Médias sociaux

Open the menu

« J’ai rencontré une famille qui fuit les bombardements pour la septième fois »

Depuis que l’armée syrienne et ses alliés russes ont lancé leur offensive dans la province d'Idlib, plus de 875.000 personnes ont fui leur domicile. Les bombardements et les tirs d’artillerie n'épargnent rien ni personne : les maisons, les camps de personnes déplacées et même les écoles sont tous touchés. La ville de Takad, située à l’ouest d’Alep, a été épargnée par les combats jusqu’au début du mois de février. Le médecin Moustafa Ajaj, qui dirige à Takad un centre de santé soutenu par MSF, nous donne son témoignage avant et pendant le début des bombardements dans la ville.

Overal in de provincie Idlib vormen zich files van volgeladen camions of auto's met mensen op de vlucht voor de bombardementen
Depuis des semaines, la province d'Idlib est embouteillée par des camionnettes ou des voitures chargées de personnes fuyant les bombardements. © MSF, février 2020.

Les villes auparavant sûres, sont maintenant bombardées

Les rues de Takad et les collines environnantes sont recouvertes de tentes, car il n’y a tout simplement pas assez d’espace pour accueillir toutes les personnes déplacées au sein des maisons. Certaines dorment donc dehors, en plein hiver. « Cette semaine, à cause des températures glaciales, on a vu la pire vague de déplacements. Les gens partent avec leurs vêtements sur le dos et c’est tout. Aujourd'hui, nous avons eu de la neige et il faisait -5° ce matin. Qui partirait sous la neige et sous la pluie à moins d'avoir tout perdu ? », confie Moustafa.

Début-février, les bombardements se sont rapprochés de Takad, une ville jusqu’alors considérée comme sûre : « chaque jour, nous constatons de nouvelles arrivées. Mais les gens commencent aussi à fuir Takad à cause des frappes aériennes ciblant les zones voisines. Hier, j’ai rencontré une famille qui a été déplacée à sept reprises. D'Alep à Idlib d'abord, puis d'un village à l'autre. Les membres de cette famille étaient terrorisés... Ils ont dit qu'ils étaient fatigués de fuir et qu'ils ne voulaient pas rester à Takad pour s’en aller à nouveau si le régime poursuivait son avancée ». Et cette famille l’avait bien prédit : peu de temps après, Takad a, elle aussi, été visée par les bombardements.

D’importants besoins de soins de santé physiques et psychologiques

À Takad, beaucoup de patients du centre de soins de santé primaire, soutenu par MSF, souffrent d'infections des voies respiratoires supérieures en raison des températures hivernales, tandis que d'autres viennent pour des infections gastro-intestinales. La plupart des patients qui cherchent de l'aide ont besoin d'un soutien psychologique.

Dans un contexte de détérioration de la sécurité, Moustafa Ajaj a dû garder ses enfants à la maison : « bien sûr, ils vont à l’école, mais cela fait quelques jours que les écoles ont fermé de peur d'être ciblées ». Des écoles ont été visées par des raids aériens à plusieurs reprises durant la guerre.

Quelques heures après ce dernier dire, la femme de Moustafa et ses enfants ont dû quitter Takad pour rejoindre la maison de ses parents, non loin de là. « Les bombardements ont commencé. Les seules personnes qui sont restées à Takad sont celles qui n'avaient pas de véhicule pour quitter la ville ou qui dépendent des transports en commun pour se déplacer ».

Moustafa conclut : « nous déménageons notre stock médical dans une ville voisine, mais je suis toujours à la recherche d'un endroit sûr où reprendre nos activités. Nous avons laissé des médicaments de base pour les habitants de Takad et des environs. C’est tellement difficile maintenant… ».