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Extrêmes violences dans les camps de détention en Libye : les réfugiés et migrants sont en danger

Depuis février dernier, nos équipes ont constaté une augmentation de la violence à l'encontre des migrants et des réfugiés détenus dans les centres en Libye. De nombreux patients témoignent de tortures et de passages à tabac brutaux et commis par les gardes des centres.

Cette augmentation de la violence coïncide avec une augmentation des interceptions de bateaux de réfugiés et migrants par les garde-côtes libyens : les centres de détention deviennent ainsi honteusement de plus en plus surpeuplés. Depuis le début de l'année, plus de 14 000 personnes ont été interceptées et renvoyées de force en Libye. C'est plus que le nombre total de l'année dernière.

NOS ÉQUIPES Portent assistance aux PERSONNES DANS LES CENTRES

Nos médecins et infirmières en Libye ont un accès régulier à ces centres. Entre autres choses, nous traitons les blessures des réfugiés et essayons d'amener les patients critiques à l'hôpital. Certaines personnes qui ont été torturées à l'extérieur des centres, se retrouvent en détention et n'y reçoivent pas de soins ; d'autres sont blessés au sein des centres à cause des coups infligés par les gardes. Rien que cette année, nous avons pris en charge 8920 patients et transféré 405 d'entre eux vers les hôpitaux de Tripoli.

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Notre équipe à Bani Walid amène un réfugié du centre de détention à l'hôpital. Il a une fracture ouverte et infectée du tibia. La grande majorité des patients soignés à Bani Walid parviennent à s'échapper des "prisons secrètes" de la région. Ils ont été enlevés, torturés et retenus en captivité par des réseaux criminels qui exigent ensuite une rançon pour leur libération. Ces personnes ont survécu à la torture, sont gravement affaiblies, avec des plaies infectées et des traumatismes multiples. © Christophe Biteau, 2018.

NOUS CESSONS NOs activités dans DEUX CENTRES DE DÉTENTION

Fin juin, nous avons décidé d'arrêter temporairement notre assistance médicale au  sein de deux centres de détention à Tripoli. Une décision très difficile à prendre. La violence contre les réfugiés et les migrants y est continue et de plus en plus extrême.

Une violence inhumaine et INACCEPTABLE

La récurrence des incidents violents et des blessures graves infligées dans les centres aux personnes qui y sont détenues - ainsi que l'insécurité pour notre personnel - ont atteint un niveau que nous ne pouvons plus accepter en tant qu'organisation humanitaire. Jusqu'à ce que la violence cesse et que les conditions s'améliorent, nous ne pouvons plus fournir nos soins médicaux dans ces centres.

Camp d'Abu Salim : des réfugiés abbatus par des gardiens

Le 13 juin, des balles ont été tirées sur des réfugiés dans le centre de détention d'Abu Salim. Il y a eu plusieurs victimes. Nos équipes ont voulu porter assistance immédiatement, mais pendant sept jours, l'accès au centre nous a été refusé.

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Ces hommes ont été détenus arbitrairement dans le centre de détention d'Abu Salim. Ici, ils sont gardés indéfiniment dans des cellules trop petites, souvent sans lumière du jour. Ils sont maltraités et ne savent pas quand ils seront libérés. De très nombreuses personnes témoignent que leurs familles sont extorquées pour payer une rançon en échange de leur libération. © Guillaume Binet, 2017.

Camp d'Al-MABANI : des coups arbitraires inacceptables

Lors d'une visite le 17 juin au centre de détention d'Al-Mabani - où l'on estime que 2000 personnes sont détenues dans des cellules surpeuplées - nos équipes ont été stupéfaites. Les personnes qui ont essayé de quitter leur cellule pour être vues par nos médecins ont été brutalement et arbitrairement battues par les gardes. Nous avons traité 19 patients souffrant de fractures, de coupures, d'abrasions et de blessures internes dues aux coups. Un mineur ne pouvait pas marcher après avoir subi de graves blessures à la cheville.

Il témoigne de l'horreur vécue dans les centres

À la mi-juin, nos équipes à bord de notre navire de recherche et de sauvetage, le Geo Barents, ont secouru un total de 410 personnes en mer. L'un d'entre eux était un jeune homme soudanais. Lui aussi a été piégé pendant des jours dans un centre de détention libyen et nous fait part de sa terrible histoire.

QUATRE PERSONNES DaNS UN MÈTRE CARRÉ

Parce que les garde-côtes libyens - qui sont financés par l'Union européenne ! - interceptent et ramènent toujours plus de personnes qui tentent de traverser la Mer Méditerranée, les centres de détention sont de plus en plus surpeuplés. La plupart des centres de détention n'ont ni ventilation ni lumière. Dans certains centres, quatre personnes vivent dans un mètre carré. Tandis que certains peuvent s'allonger et essayer de dormir, d'autres restent debout pendant des heures.

PAS ASSEZ D'EAU, PAS ASSEZ DE NOURRITURE

La nourriture et l'eau potable manquent dans les camps. Nos médecins ont constaté que certaines personnes prennent des médicaments pour calmer la faim. Certaines femmes sont incapables de produire du lait maternel. Une femme a confié à nos équipes qu'elle était si désespérée de nourrir son bébé de cinq jours qu'elle a essayé de lui donner sa propre ration d'aliments solides.

Cette violence doit cesser, les retours forcés en Libye aussi

  • L'extrême violence à l'encontre des réfugiés et des migrants détenus dans les centres de détention d’Al-Mabani et d'Abu Salim doit cesser. Les conditions de vie dans les centres doivent être améliorées de toute urgence.
  • Les personnes en mer ne devraient plus être renvoyées en Libye, où elles se retrouvent à nouveau dans un cycle de violence mettant leur vie en danger. Les interceptions par les garde-côtes libyens doivent cesser.
  • Les réfugiés, demandeurs d'asile et migrants exposés à des risques mortels doivent être évacués de toute urgence de Libye.