipe médicale a travaillé plusieurs heures d’affilée pour soigner les rescapés dont l’état médical était le plus critique », explique Jai Defranciscis, infirmière MSF basée à Misrata, au nord-ouest de la Libye. « On a pu s’occuper de 18 urgences médicales, dont 9 personnes avec de graves brûlures chimiques (jusqu’à 75% du corps). On a organisé le transfert vers l’hôpital d’une personne dans un état particulièrement critique : sans un accès rapide à des soins intensifs en milieu hospitalier, cette personne serait probablement morte. »

Intertitre : souffran, traumatisés et sans autre alternative que la détention arbitraire

« Nous sommes extrêmement inquiets pour nos patients : comment peuvent-ils guérir en étant enfermés dans des cellules, dans des conditions d’hygiène très précaires et en dormant sur des couvertures ou des matelas posés à même le sol ? Dormir ainsi cause une douleur inimaginable pour les grands brûlés. Certains ne peuvent ni s’asseoir ni marcher » poursuit Jai Defranciscis. « Nos équipes commencent à voir des patients développer de graves infections respiratoires, des pneumonies par exemple, après les heures passées à se débattre dans l’eau. » L’accès limité des détenus à de l’eau potable et à une alimentation adéquate peut ralentir ou empêcher leur guérison et aggraver au contraire leur état de santé.

De nombreux rescapés font le deuil de proches perdus lors du naufrage. Ils viennent de vivre un épisode particulièrement traumatisant en mer, qui vient s’ajouter à tous les dangers affrontés lors de leur parcours en Libye. Au lieu de recevoir l’assistance dont ils ont besoin, ces réfugiés et migrants sont arrêtés et détenus dans des conditions de vie déplorables, sans aucun garde-fou, sans recours ni alternatives légales.

Intertitre : parmi ces détenus, des demandeurs s'asile reconnus

MSF a rencontré, parmi les détenus des centres, des demandeurs d’asile et des réfugiés qui ont été enregistrés ou reconnus par le HCR en Libye ou dans un autre pays. Leurs perspectives sont particulièrement sombres : le mécanisme géré par le HCR pour les évacuer depuis la Libye vers le Niger et les réinstaller dans un pays tiers, lancé dans la foulée de l’indignation globale générée par les images de vente aux enchères de migrants l’année dernière, est à l’arrêt depuis des mois. Les demandeurs d’asile et réfugiés en Libye font ainsi désormais face à une détention arbitraire prolongée et sont exposés au risque du trafic humain, les réseaux criminels étant bien souvent la seule option disponible pour les personnes qui continuent leur parcours en quête de sécurité.

Intertitre : la violence à tripoli met d'autant plus leur vie en danger

De violents combats ont éclaté à Tripoli le 26 août, aggravant ainsi la situation déjà extrêmement précaire des quelques 8000 réfugiés, demandeurs d’asile et migrants coincés et détenus dans les centres de détention de la ville. Ces conflits ont joué un rôle déterminant dans la fuite d’une partie des personnes qui étaient à bord de ces canots ayant pris la mer le 1er septembre.

MSF réaffirme que la Libye ne peut être considérée comme un pays sûr et réitère son appel pour mettre fin à la détention arbitraire des réfugiés et migrants dans ce pays et pour tout mettre en œuvre pour évacuer ces personnes en danger. MSF appelle plus particulièrement :

  • le HCR et les gouvernements des pays dits « sûrs » qui le peuvent à organiser l’évacuation des réfugiés et demandeurs d’asile et faciliter leur réinstallation;
  • l’OIM  et les pays d’origine à accélérer les procédures de retours volontaires
  • enfin, l’Union européenne et les autorités libyennes doivent cesser  d’intercepter en mer Méditerranée les réfugiés et migrants qui tentent de fuir la Libye pour les y ramener, dans le but de réduire les arrivées en Europe à tout prix.

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